« Notre éternité est de passage. Et à sa suite nos désirs. Elle se tient entre et ne dure qu’un temps. Entre vie et naissance, entre naissance et mort. Glissée. Prise. Aux bords d’une apparition et de sa défaite. Assourdie par la trace du rien. Assourdie simplement. Elle est passante. Elle est aussi plurielle. Elle s’interrompt un temps. Et se reprend un autre. Par surprise et par mystère. En une neuve intensité qui se connaît clarté. Éphémères et lucides, nos éternités. Je les éprouve ainsi. Sans l’ombre d’une preuve. Ni d’aucune raison. Je n’en ai pas la science. Rien qu’un sentiment.
Mais je voudrais les affirmer et chercher une assise sur quoi les soutenir… En formulant le vœu que dans le séjour hésitant qui est le nôtre, hésitant et perplexe jusqu’en sa mortalité, quelque chose, je ne sais quoi, se déclare intact. De tout temps préservé. »
Claude Montserrat poursuit dans ce livre son questionnement sur le temps. Après la contemplation métaphysique des heures opérée dans Des soirs et des matins – Geuthner 2021 – elle cherche ce qui, entre naissance et mort, peut demeurer intact, indemne, illèse. Elle renouvelle la question de l’éternité en la soumettant à deux paradoxes – l’affirmation de sa pluralité et celle de son expérience au sein du temporel.