En Inde du Sud, écrire ou dessiner sur le sol avec de la farine de riz ou des couleurs végétales et minérales s’appelle kōlam au Tamil-Nadu et kaḷam au Kérala. Ces deux régions déclinent la peinture éphémère selon deux modes distincts : une activité féminine quotidienne et domestique au pays tamoul et une activité occasionnelle, exécutée pour des rites précis et affaire de spécialistes masculins, au Kérala.
Ce livre se veut une contribution au patrimoine graphique de l’Inde où la retenue linéaire croise l’opulence du trait et des matériaux. Un paysage visuel des plus originaux qui illustre simultanément les préceptes des traités d’esthétique, les mythes fondateurs hindous, les croyances locales ou les codes du monde contemporain. Loin de n’être que des images vouées à la seule contemplation, les kōlam et les kaḷam sont les pivots des cérémonies autour desquelles s’articulent une ou plusieurs composantes que sont la prière, la musique, le chant, la danse, le mimodrame et la possession sans oublier la médecine.
Diplômée de l’École Pratique des Hautes Études - Sorbonne, Chantal Jumel consacre ses recherches aux arts traditionnels du Kérala et aux traditions picturales de l’Inde. Auteure et réalisatrice, elle donne des conférences-démonstrations et anime des ateliers.