Il s'agit là de la première étude scientifique approfondie d'un mouvement et d'une production écrite en “langue libanaise” du “nationalisme linguistique au Liban autour de Sacîd 'Aql” et de “l'idée de langue libanaise”.
En effet, une part importante du présent ouvrage est consacrée à la “langue libanaise” du point de vue de l'idéologie du mouvement, mais aussi du point de vue de sa pratique. Cette étude est le fruit d'un long travail de dépouillement ; le corpus de la revue Lebnaan en alphabet latin compte plus de 1000 pages. Le matériau de la recherche comporte par ailleurs des entretiens d'un grand intérêt effectués au Liban avec Sacîd 'Aql ou avec les principaux protagonistes du mouvement ainsi que des reproductions de leurs textes publiés. Cette œuvre qui se signale par la finesse de la réflexion et la qualité de sa mise en forme constituera sans nul doute une référence indispensable pour les chercheurs de diverses disciplines. Ses multiples aspects appellent une approche diversifiée relevant de la linguistique, et plus particulièrement de la sociolinguistique et de la dialectologie de l'a-rabe, mais aussi d'autres disciplines, au premier rang desquelles l'étude des idéologies.
La question que le lecteur ne manquera pas de se poser est celle de l'impact réel sur la société libanaise d'un mouvement comme celui de Sacîd 'Aql et de ses chances de réussite. Quoi qu'il en soit, A. Plonka apporte ici les premiers éléments de réponse à cette question à laquelle d'autres après lui, espérons le, essaieront de répondre en comparant le cas libanais à d'autres. «On peut gager, enfin, que son étude ne satisfera entièrement ni ceux qui, aveugles aux réalités complexes de l'arabe vivant, considéreront qu'il s'occupe de problèmes sans grand intérêt, ni les militants de “langue libanaise” qui trouveront sa présentation et son analyse par trop critiques. Ne sera-ce pas là un autre indice de cette qualité ?»
Arkadiusz Plonka, arabisant et politologue, boursier du gouvernement français, est titulaire d’un doctorat en linguistique arabe de la Sorbonne et de l’Université Jagellone de Cracovie.Il est chercheur à l’institut de Philologie OrientaleUJ à Cracovie.