Juste avant le lever du soleil, sur les chemins de terre d’un village tamoul ou sur les trottoirs d’une cité soigneusement balayés, des mains anonymes créent du bout des doigts des peintures éphémères appelées kôlam. Cette gestuelle renouvelée quotidiennement est l’œuvre des femmes de toutes communautés et croyances confondues. Elles puisent leur inspiration dans la mémoire ancestrale et dans l’observation du quotidien qu’elles réinterprètent dans une savante stylisation du geste pictural. Les images poudrées tiennent à la fois de la calligraphie, des diagrammes géométriques et de l’ouvrage finement brodé.
Le patrimoine de tradition orale est et demeure fragile, et je forme le vœu que ces pages contribuent à enrichir les savoir-faire, les techniques et les patrimoines graphiques de l’humanité.
Une invitation qui s’offre comme une expérience sensuelle, culturelle, esthétique et philosophique du Tamil-Nadu et de l’Inde.
Diplômée de l’École Pratique des Hautes Études, Sorbonne, Chantal Jumel consacre ses recherches aux arts traditionnels du Kérala et aux traditions picturales de l’Inde. Auteure et réalisatrice d’un film (« Kalam Eluttu Pattu », « Peindre et chanter le kalam ») produit avec le CNRS, elle donne des conférences-démonstrations et anime des ateliers.