Auteur : HUSEIN (Ibn) Abu Hāmid Sakhr
L’œuvre est ambitieuse, elle se veut globale. Elle déconstruit la dogmatique islamique par un nécessaire retour aux Textes dans leur propre logique pour réinitialiser leur dynamique porteuse. Elle s’articule en trois parties.
Les Fondements, un retour donc aux sources scripturaires avec le souci de prendre les textes coranique et sunnique sans passer par le crible des écoles juridiques. C’est une responsabilisation de tout pratiquant, par sa mise face aux réalités de la révélation et de la vie. Suit un long commentaire de la célèbre et fondamentale tradition connue sous le nom de Hadīth Gibrīl, où l’archange Gabriel vient à la fin de la vie du Prophète récapituler vingt trois ans de révélation. Avec un éclairage sans précédent, l’auteur met à notre portée les données intemporelles de la dernière révélation. Ensuite, vient l’examen de « l’innovation », cette intervention non autorisée sur la Loi. L’auteur démontre que toutes les dérives en découlent et que la révélation s’en trouve modifiée et, par suite, non opérante. Il propose une « réforme » apte à sortir de l’influence persane, qui, selon lui, a porté tord à la dernière révélation. À ce propos un parallèle est mis en lumière entre les Byzantins et les Persans : les premiers avaient effectué une altération du message de Jésus pour en faire le « Christianisme », et les seconds n’ayant réussi qu’à moitié avec l’Islam, y ont provoqué une fracture qui donna le « chiisme ». Ce qui a causé la lente déliquescence de l’Islam populaire, social, qui est devenu une religiosité mêlant superstitions et Coran. Il faut retenir que pour l’auteur, l’Islam est la religion prônée par tous les prophètes.
La seconde partie traite du statut de la prière en Islam et dans les autres révélations pour en montrer l’aspect fondamental. L’ascension du Prophète n’avait autre but que la réception de la Prière qui s’est effectuée entre Allah et Muhammed sans intermédiaire. Nous découvrons aussi que l’essence et le but final de la prédication muhammedienne est la fondation d’une communauté d’orants. Ainsi, l’Hégire prend toute sa dimension, non seulement dans la fuite de Muhammed vers Médine, mais aussi dans la vie de tout un chacun qui, se voyant empêché d’adorer Allah, se trouve obligé de migrer vers un lieu où il peut s’adonner à la prière canonique. Cela conduit à un examen minutieux des ennemis de « l’homme de foi », ils sont décrits comme des tentateurs adeptes du diable, le tout mis en évidence par un long passage en revue de la société contemporaine. S’engage ensuite une longue disputatio contre un texte contenu dans une œuvre reconnue du 12ème siècle ; Kitāb el-Mughnī d’Ibn Qudāma el-Maqdisī. La polémique porte sur le statut de ceux qui se disent musulmans mais ne s’acquittent pas de la prière canonique. L’auteur finit par étayer un avis inédit en les déclarant selon la Loi Ahl Kitāb « Gens du Livre » c’est-à-dire ayant le même statut légal que les Juifs et les Chrétiens. C’est là un des points nodaux apportés par cette étude patiente et courageuse.
La troisième partie s’intéresse à l’aspect technique de la prière canonique, en exposant en détail la manière dont le Prophète l’a enseignée. Et l’œuvre se termine par un long chapitre sur l’aspect gnostique et métaphysique de la prière Salāt.