Dans les régions centrales de la montagne libanaise, plus particulièrement dans le Kesrouan, nombre de monastères, généralement édifiés au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, aujourd’hui souvent abandonnés, ont abrité à la fois des moines et des moniales. Ces monastères doubles (ou mixtes) étaient familiaux pour la plupart : fondés par des particuliers, ils ont été par la suite longtemps gérés par des membres issus de la famille du fondateur.
Cet ouvrage porte sur ce trait caractéristique du monachisme maronite, sur l’histoire institutionnelle, socio-économique, culturelle et politique de ces monastères. Accompagnant le grand mouvement migratoire des maronites du nord vers le centre et le sud du Mont Liban, ces derniers se sont développés à l’heure où l’Église maronite connaissait un processus de réforme catholique tridentine, qui, justement, préconisait la suppression de leur caractère double. L’auteur s’intéresse plus particulièrement au parcours de l’un de ces monastères, celui de Mar Challita Mouqbès, dont l’histoire est emblématique de celle de la communauté et de l’Église maronites à cette époque.
Cet ouvrage de référence constitue un tour de force : à partir de plusieurs fonds d'archives, il apporte un éclairage nouveau à l’histoire de la communauté maronite, soulignant le rôle fondamental de ces monastères dans la longue genèse du Liban moderne.
Docteur en Histoire (Université de Provence, Aix-Marseille I), Sabine Mohasseb Saliba est chercheure associée au CNRS (Laboratoire d’Études sur les Monothéismes, UMR 8584) et chargée de conférences à l’École Pratique des Hautes Études. Ses recherches actuelles portent sur l’histoire des chrétiens d’Orient aux époques moderne et contemporaine.