L’Inquisition, ce tribunal ecclésiastique spécial introduit par Innocent III en 1199 pour lutter contre les hérésies, fut généralisée en 1233, par la volonté du pape Grégoire IX, afin de lutter contre les Albigeois que la croisade n’avait pas éliminés et la procédure en fut confiée aux frères Prêcheurs, c’est-à-dire aux Dominicains.
Inquisition : le mot a gardé un caractère sulfureux lié au zèle excessif des inquisiteurs. Le comportement de ces frères Prêcheurs pose question quand on sait que le fondateur de leur ordre, Dominique de Guzmán, s’était donné pour but de ramener au sein de l’Église catholique ces chrétiens égarés, non par la force, mais par une prédication et un mode de vie basés sur l’amour et la pauvreté, à l’exemple de ces Bons Hommes qu’il voulait convertir.
Cet ouvrage veut répondre à ce questionnement en s’intéressant d’abord à la création de l’Ordre des frères Prêcheurs, puis en étudiant le développement de l’Inquisition en Languedoc, en lien avec les évènements politiques, depuis sa création jusqu’à la disparition des derniers cathares. Il s’intéresse également à la vie clandestine des Bons Hommes au cours de cette période, en mettant l’accent sur l’évêché cathare d’Albi et sur la répression exercée dans l’Albigeois à la fin du XIIIe siècle.
Les hasards de l’histoire nous ont laissé des documents concernant les dépositions devant le tribunal, d’un Fils majeur de l’Église cathare d’Albi, Sicard de Figueiras, ainsi qu’un poème relatant son interrogatoire. Ces documents permettent à Denis Crépin de présenter plus concrètement la vie d’un Parfait et de s’intéresser à la doctrine cathare.
Denis Crépin, docteur vétérinaire et licencié en théologie, s’intéresse depuis de longues années au catharisme et a publié récemment un ouvrage sur son origine (Aux sources du catharisme, Genèse et développement d’un mouvement hétérodoxe, Paris, Geuthner 2014), dans lequel il démontrait le fondement endogène de ce mouvement hétérodoxe et que ce qui fut considéré comme une hérésie était à la racine une dissidence pour un christianisme épuré, et non un néo-manichéisme.