Figure incontournable de l’orientalisme européen des XIXe-XXe siècles, Ignác Goldziher (1850-1921) est, avec Christiaan Snouck Hurgronje, l’un des principaux fondateurs de l’islamologie moderne.
Une formation hors norme le fait passer des études talmudiques et secondaires en Hongrie aux études orientales (à Budapest, Berlin, Leipzig, Leyde, Vienne) puis à un long voyage en Orient (1873-74). Il est l’un des premiers Européens
à assister aux cours de l’Université coranique d’Al-Azhar. Ses recherches, consacrées à l’histoire des religions - en particulier de l’Islam -, étudient leur inscription dans une histoire culturelle plus large.
Venus d’horizons disciplinaires différents, les auteurs de ce volume étudient son œuvre en la replaçant dans divers contextes et en interrogeant la réception qu’elle connaît jusqu’à aujourd’hui. Goldziher est l’une des figures d’un orientalisme d’Europe centrale et orientale, récemment caractérisé comme « orientalisme de la frontière » (Andre Gingrich), et qui reste à découvrir ou à redécouvrir. Sa relation avec Carl Heinrich Becker ou sa « non-rencontre » avec Max Weber invitent à s’interroger sur les relations entre philologie, études orientales, histoire culturelle et sciences sociales naissantes. Son idéal d’universalité, son exigence de rigueur scientifique ainsi que son empathie avec le monde arabe et musulman lient sa conception et sa pratique des études orientales à une critique de l’européocentrisme.