Auteur : VILLEY Émilie
Avec la collaboration de Simon Brelaud
Le syriaque est une langue sémitique dérivée de l’araméen d’Édesse. Il est progressivement devenu la langue de l’érudition et de la liturgie des chrétiens araméophones des Proche et Moyen-Orient. Concurrencé par l’arabe à partir du ixe s., le syriaque est cependant resté une langue de production scientifique et littéraire durant tout le Moyen-âge. De nos jours, la liturgie et la poésie syriaques sont encore employées du Liban jusqu’en Inde, ainsi que dans les diasporas des chrétiens syriaques.
Bien que l’étude du syriaque classique ait connu ces dernières années un regain d’intérêt en France, il manquait un outil pédagogique adapté au public universitaire francophone. Le présent manuel est le fruit d’un enseignement universitaire dispensé entre 2015 et 2022 et d’une concertation avec des chercheurs et enseignant-chercheurs français spécialistes du syriaque classique (notamment G. Bohas et M. Farina) pour valoriser une approche grammaticale et phonétique renouvelée de cette langue. Adressée aux débutants et faux débutants, la méthode vise à initier à la lecture et à la graphie des trois grandes écritures syriaques classiques. De nombreux exercices, douze leçons de grammaire accompagnées d’enregistrements audio et, en fin de manuel, deux longs extraits de textes (l’un en serto relevant de la tradition syriaque occidentale, l’autre en syriaque oriental) permettent d’acquérir un bagage grammatical et lexical suffisant pour commencer à lire de manière autonome un texte syriaque.
Émilie Villey, chargée de recherche au CNRS (UMR 8167 Orient & Méditerranée), est une historienne de l’astronomie, spécialiste des textes syriaques. Elle enseigne le syriaque à l’École des Langues Anciennes de Sorbonne Université (ÉLASU).
Simon Brelaud est docteur, spécialiste des chrétiens de l’empire sassanide (iiie-viie siècles). Il a enseigné l’histoire des chrétiens du Proche-Orient et le syriaque à l’Université de Californie, Berkeley et participe actuellement à plusieurs projets archéologiques et épigraphiques en Irak, Jordanie et Turquie.
Auteur : Collectif, VILLEY Émilie
Ce volume est consacré aux textes « scientifiques » conservés en langue syriaque. Il entend révéler aux historiens des sciences l’existence d’un matériel tout à fait original et souvent plus ancien que celui conservé en grec ou en arabe. Il entend aussi reconstruire un pan de l’histoire culturelle des chrétiens en Orient en se fondant non pas sur des spéculations, mais sur l’étude des sources primaires. Cette histoire commence au vie siècle de notre ère, en contexte miaphysite, avec les fragments de la traduction d’un traité de Galien attribuée à Sergius de Reš‘ayna (m. 536) et une Somme astronomique syriaque anonyme qui s’est transmise dans le monastère de Qennešre en Syrie du Nord. C’est à Qennešre que les œuvres astronomiques et géographiques des savants alexandrins Claude Ptolémée et Théon d’Alexandrie sont transmises en grec et réutilisées dans des ouvrages originaux écrits en syriaque au viie siècle. L’étude des sources syriaques anciennes révèle également que ces savants de langue syriaque entretenaient aux vie et viie siècles des contacts scientifiques étroits avec des érudits établis à Alexandrie, à Constantinople et sur l’île de Chypre et qu’ils s’intéressaient à la médecine, à l’astronomie, à la géographie, mais aussi à la botanique, à l’alchimie et à l’agronomie. Puis au ixe siècle, à Bagdad, dans un tout autre milieu religieux et linguistique, d’éminents savants de langue syriaque tels Thābit Ibn Qurra et Ḥunayn ibn Isḥaq contribuèrent au mouvement de la « renaissance abbasside », qu’ils nourrirent de la multitude de leurs traductions mais aussi de leurs écrits propres médicaux, mathématiques ou astronomiques. Leurs traductions se firent du grec vers le syriaque et vers l’arabe ainsi que directement du syriaque vers l’arabe. Le dernier auteur dont on conserve l’œuvre scientifique en syriaque est le métropolite Grégoire Barhebraeus (xiiie s.) qui fréquenta le fameux observatoire astronomique de Maragha (Iran actuel) du temps du célèbre astronome Nasīr al-Dīn al-Tūsī.
Chaque article présente, par discipline, le matériel conservé et donne la bibliographie scientifique la plus à jour sur les textes grecs conservés en syriaque comme sur les textes scientifiques originellement écrits en syriaque. Le manque d’édition des textes scientifiques syriaques, mais aussi parfois grecs et arabes, restant un frein à notre approche des textes, ce livre se veut aussi une invitation aux étudiants et aux chercheurs philoponoi à prendre part au travail de mise à disposition des sources.