Auteur : GUIGNARD Michel
Cet ouvrage est le fruit de recherches menées dans les années soixante dans une société bédouine, encore essentiellement nomade, peu touchée par la modernisation. La musique savante des griots et la poésie étaient au cœur de la culture et jouaient aussi un rôle politique essentiel en exaltant l’honneur des chefs par la louange. Saisir la fonction de la musique c’est comprendre certains ressorts fondamentaux de cette société. Voir vivre ce troubadour qu’est le griot au milieu des siens, c’est donner un éclairage, au travers d’un exemple privilégié, sur les relations sociales entre les différentes strates de la société. La musique elle-même surprend par son caractère savant et son degré d’élaboration théorique. L’auteur qui a suivi l’enseignement de plusieurs griots renommés, a réussi à déchiffrer ses principales structures. Il s’agit d’une musique profondément originale, jalon précieux pour comprendre les interactions culturelles dans cette région, au carrefour des mondes arabe, berbère et soudanais.
La première édition de cet ouvrage est aujourd’hui une référence incontournable sur le sujet et un élément important dans le développement de l’ethnomusicologie, discipline relativement récente. Le texte initial a donc été conservé intégralement. Quarante ans après, une nouvelle société citadine est née, ouverte aux influences extérieures et les musiciens doivent répondre aux attentes d’un public nouveau. Ils s’y sont adaptés en créant une musique nouvelle, qui reste cependant typiquement maure. C’est l’objet du dernier chapitre de ce livre. Les enregistrements musicaux du disque compact joint au livre, ont été réalisés dans les années soixante auprès de musiciens aujourd’hui disparus. Ils sont commentés en français, anglais et arabe et constituent une illustration précieuse des propos de l’auteur.
Michel Guignard, aujourd’hui retraité, a suivi un parcours atypique. Polytechnicien, il est aussi diplômé en psychosociologie, discipline qu’il a pratiquée pendant plusieurs années dans les structures de formation de l’Armée de Terre, ainsi qu’au Burkina Faso dans le projet de Formation des Jeunes Agriculteurs. Mais c’est à la Mauritanie qu’il a consacré l’essentiel de ses recherches. Après un séjour de deux ans et demi comme officier dans le nord du pays (1962-1965), quatre mois de nomadisation individuelle (1965) et deux missions du CNRS avec Germaine TILLION (1966 et 1967), ont abouti à la première édition de cet ouvrage. Un séjour d’un an à Nouakchott (1972-1973) et de nombreuses missions plus courtes, lui ont permis d’approfondir sa connaissance du pays où il se rend tous les ans depuis 1999.