Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la contestation de la domination européenne dans le monde arabo-musulman s’intensifie. Au même moment, les missions catholiques font le constat de leur impuissance à obtenir des conversions parmi les musulmans. Dans ce contexte, les discours des responsables religieux, clercs catholiques et oulémas sunnites, tentent de prendre en compte la nouvelle donne sans pour autant rompre avec le passé.
Ce travail présente des acteurs dont l’autorité n’est pas contestée au sein de leur confession : al-Azhar, le mouvement réformiste autour du Manær, pour l’islam sunnite, congrégations religieuses (dominicains, jésuites et pères blancs) et autorités romaines, pour le catholicisme. L’ouvrage s’intéresse plus particulièrement au regard porté sur l’islam par les milieux missionnaires à travers leurs publications et leurs archives privées, mais entend aussi analyser l’approche sunnite du christianisme à partir de la revue al-Manaar, du périodique de l’Université al-Azhar et d’un cours magistral dispensé par un professeur de cet établissement.
Ces regards croisés éclairent la tentative inédite de dialogue qu’invente en 1941 une association cairote qui regroupe l’élite musulmane et chrétienne, les Frères de la pureté. Ces années, décisives pour la recomposition des relations inter-religieuses, mettent déjà en évidence les problèmes posés par un dialogue fondé essentiellement sur la comparaison des doctrines.
Oissila SAAÏDIA, agrégée et docteur en histoire, est actuellement maître de conférences à Strasbourg et membre du lahra (umr 5190, cnrs). Arabisante et contemporéanéiste, elle s’intéresse notamment aux enjeux religieux dans les pays musulmans de la Méditerranée au XXème siècle.