Auteur : GONTY Grégory
études ibadites
Cette collection réunit des études thématiques sur l’ibadisme, courant de l’islam présent à travers des communautés vivant à Oman, Zanzibar, Djebel Nafoussa (Libye), l’île de Djerba et le Mzab (Algérie). Elle s’attache à mettre en lumière la diversité des approches scientifiques, académiques et patrimoniales traitant de ces communautés à travers des perspectives historiques, théologiques et culturelles. La collection comprendra à la fois des inédits et des rééditions scientifiques de textes.
Courant de pensée de l’islam, l’ibadisme est souvent méconnu, ou fait encore l’objet d’ignorance et de jugements a priori. Assimilé à tort au kharijisme, il est le plus souvent mis en marge de l’orthodoxie musulmane. Pour cause, le devenir de la communauté musulmane après la mort du Prophète s’est traduit par les questions tournant autour de sa succession spirituelle et politique. Les dissensions politiques entre musulmans ont trouvé leur apogée lors de la bataille de Ṣiffīn, en l’an 37 de l’Hégire. Elle a opposé ‘Alī, quatrième calife de l’islam et gendre du Prophète à Mu‘āwiya, fondateur de l’ère dynastique omeyyade. Le destin de la umma islamique a irrémédiablement été orienté à partir de l’arbitrage (taḥkīm) entre ces deux protagonistes. Une partie des rangs de ‘Alī, appelée muḥakkima refusant cet arbitrage quitte les rangs. Les ibadites revendiquent l’héritage spirituel et politique de ce groupe.
Mais qu’en est-il au juste ? le kharijisme, courant du groupe (firqa) ayant également quitté les rangs du gendre du Prophète, aurait-il un lien de parenté avec l’ibadisme ? L’ibadisme est-il un courant de l’islam possédant ses propres spécificités, singularités ? Les ibadites ont-ils un patrimoine spirituel, intellectuel et scientifique propre ? Quelle est leur participation et apport à l’histoire de la civilisation islamique ? Quels sont les points communs et divergences avec les autres courants de la pensée islamique, sunnite, imamite, ou autres ? Cet ouvrage se veut être une introduction à l’étude de l’ibadisme, et un éclaircissement quant aux questions et aux incompréhensions dont fait l’objet ce courant de l’islam.
Grégory Gonty est étudiant en sciences islamiques, et membre effectif de l’AIB (Académie Islamique de Bruxelles). Ses recherches sont principalement axées sur la philosophie, l’histoire et les sciences islamiques.
Auteur : AINI
Né à Gilân, sur les bords iraniens de la mer Caspienne, mort et enterré à Bagdad en 1166 à 89 ans, Abd al-Kâdir al-Gîlânî fut un juriste respecté et scrupuleux doublé d’un talentueux orateur. Il occupe encore de nos jours une place axiale dans l’histoire de l’Islam, et du soufisme en particulier. Ce guide spirituel réputé, s'est illustré par son intransigeance et ses réfutations acerbes de toutes les déviations, et en particulier celles des soufis. La voie qui le caractérise est triple : respect de la personne humaine et de soi en premier, respect du Coran, respect de la tradition prophétique dûment authentifiée. Premier maître de confrérie soufie connu dans l’histoire, il montrait à ses disciples le chemin vers la réalisation individuelle et les connaissances métaphysiques. Cette voie part de la foi en Dieu, en Son prophète, en la communauté de tous les fidèles enracinés dans la loi telle que le Prophète l’enseignait. Mais cela ne devait pas empêcher l’adepte d’être conscient et concerné par les réalités et les contraintes quotidiennes et pratiques. C’est ainsi qu’il fit sortir le Soufi du repli sur soi vers une ouverture à ses semblables pour les servir.
Mehemmed-Ali Aïnî, 1868-1943, est un académicien emblématique de l’époque qui vit la fin de l’Empire ottoman et la naissance de la République turque. Il promut sa vie durant ce courant spiritualiste qui tend à déconfessionnaliser les esprits, sans les faire renoncer aux préceptes propres à telle ou telle religion. Ancré fermement dans son terreau culturel, le Fidèle doit aller dans sa pratique cultuelle vers la transcendance à la rencontre de ses frères en Dieu. Plus encore, Islam, Judaïsme et Christianisme rejoignent des cultes non-monothéistes dans ce qu’ils ont en partage sur un plan supérieur. Dans sa monumentale Histoire du Soufisme (Tasavvuf Tarihi), M.-A. Aïnî fait remonter le soufisme, terme qui vient de Sophia « Sagesse », à Adam d’Éden, Brahma d’Inde, Hermès d’Égypte, aux Grecs antiques ; la Tradition est un continuum temporel et spatial. Les éditions Geuthner publièrent naguère deux ouvrages de cet auteur traduits du turc : La quintessence de la philosophie d’Ibn ‘Arabî en 1926 puis Ismaîl Hakkî, philosophe mystique en 1933, Elles ressortent à nouveau le présent ouvrage écrit par l’auteur en français, en 1938.