Placée depuis un siècle et demi au centre de la vie politique mouvementée du Mont-Liban puis du Liban, Zghorta demeure pourtant parmi les endroits les plus enveloppés de mystère au Levant. Située depuis de longs siècles sur la ligne frontalière entre le « pays maronite » et l’environnement islamo-ottoman, cette forteresse avancée n’est en réalité que la ville d’hiver de son « double », Ehden, terre des origines, plantée à quelques mille cinq cent mètres d’altitude au dessus d’elle, dans la haute montagne libanaise du Nord, face au rivage méditerranéen.
Le mythe de Zghorta et le stéréotype du Zghortiote sont tellement ancrés dans la « conscience collective » libanaise, voire moyen-orientale, qu’ils nourrissent à l’égard de cette société des attitudes passionnelles et des réactions contradictoires qui ne manquent pas d’en affecter profondément la vision. La société de Zghorta présente à ce niveau le modèle le plus achevé des traditions guerrières, du type d’organisation socio-politique « clanique », des coutumes de justice privée, de l’esprit d’indépendance montagnarde et du sentiment de différence, voire de supériorité, fondé sur l’appartenance à une collectivité particulière.
Dans un ouvrage de référence, d’une grande rigueur, l’auteur analyse cette société perçue au milieu des mutations majeures de la Montagne libanaise, puis du Liban, entre les massacres de 1860 et la guerre de 1975. Une destinée liée à l’ambition libanaise ancestrale d’indépendance et de liberté, aux secousses de l’irruption dans la modernité, à travers la montée de l’Europe en Méditerranée, la Première Guerre mondiale, la chute de l’Empire ottoman, le Mandat français, la décolonisation et le devenir actuel de la région.
Un ouvrage capital et inédit, sur Zghorta et le Mont-Liban.
Antoine Douaihy est professeur d’université, docteur en anthro-pologie sociale et culturelle de l’Université René-Descartes Paris V, auteur de plusieurs ouvrages et articles notamment en langue française, sur l’histoire culturelle du Liban. Poète et romancier, attaché aux valeurs de liberté et de sauvegarde du patrimoine libanais, il dispose également d’une œuvre littéraire conséquente en langue arabe.