Les jeunes années d’Urbain, fils d’un armateur de La Ciotat et d’une mère mulâtre née esclave, sont ballottées entre Cayenne et Marseille. Dès l’été 1831, les élans républicains nés de la Révolution de Juillet modèlent ses premières actions politiques. L’année 1832 est celle de sa conversion au Saint-Simonisme et des émotions de la Retraite de Ménilmontant. Après l’interdiction de l’association et l’arrestation de ses chefs, ce sont les missions prolétaires à Lyon et dans le Midi puis, en 1833, le départ pour l’Orient. Un voyage exotique fertile en péripéties pittoresques et en sensations nouvelles, mais aussi riche de leçons politiques qui dépassent l’effritement du rêve religieux et l’échec des projets du canal de Suez et du barrage du Nil. À l’opposé des politiques de conquête et de colonisation de l’époque, c’est une période inédite de coopération volontaire en Orient. La conversion d’Urbain à l’Islam est un élément original dans la Famille saint-simonienne. Cette expérience aura une importance capitale dans sa nouvelle vie et une influence réelle, mais contrariée, dans la politique française.