Auteur : Collectif, DEL FIOL Maxime, MITATRE Claire Cécile
Maxime Del Fiol et Claire Cécile Mitatre (dir),
Ni les mondes arabes et musulmans ni les mondes occidentaux ne constituent des totalités intemporelles et immuables, des blocs monolithiques et irréductibles. Ces deux espaces historiques aux délimitations fluctuantes entretiennent en outre, depuis des siècles, d’innombrables relations, si bien que leur histoire se présente comme une série continue d’échanges multiples et réciproques au sein d’un continuum-monde de plus en plus globalisé.
Dans cette trame commune, l’expédition d’Égypte et la rencontre des mondes arabes et musulmans avec la "modernité" européenne au début du XIXe siècle ouvrirent une nouvelle séquence. Les influences européennes dans les domaines économiques, politiques, techniques, culturels et scientifiques s’imposèrent progressivement et furent très souvent discutées. Cet ouvrage pluridisciplinaire, réunissant des chercheurs maghrébins et européens et croisant études littéraires, sciences humaines et sciences sociales, porte sur les différentes manières dont les acteurs des mondes musulmans d’Afrique du nord ont perçu, expliqué, construit, voire "créé" l’"Occident" depuis ce moment décisif. Les contributions des différents auteurs permettent de comprendre à quel point ces discours et perceptions ne sont pas univoques, les "occidentalismes" des mondes arabes et musulmans variant selon les contextes historiques, géographiques et sociopolitiques, mais aussi selon le genre des acteurs, leurs conceptions idéologiques, leurs parcours de vie individuels et l’importance de leurs interactions avec les mondes occidentaux.
En décrivant la diversité des modes de perception et d’explication des mondes occidentaux depuis les mondes arabes et musulmans, au travers de l’analyse de textes et de données produites par des enquêtes de terrain au long cours, cet ouvrage collectif est aussi une critique de la sombre vision huntingtonienne du "Choc des civilisations".
Les coordinateurs :
Maxime Del Fiol, ancien élève de l’École Normale Supérieure de Fontenay Saint-Cloud, agrégé de lettres modernes et docteur ès lettres, est maître de conférences en littératures française, francophone et comparée à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, où il est responsable du master d’Études culturelles. Il est également membre du laboratoire RIRRA 21 (EA 4209), dont il dirige le programme « La mondialisation des littératures ». Ses travaux portent sur la poésie française contemporaine, les littératures francophones postcoloniales, la mondialisation des littératures et l’Islam arabe. Il a notamment dirigé plusieurs volumes collectifs et il a publié deux ouvrages personnels : Salah Stétié. Figures et infigurable (Paris, Alain Baudry et Compagnie, 2009) et Lorand Gaspar. Approches de l’immanence (Paris, Hermann, 2013).
Claire Cécile Mitatre, anthropologue, est maître de conférences à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 ainsi qu’à l’École Polytechnique Paris-Saclay et membre du CERCE (EA 4584-E1). Elle mène depuis 2003 des recherches sur les Sahraouis de l’Ouest Saharien, fondées sur un travail de terrain au long cours. Ses travaux mettent à jour des réseaux de correspondances entre des faits sociaux de tailles très différentes, partant de micro-relations (relations de parenté, allaitement, corps, production d’images), jusqu’à des faits de grande envergure (relations inter-tribales, traites esclavagistes, nationalisme, politique internationale, patrimonialisation culturelle). Elle a notamment publié l’ouvrage El Melhfa. Drapés féminins de l’ouest saharien (Malika éditions, Casablanca, 2011 /2014 pour la traduction en anglais et arabe).
Sommaire :
Auteur : Collectif, BONATO Lucie, DONDIN-PAYRE Monique
Entre décembre 1861 et janvier 1863, Edmond Duthoit, jeune architecte amiénois de 24 ans, recommandé par Viollet-le-Duc, participa à une mission d’exploration en Orient sous l’autorité de Melchior de Vogüé. Il fit escale à La Valette, Alexandrie, parcourut le Liban, Chypre, la Palestine, la Syrie du Nord, visita Athènes, Messine et Palerme. En 1865, il repartit pour l’Empire ottoman chargé de mission par Napoléon III : Constantinople, Chypre à nouveau, Assos en Troade, sont ses étapes principales. Quelques années plus tard, en 1872, il fut envoyé, toujours sur recommandation de Viollet-le-Duc, en Algérie, à Tlemcen notamment, pour dessiner les monuments arabes. Jusqu’à sa mort en 1889, chaque année, il retourna en Afrique du Nord pour assurer l’enregistrement, la restauration, la préservation des monuments.
La correspondance qu’il adressa à sa famille, sa mère puis sa femme, pendant ces périples est presque intégralement conservée, de même qu’un nombre considérable de dessins qui illustrent étroitement les descriptions de paysages, les aventures des déplacements en bateau, en train, à pied, en diligence, à cheval, les récits des fêtes, la peinture des vêtements, des gestes quotidiens, tout ce qu’il voit, ce qu’il ressent, ce qui l’enthousiasme.
Ces lettres dépourvues de tout artifice, pleines de vivacité et souvent d’humour, débordantes de vie et d’énergie, constituent un témoignage d’autant plus exceptionnel que leur sont associés les dessins qu’Edmond Duthoit lui-même réalisa sur le terrain. Plus que des relevés techniques, ce sont des scènes de rues, des croquis d’animaux, ses compagnons de voyages et de travail, les peuples aux modes d’existence immuables, les monuments délaissés et les villes enfouies.