Cet ouvrage est une remontée dans l’espace-temps au fil de mots tels que roumi et ses synonymes les plus connus, à savoir kafir et gaouri, mots par lesquels les citoyens de la rive Nord de la Méditerranée se voient désignés par ceux de la rive Sud.
D’un côté, les polémiques sur le « choc des civilisations » qui mettent l’Islam comme religion et civilisation au cœur de l’altérité. De l'autre, la volonté de dialogue des sociétés, des religions et des civilisations qui visent la guérison des blessures du passé et la reconnaissance réciproque. Il va de soi que, dans ce contexte, les mots ont une importance primordiale. Il ne suffit pas de bannir les termes qui disqualifient l’Autre. Il est indispensable de pousser plus loin encore l’attitude de sa reconnaissance et de son acceptance. Il faut aller jusqu’à accueillir sa bonne foi dans l’emploi des termes par lesquels il qualifie lui-même l’altérité, pourvu que ces derniers soient, au sens littéral, dénués d’acception péjorative ou blessante.
Majid El Houssi est professeur de linguistique française à l’Université Ca’Foscari, Venise, docteur honoris causa de l’Univerité de Sfax, membre du comité scientifique du Bulletin de la Selefa.