À l’orée du XIXe siècle, à Paris, la Bibliothèque nationale est riche d’une importante collection de manuscrits indiens qui suscite la curiosité croissante des savants. Dès 1815, le Collège de France accueille la première chaire de sanskrit fondée en Europe. Son titulaire, Antoine-Léonard (de) Chézy, l’occupera pendant dix-sept ans, jusqu’à sa mort en 1832. Dans sa leçon inaugurale, il évoque avec emphase son rôle de pionnier des études sanskrites : Plus porté par goût à ce genre d’études, ou doué peut-être de plus de patience, j’entrepris de soulever le voile qui déroboit à nos regards ce sanctuaire mystérieux…
Ce volume revient sur cette époque charnière des études indiennes en Europe, pour mettre en lumière les différents facteurs qui permirent ce soudain élargissement du périmètre intellectuel et institutionnel des études orientales, jusqu’alors centrées sur les langues utiles à la connaissance de la Bible, à la diplomatie et au commerce dans le Levant. Tout héroïque qu’elle ait été, l’œuvre de Chézy bénéficie des jalons posés aux siècles précédents par divers missionnaires et savants. Elle se situe à un carrefour qui met en jeu des circulations permanentes entre différents espaces, indien, français, mais aussi plus largement européen.