Berceau d’une civilisation florissante, le Yémen s’est doté dès le début du ier millénaire av. J.-C. d’un système politique, religieux et social spécifique. Durant cette période de formation et de constitution des cités-États et royaumes sudarabiques, l’Arabie du Sud était marquée par la présence de multiples entités politiques composées de villes/tribus, dont les plus documentées sont de la région de Jawf – Nashshān, Kamna, Haram, Inbbaʾ, Qarnā. Elles partageaient, outre une langue commune, le minaic, une iconographie religieuse d’inspiration mésopotamienne unique en Arabie. Chacune d’elle avait son institution monarchique, son propre panthéon et son organisation sociale.
Les conquêtes militaires menées par le royaume de Sabaʾ au début du viie siècle av. J.-C. ont provoqué la disparition progressive des cités-États en Arabie du Sud par leur intégration dans des royaumes plus importants. Celles de la région Jawf ont été annexées par les royaumes de Sabaʾ et Maʿīn ; celles méridionales des hauts plateaux sont désormais dans l’orbite de Qatabān et du Ḥaḍramawt, au vie siècle av. J.-C.
De cette période de formation des cités-États et royaumes d’Arabie du Sud est née l’idée de cet ouvrage, véritable état des lieux des recherches sur l’histoire du Yémen antique entre le viiie et le vie siècles av. J.-C. Il propose une reconstitution historique basée sur une chronologie relative des événements et des règnes, à la lumière des dernières découvertes et sur de solides données principalement épigraphiques et archéologiques.
Mounir Arbach, directeur de recherche au CNRS, est épigraphiste et historien de l’Arabie du Sud avant l’Islam. Actuellement en poste au Centre français de recherche de la péninsule Arabique au Koweït, en mission à Mascate, Sultanat d’Oman, où il dirige depuis 2021 la Mission franco-omanaise de prospection épigraphique. Depuis une trentaine d’années, il a effectué de longs séjours et de très nombreuses missions de terrain au Yémen, en Arabie saoudite et actuellement en Oman. Auteur/coauteur et coéditeur d’une quinzaine d’ouvrages scientifiques, il a également publié plus d’une centaine d’articles parus dans des revues scientifiques internationales et de vulgarisation.