L’impossibilité d’épuiser un sujet d’histoire aussi imposant que le génocide des Arméniens devait-elle pour autant interdire d’aborder les thématiques essentielles sur lesquelles se sont penchés historiens, penseurs, artistes, juristes et autres qui s’intéressent forcément au fait qu’un peuple puisse se donner pour objectif d’en supprimer un autre ? Le titre seul de Petite encyclopédie du génocide arménien suffit à exprimer l’humilité mais aussi l’ambition qui auront présidé à la synthèse d’une abomination qui dépasse l’entendement. La conception d’une telle entreprise est née du constat que l’acharnement à effacer, par la dénégation, la disparition des Arméniens par un génocide risquait de provoquer une accélération de l’oubli sur un contentieux majeur de l’histoire du xxe siècle : une impunité doublée d’amnésie et de mensonge aura par la suite encouragé d’autres crimes de masse.
L’onde de choc déclenchée par le génocide des Arméniens aura ouvert en cent ans un large spectre d’études et de réflexions dans tous les domaines du savoir. Le temps était venu d’en faire le bilan pour dégager l’ampleur d’une catastrophe qui aura affecté autant les esprits que les institutions et les relations internationales. Mais pour transmettre les données et les leçons d’un phénomène aussi monstrueux encore fallait-il en rendre la complexité abordable. Cette petite encyclopédie se décline sous forme de fiches thématiques, dont la fiabilité s’appuie sur un recours constant à des spécialistes de la question génocidaire et principalement de la question arménienne. Il reste que l’objectif d’un projet aussi sensible ne saurait avoir plus secrète ambition que de contribuer à combattre les obscurantismes qui conduisent immanquablement l’humanité aux dérèglements extrêmes.
Né à Vienne, en France, de parents rescapés des exactions antiarméniennes de 1915-1916 en Turquie ottomane, Denis Donikian a étudié la littérature française et la philosophie à Lyon avant d’effectuer une année universitaire en Arménie et d’enseigner en Ukraine et au Viêt Nam. Engagé dès les années 60 au sein du Centre d'études arméniennes en vue d’une remémoration du génocide subi par les Arméniens, il devait, par la suite, militer en faveur d’un dialogue arméno-turc. Parmi ses ouvrages les plus connus, on peut noter Un Nôtre Pays, Vidures, Marcher en Arménie. D’autres livres (poésie, théâtre, essai, aphorisme) ont été publiés en édition bilingue en Arménie. Derniers ouvrages parus : Les Chevaux Paradjanov, Des cons et de la connerie, L’esprit du corps féminin.