De retour d’Égypte en 1836, lors d’un intermède parisien, une autre vie se dessine pour Urbain. La perspective d’un nouveau départ s’ouvre : celui vers l’Algérie, en avril 1837, en pleine tempête de la conquête. Pour lui, comme pour ses deux mentors, Enfantin et d’Eichthal, l’Algérie va profondément altérer leurs premières idées de la période d’emballement spirituel pour l’Orient lors du séjour égyptien. Arraché à son rêve d’avenir poétique et théâtral, Urbain se trouve poussé vers des tâches plus prosaïques d’interprétariat et d’administration. C’est un autre homme qui nous parle, à travers ses articles de presse, brochures, rapports militaires et correspondances privées, surtout celle avec d’Eichthal, son second dans le duo des « deux proscrits : le Juif et le Noir ». L’exaltation laisse place à l’exposé d’une réalité cruelle : celle du fracas des armes et des combats politiques. Cette expérience prouvera que conquête et colonisation sont la pire manière d’associer Orient et Occident, de rassembler la Famille universelle.