Cet ouvrage expose l’espace iranien tel qu’il apparaît dans la mythologie ancienne et tel qu’il fut géré dans l’histoire. Il s’attarde en particulier sur les efforts diplomatiques et militaires fournis par les gouvernements des premiers rois Qâdjâr pour se défendre contre la politique coloniale menée dans les provinces du nord de l’Iran.
De par l’instabilité de ses frontières, en particulier, celles du nord, le territoire iranien, tel que le dernier tracé des lignes étatiques le délimite aujourd’hui, ne coïncide plus avec l’étendue ni de la Perse ni du rayonnement de la culture persane. Les éléments d’histoire commune entre les pays qui s’échelonnent à présent du Caucase jusqu’à l’Asie Centrale et aux Indes, ne cessent de rappeler les liens historiques qui existent entre ces populations. La mythologie iranienne, qui s’est nourrie, assurément, des faits chronologiques de l’Iran ancien, est un matériau précieux pour rendre compte des limites territoriales que la mémoire collective a traditionnellement dessinées pour l’Iran.
Or, le mythe et l’histoire n’ont cessé de se refléter l’un l’autre, de sorte que l’étendue de ce pays telle que le perçoit la tradition coïncide, grosso modo, avec les frontières de l’Iran achéménide, ainsi que l’attestent l’Avesta et les inscriptions rupestres. Avec l’arrivée de l’Islam, les frontières du nord de l’Iran ont tendu à délimiter, dans un même temps, les pointes extrêmes des pays musulmans. Ainsi, à l’ouest de la mer Caspienne, dans le Dâghestân, la forteresse de Darband qui avait été réaménagée par le roi sassanide Chosroès I (531-579), fut perçue comme la porte de l’Iran et de l’Islam jusqu’aux XVIIIe-XIXe siècles. À l’est de la mer Caspienne, ce furent la vallée du Farghana et son chef-lieu, Akhsakat, qui représentèrent les frontières les plus lointaines des provinces iraniennes et musulmanes. Les invasions mongoles, puis les appétits coloniaux de l’Empire britannique et de la Russie tzariste furent cause du morcellement de l’Iran en plusieurs petits États qui poursuivent leur chemin pour se constituer comme Nations, mais pour lesquels la culture persano-musulmane demeure un élément constant de leur identité et de leur patrimoine. Les tentatives de rapprochement entre Fath-Ali-Chah, le deuxième roi de la dynastie des Qâdjâr, et Napoléon ne purent empêcher l’avancée des Tzars russes dans les provinces de l’Asie Centrale et du Caucase.
Mohammad Mokri fut directeur de recherche honoraire au CNRS, homme de lettres, historien, linguiste, ethnologue, Mohammad Mokri fut l’un des collaborateurs du Docteur Mossadeq. Il exerça plusieurs fonctions, dont celles de Directeur de l’Éducation des tribus et des nomades de l’Iran et de Directeur Général au Ministère de l’Éducation Nationale. Il participa également à la nationalisation du pétrole iranien, mais il dut s’exiler en France, à la suite du coup d’état de 1953. Lors de la révolution de 1979, il fut nommé Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de l’Iran en ex-URSS (Moscou) et en Mongolie (Oulan-Bator). Il géra plusieurs dossiers relatifs aux relations irano-russes, dont celui d’un partage équitable des eaux de la mer Caspienne. Mais après s’être opposé au régime monarchique iranien, il dut manifester son désaccord avec la tournure prise par la révolution et le nouveau pouvoir en place. On le nomma Conseiller International au sein du Ministère du Pétrole, tout en cherchant à le mettre en difficulté... Il revint en France en 1988. Il est l’auteur de plus d’une centaine d’études et d’ouvrages scientifiques.