Langage universel, la musique constitue l’un des attributs privilégiés de l’espèce humaine. L’histoire étudiée dans ce livre s’étend sur une longue durée puisque deux millénaires séparent Enḫeduanna, la princesse musicienne fille de Sargon d’Agadé et l’auteur du Livre de Daniel. C’est une très large séquence historique, mais dans un cadre géographique constant que l’on peut définir comme s’étendant du rivage méditerranéen à l’ouest aux monts du Zagros à l’est et de l’Anatolie au nord jusqu’au Golfe persique au sud. Les évolutions sociétales, religieuses et techniques advinrent sur le fond commun de la « civilisation des Sémites ».
La musique, aspect capital de cette civilisation, est un bon exemple de la manière dont évolue un art tout en restant dans une pérennité de transmission. On constate une persistance certaine des instruments dont les cordes – lyres et harpes – traversent l’espace et le temps, depuis Sumer au troisième millénaire jusqu’à Jérusalem au premier. Malgré une certaine uniformité de l’art musical dans les lieux et temps qui intéressent notre étude, on perçoit des particularités locales, des spécialisations, des lieux qui étendent leur influence par la formation que l’on y reçoit. Les musiciens répandaient leur savoir et leurs techniques, leur vocabulaire aussi.
Le chant, les instruments, mais aussi la danse comme expres-sion de joie en même temps qu’acte cultuel, nous permettent de mieux comprendre ces civilisations qui ont si profondément marqué la suite de l’Histoire.
Historien, diplômé de l’Institut d’Études Théologiques de Bruxelles, ainsi que des Universités de Strasbourg et de Poitiers, Lucien-Jean Bord est vice-président de la Société Mabillon et directeur de la collection Orients Sémitiques.