A l’instar des deux autres religions monothéistes, issus de son tronc commun, le judaïsme n’a pas manqué dedévelopper des approaches dépassant, voire transcendant la lettre ou le sens obvie, sans jamais le banner définitivement, car cela aura vidé ce judaïsme, devenu rabbinique, de tout son contenu positif. Le judaïsme a donc donné naissance en son sein tant à un discours philosophique qu’à des théories mystiques, nommées ici, kabbalistiques. Pour ce qui est de la philosophie, la part du lion revient sans conteste à Maimonide (1138-1204) et à ses commentateurs averroïstes, marquant ainsi la proximité de la philosophie juive au kalam et au rationalisme averroïste. En ce qui concerne la mystique, on a eu droit à une mystique prékabbalistique, puis à la kabbale espagnole et enfin à la mystique de Safed, au XVIe siècle, ou du nom de son fondateur, Isaac Louria. Plus tard, au XIXe siècle un vaste renouveau de la pensée juive en Allemagne est à constater. Il a permis un passage aisé dans la modernité. Le judaïsme devint alors, selon l’heureuse formule de Hermann Cohen (ob. 1918) une religion-culture (Kulturreligion).
Maurice-Ruben Hayoun est professeur des universités, spécialiste de la philosophie médiévale juive et arabe (Maïmonide, ses précurseurs et ses épigones, Averroès, al-Farabi, ibn Baja et ibn Tufayl) et du renouveau de la philosophie juive en Allemagne de Moïse Mendelssohn (1729-1786) à Emmanuel Levinas (ob. 1995) en passant par Martin Buber, Gershom Scholem, Franz Rosenzweig et Léo Baeck.
Ses principales publications sont : Les Lumières de Cordoue à Berlin, 2 volumes 1996, Agora. Léo Baeck, conscience du judaïsme moderne, Armand Colin, 2013. Martin Buber, Agora, 2014. Franz Rosenzweig, Agora, 2015. Emmanuel Levinas, philosophe-herméneute, Agora, 2017.