Cet essai vise à réparer le départ prématuré d’un grand archéologue, Jean Deshayes, disparu en 1979. Il joignait de manière rare une compétence relative à la Crète minoenne, qu’il avait acquise sur le terrain à Mallia, et celle qu’il a approfondie ensuite sur les sites de l’Iran, particulièrement à Tureng Tepe.
Le cadre de l’ouvrage ne se limite pas à ce que nous enseigne l’archéologie. C’est aussi dans l’esprit des peuples qu’il faut puiser, dans ce corpus extraordinairement foisonnant des mythes persans et des légendes crétoises, dans certains rites venus du fond des âges, et même dans certaines musiques traditionnelles.
Bien sûr, comparaison n’est pas raison. D’autres influences, d’autres sources d’inspiration ont contribué au miracle minoen : la Grèce continentale, les Cyclades, Chypre, l’Anatolie, le Proche-Orient, l’Égypte ont également porté leur lot de contribution culturelle sous différentes facettes. Mais souvent, quand on étudie ces dernières influences, on est frappé par leur caractère somme toute assez récent et limité, si l’on excepte peut-être le rôle des Cyclades.
Le cadre géographique de l’Iran ancien ne se limite pas ici aux frontières actuelles. Il inclut aussi les régions et pays dont la langue relève ou a relevé du groupe iranien, notamment le Kurdistan. Certains regards sur le monde indien seront aussi utiles vu la parenté étroite entre l’Iran ancien et l’Inde védique.
Enfin, on ne saurait se limiter strictement à l’Âge du Bronze : certaines légendes, certains mythes se transmettent, se transforment durant une longue période et leur origine est bien difficile à situer précisément à défaut d’écrit.
Plus que des réponses, ce sont des pistes, des jalons qu’il nous faut redécouvrir entre le monde iranien et l’Europe.
Hubert La Marle, chercheur en épigraphie et linguistique, s’est attaché à l’inventaire et à la lecture des signes syllabiques du linéaire A de Crète minoenne. Ayant publié ses travaux en quatre volumes, complétés par un abrégé et par une édition en anglais, il pose la question d’un lien direct entre la langue minoenne et les langues indo-iraniennes anciennes. Il renouvelle cette approche par une étude des parentés techniques et culturelles entre l’île de Minos et l’Iran ancien.