Auteur :
Cette série est destinée à regrouper des études thématiques faisant le
point sur différents aspects de l’histoire ou de la culture syriaques,
celles des communautés chrétiennes dont la langue de culture est le
syriaque (maronites, syriaques catholiques et orthodoxes, assyro-
chaldéens, communautés du Proche-Orient et de l’Inde...).
Les sources syriaques qui nous sont parvenues émanent dans leur grande majorité des élites ecclésiastiques et savantes. Il était donc naturel que les études syriaques se focalisent d’abord sur les doctrines et les pratiques normatives promues par ces auteurs. Au sein de ce champ d’étude, une autre veine historiographique s’est concentrée sur la magie et les sciences occultes. L’adjectif « populaire », entendu dans ces deux acceptions de « répandu » et de « relatif au peuple », est appliqué ici à la notion de religion afin de proposer un autre angle de vision : à travers des textes mais aussi des fresques, des graffitis et des objets magiques, les auteurs mettent en lumière la religion d’un monde mal connu, celui des chrétiens ordinaires de tradition syriaque. Des acteurs tels que les femmes et les paysans, souvent illettrés et donc exclus de la culture ecclésiastique savante et, de ce fait, en grande partie négligés par les chercheurs contemporains, parviennent pourtant à prendre corps au fil des chapitres de ce volume. Les différents contributeurs démontrent qu’« illettré » ne signifiait pas « ignorant » et que « populaire » ne rimait pas nécessairement avec « subversif ». Un autre rapport à l’écrit, à la piété et aux pouvoirs surnaturels émerge plutôt de l’examen des sources, souvent inédites ou sous-exploitées. Enfin, des rituels parfois en marge de la liturgie des Églises institutionnelles sont étudiés ici comme certains rites funéraires, des pratiques magiques et différents aspects du culte des saints.
La multiplicité des approches et des sources convoquées offrira aux syriacisants mais aussi aux historiens et aux folkloristes spécialistes d’autres domaines une première exploration de la religion chrétienne telle qu’elle était vécue au Proche-Orient, de l’Antiquité tardive à la période ottomane. La bibliographie chrono-thématique qui clôt le volume leur permettra de s’orienter dans ces champs encore nouveaux pour les études syriaques.
Auteur : GONTY Grégory
études ibadites
Cette collection réunit des études thématiques sur l’ibadisme, courant de l’islam présent à travers des communautés vivant à Oman, Zanzibar, Djebel Nafoussa (Libye), l’île de Djerba et le Mzab (Algérie). Elle s’attache à mettre en lumière la diversité des approches scientifiques, académiques et patrimoniales traitant de ces communautés à travers des perspectives historiques, théologiques et culturelles. La collection comprendra à la fois des inédits et des rééditions scientifiques de textes.
Courant de pensée de l’islam, l’ibadisme est souvent méconnu, ou fait encore l’objet d’ignorance et de jugements a priori. Assimilé à tort au kharijisme, il est le plus souvent mis en marge de l’orthodoxie musulmane. Pour cause, le devenir de la communauté musulmane après la mort du Prophète s’est traduit par les questions tournant autour de sa succession spirituelle et politique. Les dissensions politiques entre musulmans ont trouvé leur apogée lors de la bataille de Ṣiffīn, en l’an 37 de l’Hégire. Elle a opposé ‘Alī, quatrième calife de l’islam et gendre du Prophète à Mu‘āwiya, fondateur de l’ère dynastique omeyyade. Le destin de la umma islamique a irrémédiablement été orienté à partir de l’arbitrage (taḥkīm) entre ces deux protagonistes. Une partie des rangs de ‘Alī, appelée muḥakkima refusant cet arbitrage quitte les rangs. Les ibadites revendiquent l’héritage spirituel et politique de ce groupe.
Mais qu’en est-il au juste ? le kharijisme, courant du groupe (firqa) ayant également quitté les rangs du gendre du Prophète, aurait-il un lien de parenté avec l’ibadisme ? L’ibadisme est-il un courant de l’islam possédant ses propres spécificités, singularités ? Les ibadites ont-ils un patrimoine spirituel, intellectuel et scientifique propre ? Quelle est leur participation et apport à l’histoire de la civilisation islamique ? Quels sont les points communs et divergences avec les autres courants de la pensée islamique, sunnite, imamite, ou autres ? Cet ouvrage se veut être une introduction à l’étude de l’ibadisme, et un éclaircissement quant aux questions et aux incompréhensions dont fait l’objet ce courant de l’islam.
Grégory Gonty est étudiant en sciences islamiques, et membre effectif de l’AIB (Académie Islamique de Bruxelles). Ses recherches sont principalement axées sur la philosophie, l’histoire et les sciences islamiques.
Auteur : BORD Lucien-Jean, GROSS Antoine-Frédéric
La grande abbaye ligérienne de Marmoutier, fondée par saint Martin sans doute dès 372, connut son apogée au Moyen Âge puis un déclin à la fin de cette période et lors de la Renaissance, avant un renouveau dû à sa reprise par la Congrégation de Saint-Maur.
Le coutumier médiéval de cette abbaye était connu par un unique manuscrit daté du xiiie siècle, malheureusement détruit par un incendie lors des combats de 1940. Cependant une copie, bien qu’incomplète, en avait été réalisée aux tournant des xviie-xviiie siècles par le grand érudit Mauriste Dom Martène. Ce document, conservé à la Bibliothèque nationale de France (Latin 12879, f° 86r° – 118v°), n’avait jamais fait l’objet d’une publication, malgré son très grand intérêt tant pour l’histoire de Marmoutier que pour la liturgie bénédictine médiévale.
Le présent volume propose une édition critique avec traduction du manuscrit de Dom Martène, accompagné d’une large étude introductive et de plusieurs index thématiques.
Lucien-Jean Bord et Antoine-Frédéric Gross, tous deux moines bénédictins de l’Abbaye de Ligugé et déjà auteurs de la publication du coutumier de l’abbaye vendéenne de Maillezais, ont effectué cette recherche dans le cadre du programme franco-allemand Cœnotur (ANR/DFG, Coenobia Turonenses : les communautés martiniennes de Tours, leurs pratiques et leurs réseaux de l’Antiquité tardive au xiiie siècle) placé sous la responsabilité des Universités de Tours et de Hambourg.
Auteur : MERAD Ali
Issu de notables berbères influents depuis le 9e siècle, ‘Abdelhamîd Ibn Bâdîs, 1891-1940, incarne la figure de proue du réformisme indépendantiste islamiste algérien au 20e siècle. Il mit toutes ses forces et son génie au service de la cause populaire, ainsi qu’il la comprenait, c’est-à-dire basée sur la patrie, l’arabité et l’islamité ; les trois piliers de la personnalité algérienne, selon lui. En 1931, il est élu à la tête de l'Association des Oulémas Musulmans Algériens. Son activité journalistique dans la revue Chihâb, fondée par lui en 1925, lui servait à propager ses idées politico-religieuses, mais le fonds de son « salafisme » prend toute sa dimension dans les commentaires coraniques réunis ici. « Certes essentiels, le ritualisme et le légalisme doivent aller de paire avec une recherche de solutions concrètes aux malaises. Et seule la Révélation islamique porte en elle les réponses aux difficultés auxquelles les Algériens font, et feront, face… Pour édifier une cité algérienne adaptée à son époque, il faut d’abord édifier les Algériens sur les bases du Coran ».
Ali Merad, spécialiste de l’islam contemporain, est mort à Lyon le 23 mai 2017 à l’âge de 87 ans. Né à Laghouat en Algérie, il participait, encore étudiant à l’université d’Alger, au dialogue islamo-chrétien avec les Pères Blancs. En 1956, il est reçu premier à l’agrégation d’arabe. Professeur en 1962 à l’université de Lyon, puis directeur de l’Institut des études arabes et islamiques, il soutient, en 1967 à la Sorbonne, sa thèse sur le Réformisme musulman en Algérie de 1925 à 1940. Soucieux de la représentation des musulmans français, il recommandait une politique éducative préventive contre l’intégrisme.
Auteur : AINI
Né à Gilân, sur les bords iraniens de la mer Caspienne, mort et enterré à Bagdad en 1166 à 89 ans, Abd al-Kâdir al-Gîlânî fut un juriste respecté et scrupuleux doublé d’un talentueux orateur. Il occupe encore de nos jours une place axiale dans l’histoire de l’Islam, et du soufisme en particulier. Ce guide spirituel réputé, s'est illustré par son intransigeance et ses réfutations acerbes de toutes les déviations, et en particulier celles des soufis. La voie qui le caractérise est triple : respect de la personne humaine et de soi en premier, respect du Coran, respect de la tradition prophétique dûment authentifiée. Premier maître de confrérie soufie connu dans l’histoire, il montrait à ses disciples le chemin vers la réalisation individuelle et les connaissances métaphysiques. Cette voie part de la foi en Dieu, en Son prophète, en la communauté de tous les fidèles enracinés dans la loi telle que le Prophète l’enseignait. Mais cela ne devait pas empêcher l’adepte d’être conscient et concerné par les réalités et les contraintes quotidiennes et pratiques. C’est ainsi qu’il fit sortir le Soufi du repli sur soi vers une ouverture à ses semblables pour les servir.
Mehemmed-Ali Aïnî, 1868-1943, est un académicien emblématique de l’époque qui vit la fin de l’Empire ottoman et la naissance de la République turque. Il promut sa vie durant ce courant spiritualiste qui tend à déconfessionnaliser les esprits, sans les faire renoncer aux préceptes propres à telle ou telle religion. Ancré fermement dans son terreau culturel, le Fidèle doit aller dans sa pratique cultuelle vers la transcendance à la rencontre de ses frères en Dieu. Plus encore, Islam, Judaïsme et Christianisme rejoignent des cultes non-monothéistes dans ce qu’ils ont en partage sur un plan supérieur. Dans sa monumentale Histoire du Soufisme (Tasavvuf Tarihi), M.-A. Aïnî fait remonter le soufisme, terme qui vient de Sophia « Sagesse », à Adam d’Éden, Brahma d’Inde, Hermès d’Égypte, aux Grecs antiques ; la Tradition est un continuum temporel et spatial. Les éditions Geuthner publièrent naguère deux ouvrages de cet auteur traduits du turc : La quintessence de la philosophie d’Ibn ‘Arabî en 1926 puis Ismaîl Hakkî, philosophe mystique en 1933, Elles ressortent à nouveau le présent ouvrage écrit par l’auteur en français, en 1938.
Auteur : SHAHRASTÂNÎ
Né à Shahristân dans le Tadjikistan, où il meurt en 1158 à l’âge de 90 ans, Shahrastânî illustre l’esprit libre dans ce qu’il a de plus fort, de plus pur. Philosophe, rompu aux textes classiques grecs, persans et arabes, doublé d’un historien des religions précurseur, il étudia le phénomène religieux de manière scientifique. Ce qui lui permit d’en dévoiler le pendant dogmatiste et, partant, hérésiologiste qui conduisent inévitablement au fanatisme, à l’intolérance, à la violence. Auteur de plusieurs ouvrages réfutant les systèmes préétablis, il critiqua d’abord la théologie islamique, dans un langage franchement philosophique mais fondé dans la Révélation qui, pour lui, est une source de savoir supra-humain qui renseigne la Raison. Son commentaire du Coran suffit à démontrer qu’il ne se soumettait à aucune école de pensée mais prenait ce qu’il lui paraissait bon et bien là où il le trouvait. Partant de considérations sur la compilation, -rédaction ?- du Coran, il en donne un copieux commentaire des deux premières sourates. Cependant, le présent ouvrage : Kitāb al-Milal wa al-Nihal, textuellement le Livre des Croyances et des Sectes, présenté et traduit ici par J.-C. Vadet suffit à montrer que, du moins pour Shahrastânî, aucune dogmatique ne saurait contenir une religion, et encore moins l’Islam.
Né au Caire en 1931, Jean-Claude Vadet a traduit de nombreuses œuvres arabes, dont Le traité d'amour mystique de Daylami, La défense philosophique de la Sunna de Amîri, il est aussi l’auteur d’ouvrage de référence comme l’excellent Les idées morales dans l'Islam, ou bien encore L'Esprit courtois en Orient. Jean-Claude Vadet décède en 2019 à Rambouillet.
Auteur : LAOUST Henri
Le hanbalisme diffère des autres écoles juridiques sunnites par le fait qu’il est aussi un courant théologique très influent. Son fondateur, Ahmed ibn-Hanbal (780-855), considérait le Coran et la tradition du Prophète comme les seules sources de toute spéculation théologique, juridique, morale ou politique. Décrit à tort comme conservateur, le hanbalisme peut se montrer libéral et même pragmatique afin de s’adapter aux conditions réelles de la vie en société. Son intransigeance est propre au culte et à la foi.
Henri Laoust, 1905-1983, est l'auteur de travaux fondamentaux sur l’histoire des courants de pensée en Islam, il nous a laissé nombre d’études et de traductions, d’ibn Taymiyya, de Rachîd Rida, entre autres. Très documentées, ses recherches offrent des synthèses raisonnées d’une rare qualité. Une bibliographie détaillée de l'auteur figure en fin de volume.
Auteur : LAOUST Henri
Abû Hâmid al-Ghazâlî, 1058-1111, est une figure connue dès le Moyen-âge en Occident sous le nom d’Algazel : elle est emblématique de l’Islam classique. Il influença, entre autres, Averroès, Maïmonide, Thomas d'Aquin, Dante, Descartes. Après une carrière brillante au sommet de l’intelligentsia abbasside, il fut confronté aux marasmes précurseurs de la chute de Bagdad. Il la quitte à l’âge de trente-huit ans pour ne jamais y revenir. Déçu dans sa recherche d’une vérité philosophique finale, il recourt au « doute créateur » qui lui ouvre la voie soufie, où la raison passe la main à l’intuition et à la foi, en une intelligence globale qui gère, à la perfection, les cas particuliers, sans exception, dans une harmonie universelle. Ayant réussi à concilier Révélation et Expérience factuelle, il vécut ce qu’il lui restait d’une vie simple et pleine puis il mourut, à l’âge de cinquante trois ans, en paix et en toute conscience.
Henri Laoust, 1905-1983, est l'auteur de travaux fondamentaux sur l’histoire des courants de pensée en Islam, il nous a laissé nombre d’études et de traductions, d’ibn Taymiyya, de Rachîd Rida, entre autres. Très documentées, ses recherches offrent des synthèses raisonnées d’une rare qualité. « La Politique de Ghazâlî » en est un parfait exemple. Bien que cette figure ait fait l’objet de nombreux travaux, la présente œuvre restera un modèle de précision et de clarté, concernant al-Ghazâlî. Elle offre aussi un tableau d’une remarquable netteté du califat abbasside et de l’orient musulman, à une époque charnière de l’histoire universelle.
Auteur : Collectif
études syriaques
Cette série est destinée à regrouper des études thématiques faisant le point sur différents aspects de l’histoire ou de la culture syriaques,
celles des communautés chrétiennes dont la langue de culture est le syriaque (maronites, syriaques catholiques et orthodoxes, assyro-
chaldéens, communautés du Proche-Orient et de l’Inde...).
À la lumière de la montée des nationalismes et des tragédies qui ont dévasté les communautés chrétiennes d’Orient au début du xxe siècle, les quatre siècles de domination ottomane qui ont précédé sont encore souvent considérés comme un âge sombre, de décadence et de répression. Ce volume, consacré aux évolutions culturelles, insiste au contraire sur le dynamisme et l’inventivité des chrétiens de tradition syriaque durant cette période.
La juxtaposition d’articles dédiés aux maronites, aux syriaques orthodoxes et aux chrétiens de l’Église de l’Est montre la grande hétérogénéité des situations entre Églises et à l’intérieur de chacune d’elles, mais fait aussi apparaître des évolutions communes. L’époque est avant tout marquée par l’influence toujours plus forte du christianisme moderne, catholique d’abord, puis également protestant. Celle-ci aboutit à des ruptures institutionnelles, avec la formation de dénominations catholiques et protestantes en compétition avec les hiérarchies traditionnelles. Mais surtout, elle amène des changements culturels profonds, avec entre autres l’introduction de l’imprimerie et la croissance de la production de manuscrits.
Dans un contexte de compétition et d’émulation, le retour à la tradition, la recherche des sources, l’appel à l’histoire, ont offert à chaque communauté confessionnelle les instruments pour justifier ses positions institutionnelles et dogmatiques respectives et ainsi renforcer la conscience de soi-même. Ces instruments étaient fournis par la nouvelle érudition européenne, à laquelle des Orientaux apportèrent leur contribution. Une culture standardisée, prenant d’avantage appui sur l’écrit, traçant plus nettement les contours de chaque dénomination, s’est ainsi progressivement mise en place.
La langue syriaque a joué un rôle dans l’éveil de cette conscience. Les nombreux ouvrages linguistiques produits durant la période révèlent à la fois l’attachement à cette langue, et son ignorance, nécessitant un apprentissage. Partout, le syriaque partage le territoire de sa pratique avec l’arabe ou avec des langues vernaculaires. Parmi celles-ci, des dialectes araméens deviennent des langues écrites et littéraires. Au xixe siècle, les enquêtes de linguistes européens, ainsi que les ouvrages et périodiques imprimés par des missionnaires protestants et catholiques, contribuent à l’émergence de formes standardisées de l’araméen moderne, instruments d’une prise de conscience ethno-politique des chrétiens de tradition syriaque.
C’est dans le même contexte et avec l’appui de l’érudition européenne que des narrations historiques, qui constituent encore de nos jours la trame des récits historiques communautaires, furent élaborées à partir du xviie siècle. Elles furent complétées au cours du xixe siècle par les apports de l’archéologie, alors en pleine expansion. Elles contribuèrent à la naissance d’aspirations nationalistes qui toutefois se virent contrariées dans les nouveaux États issus du démantèlement de l’Empire ottoman après la première guerre mondiale.
Auteur : HAYOUN Maurice-Ruben
La pratique religieuse juive
Le temple ayant été détruit en l’an 70, la piété du sanctuaire fut désertée pour une mutation imposée par l’histoire. Elle
laissa une trace profonde dans le judaïsme exilique naissant. La Tora écrite et la Tora orale sont deux éléments
étroitement liés l’un à l’autre : une partie historique et narrative de laquelle procède une lecture théologique de
l’histoire, et une autre juridico-légale, tissée de commandements, de préceptes, de prescriptions, d’interdits et de
statuts. La foi ne lui suffit pas ; il lui faut aussi la Loi.
La pratique religieuse quotidienne qui recommande de prier trois fois par jour représente un fondement rituel inséparable
du judaïsme rabbinique. Elle impose des interdits matrimoniaux mais aussi alimentaires, sans oublier une scrupuleuse
observance des lois réglant la journée du sabbat…
Mais Israël a dû procéder à des révisions dans sa pratique religieuse quotidienne : plus de services des Lévites, plus
de sacrifices quotidiens, plus de possibilités d’obtenir comme auparavant la rémission des péchés. La persistance
dans un état d’impureté était une situation intolérable aux yeux de l’ancienne théologie.
Alors, comme toute réalité historique, ce judaïsme, privé de son temple et de la centralité du culte, est tombé dans le
creuset de l’évolution et à dû se refaçonner, conformément aux nécessités du temps présent.
Maurice-Ruben HAYOUN est professeur des universités, spécialiste de la philosophie médiévale juive et arabe
(Maïmonide, ses précurseurs et ses épigones, Averroès, al-Farabi, ibn Baja et ibn Tufayl) et du renouveau de la
philosophie juive en Allemagne de Moïse Mendelssohn (1729-1786) à Emmanuel Levinas (ob. 1995) en passant par
Martin Buber, Gershom Scholem, Franz Rosenzweig et Léo Baeck.
Ses principales publications sont : Les Lumières de Cordoue à Berlin, 2 volumes 1996, Agora. Léo Baeck, conscience du
judaïsme moderne, Armand Colin, 2013. Martin Buber, Agora, 2014. Franz Rosenzweig, Agora, 2015. Emmanuel Levinas, philosophe-herméneute,Agora, 2017.
Auteur : NEYESTANI Mohammadreza
Le waqf est l’une des institutions socioculturelles religieuses majeures du monde musulman, en vigueur dans les sociétés islamiques depuis les débuts de l’islam jusqu’à nos jours.
Résultat d’une recherche admirable à partir de sources de première main, l’auteur publie une analyse de la jurisprudence chiite imâmite duodécimaine relative à l’encadrement des fondations waqfs dans l’Iran safavide du xvie au xviiie siècle.
Il examine, tour à tour et de manière complémentaire, les waqfs royaux – créés par des hommes et des femmes – ainsi que ceux cités dans les hadiths de la tradition chiite duodécimaine (présentation, traduction et analyse) puis se concentre sur les positions des jurisconsultes les plus influents quant à la praxis et à la théorie du waqf puis termine sur les pratiques de waqf dans la société safavide. Cette approche tripartite s’appuie sur les fondements théoriques du waqf ainsi que ses pratiques en islam chiite duodécimain. Inédite et dans une double perspective historique et islamologique, cette étude constitue un premier jalon dans la compréhension de la spécificité du waqf chiite dans un cadre géo-historique précis mais qui façonne les bases d’une jurisprudence toujours d’actualité.
Mohammadreza Neyestani est chercheur en islamologie et docteur de l’université Aix-Marseille en histoire moderne du monde arabe et musulman avec pour spécialité l’Iran du xvie au xviiie siècle. Enseignant au département d’histoire de l’Université d’Ispahan. Il s'intéresse, dans une perspective interdisciplinaire, à l’histoire et à la jurisprudence chiites de la science islamique. Il est responsable de la base de données en Humanités Numériques du Groupe de Recherche International, au CNRS, « Fondation waqf en terre d'islam ». Il a participé à plusieurs séminaires et conférences internationales et a codirigé de 2014 à 2016 un séminaire sur ce sujet à l'EHESS (IISMM), Paris et a publié plusieurs articles.
Auteur : HAYOUN Maurice-Ruben
Moïse aurait reçu sur le Mont Sinaï, non pas une mais deux
Torah. C’est, du moins, la réponse faite à une haute personnalité
romaine qui pose à un disciple des Sages la question
suivante : Mais combien de Torah avez-vous donc ? Deux,
répondit le Sage sans la moindre hésitation. Par la suite,
cette réponse a été théorisée pour expliquer que ces deux
traditions, écrite et orale, sont comme des vases communiquant
et bénéficient de la même légitimité. L’existence et la
légitimité de cette même Torah orale ont été contestées au
sein du judaïsme lui-même. Déjà dans l’Antiquité, les Sadducéens
contestaient l’origine de certaines lois ou rites absents
de la Tora écrite… Plus tard, ce sera vers les VIII-IXe
siècles, le tour des karaïtes (d’où leur nom, tiré de Mikra :
le texte écrit et qu’on lit) de contester, voire de rejeter violemment
cette tradition orale. Enfin, dans l’Europe du Siècle
des Lumières, notamment en Allemagne, on assiste à
l’émergence du judaïsme libéral ou réformé qui tentera, à
son tour, de s’émanciper de certaines interprétations ou
exégèses, non conformes à la lettre de la Torah écrite. Mais
aujourd’hui, en Israël, une forme de consensus semble s’imposer
qui consacre un certain rapprochement, non dénué de
quelques arrière-pensées, entre les deux tendances du judaïsme
contemporain.
Maurice-Ruben HAYOUN est professeur des universités,
spécialiste de la philosophie médiévale juive et arabe
(Maïmonide, ses précurseurs et ses épigones, Averroès, al-
Farabi, ibn Baja et ibn Tufayl) et du renouveau de la
philosophie juive en Allemagne de Moïse Mendelssohn
(1729-1786) à Emmanuel Levinas (ob. 1995) en passant par
Martin Buber, Gershom Scholem, Franz Rosenzweig et
Léo Baeck.
Ses principales publications sont : Les Lumières de Cordoue
à Berlin, 2 volumes 1996, Agora. Léo Baeck, conscience du
judaïsme moderne, Armand Colin, 2013. Martin Buber,
Agora, 2014. Franz Rosenzweig, Agora, 2015. Emmanuel
Levinas, philosophe-herméneute,Agora, 2017.
Auteur : MEKKATTUKULAM Jiphy Francis
L’une des plus anciennes œuvres chrétiennes apocryphes, les Actes de l’apôtre Judas Thomas, est célèbre. Elle met en scène l’apostolat et le martyre de Thomas au pays des rois Goudnaphar et Mazdaï, alors identifié avec l’Inde. Sujet de nombreux débats historiques, elle est aussi considérée pour sa qualité littéraire et la beauté de ses hymnes et prières. Mais sa doctrine promeut la sainteté et l’ascèse en repoussant le mariage.
Comment comprendre ce christianisme syrien du début du IIIe siècle ?
L’ouvrage de Jiphy Francis Mekkattukulam renouvelle profondément la compréhension de son intérêt historique. Il montre que la structure même des Actes de Thomas, organisés en cinq récits, est le reflet de pratiques liturgiques liées au don du « sceau » que les personnages demandent à recevoir.
Il prouve que la structure liturgique est cohérente et remonte aux tout débuts de la liturgie de l’initiation chrétienne procédant en trois étapes unifiées : l’onction d’huile, le baptême dans l’eau et l’eucharistie. Les Actes de Thomas sont ainsi un véritable document historique sur les origines de l’initiation chrétienne. J. F. Mekkattukulam en offre la reconstitution du rituel, dans ses gestes et ses paroles.
Grâce à une comparaison rigoureuse entre la version grecque et la version syriaque, l’ouvrage analyse minutieusement les concepts véhiculés par la catéchèse de l’apôtre et par la liturgie : le ministre, le serviteur, l’apôtre, le sceau (rušmā en syriaque et sphragis en grec), le signe de la Croix, l’huile, la source, l’habitation divine, la puissance, la formule trinitaire, le corps et le sang, la bénédiction eucharistique, l’invocation, la formule de communion... Il propose une datation des différentes strates de rédaction de cet apocryphe et met en évidence son importance historique dans l’évolution de la théologie de l’Esprit-Saint.
Un ouvrage détaillé dans les analyses et rigoureux dans sa synthèse, d’un apport essentiel pour l’histoire de la liturgie et l’histoire du christianisme primitif dans ses pratiques et son développement théologique.
Le père Jiphy Francis Mekkattukulam, prêtre de l’archidiocèse syro-malabare de Trichur au Kérala (Inde) où il est né et où vit sa famille, a fait ses études supérieures à Paris et soutenu sa thèse conjointement à la Sorbonne et à l’Institut catholique. Il est aujourd’hui curé de la paroisse de Valakkavu et professeur au grand Séminaire Marymatha Trichur.
Auteur : Collectif, BORD Lucien-Jean, DEBIAIS Vincent, PALAZZO Eric
Issu d’un colloque tenu au printemps 2016 à Ligugé, dans le cadre de la plus ancienne abbaye d’Occident, ce volume réunit les contributions de chercheurs universitaires venus de divers pays et continents, invités à vivre et à travailler ensemble pendant trois journées sur un thème jusque-là peu abordé : celui du voilement et du dévoilement du divin dans l’art et dans liturgie entre Antiquité et Moyen Âge.
Dépassant largement la seule interrogation historique, la problématique proposée utilise de nombreuses approches qui, au fil des pages et des contributions, se révèlent complémentaires. Depuis le voile du Temple de Jérusalem – à la fois limite et lieu de révélation – jusqu’à l’utilisation du « rideau » par les artistes de l’époque classique, la matérialité du voile ne cesse de se rencontrer et de dialoguer avec sa symbolique ; que ce soit dans la littérature patristique, dans la liturgie, dans la vie et la mise des moniales, dans l’architecture et l’ornementation des édifices religieux ou encore dans le « dévoilement » cosmique d’une vision du divin.
Le voilement du « dieu » (ou du lieu de sa rencontre), attesté depuis la plus haute antiquité orientale, n’a cessé de se manifester tout au long de l’histoire des religions, particulièrement du monothéisme. Mais il ne va pas sans l’idée, l’espoir et même la réalisation d’un dévoilement qui veut révéler un invisible pourtant impossible à faire paraître matériellement. Sous ses diverses formes, cultuelles, littéraires, artistiques, ce « voilement/dévoilement complémentaire » traverse l’histoire humaine.
Auteur : RIZK Karam, ISSA Mireille
Aux côtés de Léon X, Grégoire XIII, Urbain VIII, Clément XII et Benoît XIV, souverains Pontifes romains, s’illustrent dans le Bullaire maronite les Patriarches maronites Georges de Sebeel, Estéphan Douwayhi, Siméon Awwad et Toubia Khazen. Quand la traduction du Bullarium Maronitarum fut entreprise, l’objectif était clair : mettre à la disposition des historiens et des chercheurs un outil de travail susceptible de les aider à surmonter divers problèmes, principalement ceux de la langue. 1213 et 1899 sont les dates des deux bulles qui bornent dans l’œuvre un intervalle de quelques siècles marquant profondément l’histoire des maronites, et des rubriques desquelles se dégage symboliquement une tonalité imprimée à l’ensemble : la communion ecclésiale, souci majeur du Saint-Siège.
En effet, la première bulle donnée en 1213 par Innocent III à Jérémie Amchiti, et invitant ce dernier au Concile de Latran projeté en 1215, entend récupérer la Terre Sainte, condamner les hérésies et procéder à la réforme de l’Église universelle. L’avant-dernière bulle adressée en 1899 en confirmation de l’élection du Patriarche maronite Élias Houwayek est suivie de la formule de profession de foi prescrite uniformément aux Orientaux et Latins. Néanmoins, si le corpus des deux cent treize bulles réunies par Toubia Anaissi (1870-1950), moine de l’Ordre Mariamite Maronite et abbé de l’Hospice-Collège Maronite de Rome, est imprégné par la prééminence d’une Église qui se veut unifiée, il charrie selon un rythme inégal, très timide entre le XIIIe et le XVe siècle et s’intensifiant dès le XVIe siècle pour constituer une solide correspondance, un événementiel lourdement chargé dont les maronites ont vécu les vicissitudes avec plus ou moins d’acuité dramatique : la période mamelouk, la mission franciscaine représentée par Grifon de Courtray, la Compagnie de Jésus par l’Italien Jérôme Dandini, l’ascension du Collège Maronite, tournant décisif dans la vie des maronites dont une élite réussit une brillante insertion dans la République des Lettres, notamment Joseph Simon Semaani, pionnier du Synode Libanais. Lui aussi le Synode bénéficie dans cette littérature épistolaire de l’attention qui lui est due, tout comme l’affaire de Hindiyyé, les élections patriarcales, les réformes dogmatiques et liturgiques, celle du monachisme, la christologie et la communication des décrets de Propaganda Fide.
Cet ouvrage est traduit et annoté par le Père Professeur Karam Rizk, Vicaire de l’Ordre Libanais Maronite et Recteur émérite de l’Université Saint-Esprit de Kaslik, et le Professeur Mireille Issa, Chef du Centre d’Études Latines de la même Université.
Auteur : TORTEL Christiane
À cause de sa beauté bien sûr, mais aussi parce qu’il déploie sa queue ocellée d’Est en Ouest, s’habille de neuf au printemps, annonce la pluie par ses cris et résiste au venin des serpents qu’il tue, le paon a été porté au plus haut de l’échelle des symboles dans les religions de l’Asie à la Méditerranée. Gardien des Portes de l’Au-delà en Chine archaïque, Monture du dieu de la guerre en Inde, Avatar du Bouddha Gautama dans les contes didactiques, Substitut du Dionysos Sauveur dans les cultes à Mystères après les conquêtes d’Alexandre, l’oiseau conserve intacte sa valeur d’éclaireur sur les Voies du Salut jusqu’en christianisme byzantin et post-byzantin dans les terres de culture gréco-romaine. Mais tout à coup en Occident médiéval, jugé trop fier de sa beauté, il tombe de toute sa hauteur et devient une incarnation du Diable. Le processus de diabolisation s’avère d’autant plus énigmatique dans ses causes que les clercs lui font endosser certains – et seulement certains – des vices qui n’appartiennent qu’à l’homme, dont des pratiques sexuelles qui le rendent encore plus monstrueux.
La question que pose cette incroyable campagne de destruction est donc une question de représentation, mais de représentation de qui ? L’identification par les Textes du personnage le plus exécré en cette période troublée par l’expansion de l’islam permettra-t-elle de neutraliser le réflexe de répulsion éprouvé envers le plus beau des oiseaux depuis des siècles, et cela même
à la seule vue de ses plumes ?
Christiane Tortel est un chercheur indépendant (Dr EPHE Sciences religieuses, diplômée de l’Institut des Langues Orientales et de l’Institut d’Art et d’Archéologie), auteur-traducteur de différents ouvrages sur le Soufisme, elle prend le risque de dépasser les limites de sa spécialité pour mettre en lumière les dérives sectaires des religions. Elle fonde son argumentaire non seulement sur l’analyse des Textes (grec, latin, arabe, persan, etc.), mais aussi – quand les Textes sont muets – sur l’iconographie. Elle offre ainsi au lecteur un dossier illustré d’une richesse prodigieuse à la hauteur de la diversité des couleurs de l’oiseau.
Auteur : MAAMARY Robert
Le début de la deuxième moitié du vingtième siècle a été un tournant dans l’histoire de l’Ordre Antonin Maronite. Après un temps de crise, vient celui du renouveau.
De nombreux changements ont eu lieu en l’espace d’un demi-siècle, suite à de grands événements : envoi des jeunes moines antonins à poursuivre leur formation et leurs études à Rome ; réunion du Concile Vatican II et ses effets sur la vie de l’Église, en général et sur la vie monastique antonine, en particulier ; drame de la guerre libanaise qui a ébranlé les fondements de la société et qui a, de même, touché la vie religieuse ; enfin, émergence de la modernité et ses répercussions sur la culture libanaise (mondialisation, matérialisme, individualisme, consumérisme…).
Toutes ces mutations ont eu leurs conséquences sur la vie et le témoignage des moines antonins maronites. On peut souligner, d’une part, un impact positif concrétisé par un renouveau missionnaire, éducatif, pastoral, liturgique et constitutionnel, suite aux recommandations du Concile Vatican II. Mais, d’autre part, une crise a émergé, suite à la guerre et à la grande vague de modernité : un nouveau style de vie monastique critiquable est apparu tant au niveau de la qualité de vie des moines, qu’à celui du vécu des vœux monastiques et de la qualité du témoignage.
Partant de cette situation, et de la présupposée mission des moines antonins qui consiste à témoigner du Christ dans la société, nous nous demandons : sommes-nous encore, dans le monde, un signe prophétique qui renvoie au Royaume de Dieu ?
Auteur : SANGARE Youssouf
La notion de khatm al-nubuwwa, en tant que fin de la prophétie, s’est imposée comme une doctrine théologique fondamentale en Islam. Dès la mort de Muḥammad en 632, elle fut au cœur de multiples controverses relatives à la prophétie, au Coran, à la sainteté, à l’excommunication et, plus globalement, à l’héritage du Prophète.
S’appuyant sur les sources islamiques, en particulier l’exégèse, le ḥadīth, mais aussi l’historiographie et la philologie, cette étude met en lumière les enjeux de ces controverses et soumet à l’analyse, à travers les textes peu fréquentés de neuf penseurs musulmans, l’évolution et les réinterprétations de cette doctrine depuis les premiers siècles de l’Islam et jusqu’à nos jours. Minutieuse, instructive et accessible, cette étude contribuera à ouvrir de nouvelles perspectives d’approches de l’Islam contemporain.
Youssouf T. Sangaré est islamologue et docteur en études arabes. Chargé de cours en Histoire de l’Islam et en langue arabe des médias de 2013 à 2015 à l’Université de Strasbourg, il fut aussi post-doctorant au programme ‘‘Islamologie’’ du Laboratoire d’Excellence Religions et Sociétés dans le Monde Méditerranéen à l’Université Paris IV, Sorbonne.