Le présent ouvrage est un condensé d’une autobiographie, augmentée d’informations ethnographiques et de nombreuses citations directes de Sherungu, barde du pays nyanga (région de l’est du Congo). Le résultat est unique en son genre, un alliage entre deux savoir-dire où ethnologue et barde se relaient pour raconter un peuple en pleine mutation
à l’époque coloniale. « En 1952, lors d’une visite chez les Nyanga, population vivant dans les vastes forêts équatoriales de Walikale, j’ai pu admirer le talent d’un certain Sherungu qui jouait de la cithare à deux cordes et qui chantait en langue hunde. Au cours de sa performance, j’ai découvert en lui un homme aux talents multiples : il était un interlocuteur tout à la fois critique et de confiance qui savait commenter la vie quotidienne, assister aux diverses enquêtes et participer aux danses et aux rites. » Vers la fin de 1955, Sherungu rejoint l’auteur au centre Lwiro de l’Institut pour la recherche scientifique en Afrique centrale, près de Bukavu, afin qu’il raconte sa vie. Il a dicté ses mémoires à ses deux assistants, Messieurs Kubuya et Tubi, deux jeunes nyanga formés à la transcription, linguistiquement correcte, de textes oraux. Le fruit de cette collaboration fut exceptionnel : l’autobiographie de Sherungu, comprenant ses connaissances techniques et littéraires, couvre plus de 2000 pages manuscrites.
Daniel P. Biebuyck est H. Rodney Sharp Emeritus Professor of Anthropology and the Humanities à l’université du Delaware (USA). Il a étudié la philologie classique, le droit et l’anthropologie aux universités de Gand et de Londres. Entre 1949 et 1961, il a effectué des enquêtes de terrain approfondies auprès de différentes populations : les Bembe, les Lega et les Nyanga – dans l’est de l’actuelle République Démocratique du Congo (RDC) – dans le cadre de l’IRSAC (Institut pour la recherche en Afrique centrale). Auteur de nombreuses études, articles et livres sur l’art plastique, la tradition orale, les structures sociales, politiques et identitaires, les traditions et régimes de propriété foncière en Afrique centrale, ses travaux de traduction sur l’autobiographie de Sherungu ont été subventionnés par le National Endowment for the Humanities (Washington, DC) et l’université du Delaware (USA).