S’il ne fallait étudier qu’une seule oeuvre d’Ibn el-‘Arabî, ce devrait être celle-ci. Méditée encore de nos jours par les Çûfîs qui y trouvent les bases essentielles à la restauration d’une spiritualité opérante de la fin des temps, elle manifeste de manière magistrale le redressement global nécessaire à toute démarche spirituelle, quelle qu’en soit la tradition. Éminemment centrale, elle voit le jour à Mekka en décembre 1203, son auteur a quarante ans, il est à la moitié de sa vie. Il avait quitté son Andalousie natale depuis trois ans et, entouré de disciples de tous horizons, il entame une phase qui évoque celle du Prophète lorsqu’il reçut la révélation au même âge, même endroit, et commença à s’entourer de fidèles de toutes conditions. Ibn el-‘Arabî savait qu’il était le Sceau de la Sainteté muhammadienne, tout comme Muhammed fut et sera à jamais le Sceau de la Prophétie. Élevé en Islâm au rang de Cheikh Akbar, Doctor Maximus, il remplit cette fonction embrassant dans sa double autorité exotérique et ésotérique toutes les disciplines et gnoses que cette religion recèle. Son kérygme fait écho à : Inçah ‘ibêdî ! Conseille Mes serviteurs, ordre divin reçu à Almería, Fès, Mekka, Damas… Mû par cette injonction réitérée et sans appel, il écrit cette oeuvre majeure : Rûh el- Qudus fî Munâçahet en-Nefs, épître qu’il enseignera sa vie durant.
Cette édition comporte le texte arabe établi et commenté sur la base de cinq manuscrits, une traduction française inédite et annotée, précédée d’un préliminaire intitulé De l’Ami à l’Âme, destiné à ancrer cette oeuvre ici et maintenant.
Après des études en chimie, Sakhr Benhassine se tourne vers les études religieuses. Chercheur depuis plus de trente ans, il étudie la religion sous ses diverses formes, en particulier l’Islâm auprès d’éminents maîtres au Maghreb et au Machreq. Partisan d’une refonte de l’entendement du religieux et de l’esprit philosophique, il est l’auteur d’un grand ouvrage de fond intitulé Fahm aç-Çalât, mais aussi de nombreux essais, traductions et articles.