Frédéric Luisetto (1977-2000) étudiant à l’Université de Montpellier (celle-là même où étudia l’historien orientaliste René Grousset, de l’Académie française) de 1994 à 1999, s’était passionné, dès son enfance et au-delà, pour l’Empire des Mongols, peuple dont il admirait l’exceptionnelle vitalité et le génie stratégique. Lorsqu’il fut en Maîtrise d’Histoire, son professeur, Gérard Dédéyan dont les recherches concernent les chrétiens orientaux (et, plus particulièrement les Arméniens au Moyen Age), lui proposa de traiter leurs relations avec l’Empire mongol. Le jeune chercheur, pour rassembler l’ensemble de sa documentation, effectua un séjour en Arménie : il y étudia, à l’Université d’Etat d’Erevan, l’arménien et le russe. Sa recherche était ponctuée de rencontres et d’échanges, entre autres, avec Jean Richard, membre de l’Institut de France, éminent spécialiste de l’Orient chrétien et de l’Empire mongol. Il en résulta le travail présenté maintenant au public, sous le titre Arméniens et autres chrétiens orientaux sous la domination mongole - l’Ilkhanat de Ghâzân (1295-1303).
Cet ouvrage étudie, à partir d’un riche corpus de sources, le passage chez Ghâzân, premier souverain mongol de Perse converti à l’islam, de la persécution - contrastant avec la protection accordée jusque là aux chrétiens orientaux, nestoriens et Arméniens du royaume d’Arménie cilicienne - à la tolérance, en s’interrogeant sur les motivations réelles de l’Ilkhân : retour à la solidarité traditionnelle avec les chrétiens, ou opportunisme politique ?
La publication de cet ouvrage, en même temps qu’elle permet d’analyser les conséquences, pour les chrétiens orientaux, de la conversion de leur protecteur à l’islam, est un hommage à un jeune et talentueux chercheur, disparu accidentellement et qui aurait eu trente ans aujourd’hui. Son ouvrage inaugure la collection “Orient Chrétien Médiéval”.