Auteur : BERTRAND-CADI Jean-Yves
Fondées en Algérie pendant la présence française, ces sociétés savantes sont encore dans l’ombre. Au terme d’une guerre violente et fratricide, l’histoire se porta sur les aberrations de la politique coloniale de la France. Les progrès réalisés au cours du siècle précédant l’indépendance restent en grande partie ignorés. En parallèle du patrimoine matériel français, l’Algérie reçut un legs intellectuel considérable. Devenue département français au lendemain de la conquête, la Régence d’Alger et ses territoires du sud étaient peu connus. Civils et militaires entreprirent alors d’en étudier la géographie, l'histoire, d’en améliorer l’état sanitaire et d’en structurer l’agriculture. Des sociétés savantes furent ainsi fondées dès 1845. Identiques à celles de la métropole, leur action s’étendait cependant sur de plus grands espaces. Dans l’urgence de mettre fin à l’état de misère du pays, elles avaient pour tâches d’administrer, éduquer, soigner, fonder une économie moderne.
Cet ouvrage décrit l’histoire de ces sociétés, l’aventure de ces savants de tous bords, civils, militaires ou religieux, épris de leur science et de la beauté de l’Algérie. Leurs travaux conduisirent à des découvertes importantes dans tous les domaines, y compris celui des arts.
Jean-Yves Bertrand Cadi, docteur en droit, magistrat, a vécu une vingtaine d’années en Algérie. Chargé d’enseignement à l’École nationale de la magistrature, il a effectué plusieurs missions de formation dans le monde arabe. Il est l’auteur de deux ouvrages concernant des personnalités musulmanes.
Auteur : BORD Lucien-Jean
Du Xe au XIIIe siècle, la famille de Lusignan en ses diverses branches descendantes d’Hugues Ier le Veneur s’est progressivement élevée au rang de l’une des plus puissantes Maison seigneuriale du Poitou, n’hésitant pas à s’opposer aux Plantagenets, leurs suzerains en tant que ducs d’Aquitaine, puis aux Capétiens. Vaincus par Louis IX, ayant perdu bon nombre de leurs possessions territoriales, ils n’en connurent pas moins une nouvelle ascension sociale grâce à la branche cadette implantée dans le royaume latin de Jérusalem, avec un roi en la personne de Guy de Lusignan (le vaincu de Hattin) et surtout une longue lignée de rois de Chypre qui se prolongea jusqu’au XVe siècle et d’où furent également issus plusieurs rois d’Arménie aux XIIIe et XIVe siècles.
Ce volume ne prétend pas retracer l’histoire événementielle de la Maison de Lusignan mais se penche sur la généalogie et l’héraldique de ces grands feudataires, tant en Occident qu’au Proche-Orient. L’histoire généalogique présente un avantage certain permettant de la considérer comme complétant l’histoire événementielle : elle va s’intéresser à tous les représentants d’un lignage, même les plus obscurs. Quant à l’héraldique, son importance est maintenant pleinement reconnue pour les études des lignages médiévaux : le fait de blasonner et de représenter les armoiries des diverses branches d’une famille et de ses alliances permet, par exemple lors de l’établissement d’une ascendance par quartiers, de visualiser immédiatement les systèmes d’alliances.
Ainsi que l’écrit Martin Aurell dans sa préface : « Fondé sur une abondante bibliographie à jour, le livre de Lucien-Jean Bord sur les Lusignan représente un instrument de travail solide, qui rendra bien des services au chercheur et qui passionnera le généalogiste. »
Vice-président de la Société Mabillon et membre de la New York Academy of Sciences, Lucien-Jean Bord poursuit ses recherches sur la civilisation médiévale dans le cadre de l’ANR / DFG Cœnotur (Universités de Tours et de Hambourg).
Auteur : DIAB-DURANTON Salam, DURANTON Henri
Il n’est guère besoin de vanter l’apport d’Antoine Galland à la tradition des échanges entre Orient et Occident avant la Révolution. Sa traduction des Mille et une Nuits – roman qu’il était le premier à faire connaître au public européen – n’a cessé d’être rééditée du début du xviiie siècle à nos jours. Sur cette réputation universelle et ses nombreux travaux, il fut tacitement admis qu’il était un modèle d’orientaliste et à ce titre maîtrisait parfaitement arabe, turc et persan.
Nous avons voulu le vérifier à partir d’un curieux manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France, et à ce jour jamais exploité. Enregistré sous le titre Supplément turc 1200, il constitue la première étape d’une anthologie de proverbes arabes, turcs et quelques-uns en persan, qui n’a jamais vu le jour.
La double originalité de ce manuscrit, et qui en fait la valeur unique pour les spécialistes, c’est qu’il propose à chaque fois un proverbe arabe, turc ou persan, et la traduction de Galland au-dessous. De la sorte, il permet de tester les aptitudes linguistiques réelles du traducteur des fameuses Mille et une Nuits, ce que de nombreux travaux antérieurs n’avaient pas réussi à faire et également de suivre, sur le vif, un traducteur au travail.
Chemin faisant, l’enquête s’est élargie. La tentative de Galland a été replacée dans une tradition qui remonte à l’époque humaniste. Par ailleurs, elle permet de mieux comprendre le désir novateur de cet érudit d’instaurer un dialogue entre deux univers culturels se rejetant souvent l’un l’autre parce qu’ils ne se connaissaient pas ou très mal.
Salam Diab-Duranton est professeure des universités en Linguistique arabe à l’université Grenoble Alpes. Ses recherches portent principalement sur la lexicographie et la lexicologie de l’arabe standard et dialectal. Ses domaines d’investigation scientifique s’étendent également à la littérature populaire du Mashreq, notamment l’étude des proverbes. Elle a publié aux Éditions Geuthner Proverbes et locutions figées : description et catégorisation et Substitution et créativité lexicales en arabe : compilation, théorisation, restructuration.
Henri Duranton est maître de conférences retraité de l’université Jean-Monnet de Saint-Étienne. Sa participation à l’édition d’Antoine Galland est dans la suite logique de sa publication, en trois volumes, des voyages de Paul Lucas qui fut le contemporain de Galland, et qu’il a dû croiser sur les routes de l’Empire ottoman qu’ils ont tous deux sillonnées.
Nicolas Vatin est historien de l’Empire ottoman, directeur de recherche au CNRS, directeur d’études à l’EPHE, PSL.
Auteur : BOHAS Georges
Pourquoi une traduction du Mufaṣṣal d’al-Zamaḫšarī ? Parce que ce livre « connut une vogue considérable dans l’Orient musulman jusqu’à la fin du xiiie siècle » et il exerça une influence « très importante en Orient arabe et dans le monde iranophone, notamment à travers les commentaires d’Ibn Yaʿīš et d’Ibn al-Ḥājib ainsi que la Kāfiya de ce dernier. L’ouvrage peut être considéré comme la source principale des grands traités classiques. » En outre, al-Zamaḫšarī ne fut pas seulement un grammairien, mais il est également l’auteur d’un véritable thésaurus de la langue arabe intitulé ’Asās al-Balāġa, « La fondation de la rhétorique », et surtout, en tant que théologien, il a composé l’un des plus célèbres commentaires du Coran : al-Kaššāf ʿan ḥaqā’iq al-Tanzīl, « Le livre qui dévoile les vérités de la Révélation ». Enfin, dans le domaine de la littérature il a également brillé par ses Maqāmāt « Sessions ».
Pourquoi une traduction commentée ? Le livre vise à une présentation d’ensemble de la grammaire sous la forme d’un compendium ; du reste, il désigne lui-même son ouvrage comme une introduction. Même pour le public arabe averti une explicitation détaillée est nécessaire : celle d’Ibn Yaʿīš s’étend sur dix volumes dans l’édition du Caire. À plus forte raison le commentaire est indispensable pour le public francophone auquel on s’adresse ici. Le commentaire est intégré à la traduction − en italique et en plus petits caractères pour éviter toute confusion − un peu à la manière des commentateurs arabes médiévaux.
Georges Bohas, du laboratoire ICAR (UMR 5191 CNRS • ENS de Lyon), professeur émérite à l’ENS de Lyon, est membre de l’académie de langue arabe de Damas. Il a publié de nombreux livres et articles sur l’œuvre des grammairiens arabes. Il s’est aussi tourné plus récemment vers les aspects formels du texte coranique, à propos desquels il a publié, en 2021, Les stratégies métriques dans le Coran.
Mustafa Alloush, maître de langue à l’Université Lumière-Lyon 2 et docteur en études arabes, est membre du laboratoire ICAR (UMR 5191 CNRS • ENS de Lyon). Il a publié dans les domaines de la littérature, la civilisation et la linguistique arabe, particulièrement, en 2020, La place des interjections et des onomatopées dans le lexique de l’arabe. Il s’est aussi intéressé à la sociolinguistique dans son livre Al-Taṭawwur al-dilālī fī l-luġa al-ʿarabiyya, (Le changement sémantique dans la langue arabe) (2021) et à l’arabe moyen en éditant et traduisant des manuscrits subsahariens publiés dans Écrire la guerre au Fouta-Djalon (2022).
Auteur : CRÉPIN Denis
Si l’alchimie ne saurait être une science permettant, grâce à quelques recettes, de fabriquer de l’or, c’est véritablement un art sacré. L’adepte qui s’y livre vit une relation de type mystique avec la matière. Il y perçoit la trace du Créateur à travers la mise en évidence d’une présence immatérielle, germe de l’unité, caché dans le chaos. Pour l’alchimiste, l’Œuvre est à la fois travail intérieur, chemin spirituel tortueux vers l’unité et travail extérieur, symbolisé par l’activité en laboratoire qui peut prendre toute forme. La base du processus alchimique où lumière et ténèbres sont complémentaires, est l’union des contraires. La matière est considérée comme un substrat passif qui renferme une puissance agissante, l’âme, miroir du divin, qui sollicite la participation de l’alchimiste au dessein du Créateur.
Cet ouvrage se base sur les écrits des anciens alchimistes, de la Perse et de l’Égypte antique au Moyen-Âge musulman et chrétien. Le processus du Grand Œuvre y est décrit, ainsi que les principes mis en avant dans les écrits : les astres, les quatre éléments, les substances matérielles et les symboles. Une grande place est donnée à l’âme considérée comme une force vitale endormie dans la matière et grâce à ce subtil intermédiaire, l’union des opposés que sont l’esprit et la matière est rendue possible. La totalité, symbiose de l’esprit, de l’âme et du corps, donne alors accès à la Pierre philosophale.
Denis Crépin, docteur vétérinaire, homéopathe, licencié en théologie et médiéviste, est passionné par la recherche historique des cheminements spirituels qui permettent d’ouvrir une brèche pour une meilleure connaissance du mystère de l’être humain. Il a publié aux éditions Geuthner deux ouvrages sur le catharisme : le premier sur son origine Aux sources du catharisme, Genèse et développement d’un mouvement hétérodoxe, en 2014, l’autre sur la réaction de l’Église et sur l’Inquisition Les Frères Prêcheurs et le catharisme albigeois, en 2017.
Auteur : LA MARLE Hubert
Cet essai vise à réparer le départ prématuré d’un grand archéologue, Jean Deshayes, disparu en 1979. Il joignait de manière rare une compétence relative à la Crète minoenne, qu’il avait acquise sur le terrain à Mallia, et celle qu’il a approfondie ensuite sur les sites de l’Iran, particulièrement à Tureng Tepe.
Le cadre de l’ouvrage ne se limite pas à ce que nous enseigne l’archéologie. C’est aussi dans l’esprit des peuples qu’il faut puiser, dans ce corpus extraordinairement foisonnant des mythes persans et des légendes crétoises, dans certains rites venus du fond des âges, et même dans certaines musiques traditionnelles.
Bien sûr, comparaison n’est pas raison. D’autres influences, d’autres sources d’inspiration ont contribué au miracle minoen : la Grèce continentale, les Cyclades, Chypre, l’Anatolie, le Proche-Orient, l’Égypte ont également porté leur lot de contribution culturelle sous différentes facettes. Mais souvent, quand on étudie ces dernières influences, on est frappé par leur caractère somme toute assez récent et limité, si l’on excepte peut-être le rôle des Cyclades.
Le cadre géographique de l’Iran ancien ne se limite pas ici aux frontières actuelles. Il inclut aussi les régions et pays dont la langue relève ou a relevé du groupe iranien, notamment le Kurdistan. Certains regards sur le monde indien seront aussi utiles vu la parenté étroite entre l’Iran ancien et l’Inde védique.
Enfin, on ne saurait se limiter strictement à l’Âge du Bronze : certaines légendes, certains mythes se transmettent, se transforment durant une longue période et leur origine est bien difficile à situer précisément à défaut d’écrit.
Plus que des réponses, ce sont des pistes, des jalons qu’il nous faut redécouvrir entre le monde iranien et l’Europe.
Hubert La Marle, chercheur en épigraphie et linguistique, s’est attaché à l’inventaire et à la lecture des signes syllabiques du linéaire A de Crète minoenne. Ayant publié ses travaux en quatre volumes, complétés par un abrégé et par une édition en anglais, il pose la question d’un lien direct entre la langue minoenne et les langues indo-iraniennes anciennes. Il renouvelle cette approche par une étude des parentés techniques et culturelles entre l’île de Minos et l’Iran ancien.
Auteur :
La Revue des Traditions Musicales (alias Revue des Traditions Musicales des Mondes Arabe et Méditerranéen, RTM) est un périodique scientifique annuel consacré aux traditions monodiques modales vivantes et/ou anciennes d’Asie occidentale et centrale, d’Afrique du Nord et d’Europe, et ce, dans une perspective musicologique générale et transdisciplinaire qui met l’accent sur l’analyse musicale. La RTM est le fruit de la collaboration musicologique entre l’Université Antonine (Liban) et Sorbonne Université et plus particulièrement entre le Centre de Recherche sur les Traditions Musicales (CRTM, www.ua.edu.lb/french/faculte-de-musique-et-musicologie/centre-de-recherche-sur-les-traditions-musicales-crtm), rattaché à la Faculté de Musique et Musicologie de l’Université Antonine, et l’Institut de Recherche en Musicologie (IReMus UMR 8223, France www.iremus.cnrs.fr/). Elle est coéditée par les Éditions de l’Université Antonine (EUA) et les Éditions Geuthner. Elle figure dans les bases de données scientifiques EBSCO, RILM et Manhal.
Le numéro 14 est réalisé
• dans le cadre du Réseau international des musicologies francophones Épistémuse
• avec le soutien de la Direction régionale Moyen-Orient de l’Agence Universitaire de la Francophonie
• avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) – IReMus (Institut de Recherche en Musicologie UMR 8223)
Auteur : DONIKIAN Denis
L’impossibilité d’épuiser un sujet d’histoire aussi imposant que le génocide des Arméniens devait-elle pour autant interdire d’aborder les thématiques essentielles sur lesquelles se sont penchés historiens, penseurs, artistes, juristes et autres qui s’intéressent forcément au fait qu’un peuple puisse se donner pour objectif d’en supprimer un autre ? Le titre seul de Petite encyclopédie du génocide arménien suffit à exprimer l’humilité mais aussi l’ambition qui auront présidé à la synthèse d’une abomination qui dépasse l’entendement. La conception d’une telle entreprise est née du constat que l’acharnement à effacer, par la dénégation, la disparition des Arméniens par un génocide risquait de provoquer une accélération de l’oubli sur un contentieux majeur de l’histoire du xxe siècle : une impunité doublée d’amnésie et de mensonge aura par la suite encouragé d’autres crimes de masse.
L’onde de choc déclenchée par le génocide des Arméniens aura ouvert en cent ans un large spectre d’études et de réflexions dans tous les domaines du savoir. Le temps était venu d’en faire le bilan pour dégager l’ampleur d’une catastrophe qui aura affecté autant les esprits que les institutions et les relations internationales. Mais pour transmettre les données et les leçons d’un phénomène aussi monstrueux encore fallait-il en rendre la complexité abordable. Cette petite encyclopédie se décline sous forme de fiches thématiques, dont la fiabilité s’appuie sur un recours constant à des spécialistes de la question génocidaire et principalement de la question arménienne. Il reste que l’objectif d’un projet aussi sensible ne saurait avoir plus secrète ambition que de contribuer à combattre les obscurantismes qui conduisent immanquablement l’humanité aux dérèglements extrêmes.
Né à Vienne, en France, de parents rescapés des exactions antiarméniennes de 1915-1916 en Turquie ottomane, Denis Donikian a étudié la littérature française et la philosophie à Lyon avant d’effectuer une année universitaire en Arménie et d’enseigner en Ukraine et au Viêt Nam. Engagé dès les années 60 au sein du Centre d'études arméniennes en vue d’une remémoration du génocide subi par les Arméniens, il devait, par la suite, militer en faveur d’un dialogue arméno-turc. Parmi ses ouvrages les plus connus, on peut noter Un Nôtre Pays, Vidures, Marcher en Arménie. D’autres livres (poésie, théâtre, essai, aphorisme) ont été publiés en édition bilingue en Arménie. Derniers ouvrages parus : Les Chevaux Paradjanov, Des cons et de la connerie, L’esprit du corps féminin.
Auteur :
Études linguistiques et littéraires offertes à Jérôme Lentin par ses collègues, élèves et amis
Éditées par
Nadia Comolli, Julien Dufour, Marie-Aimée Germanos
Jérôme Lentin étudie la langue arabe telle qu’elle est pratiquée par les sociétés arabophones d’hier et d’aujourd’hui, au-delà des idées reçues sur la place des différentes variétés de cette langue. Il décrit dans ses travaux la complexité des situations sociolinguistiques en rétablissant une juste perspective, où arabe littéral et arabe dialectal sont deux pôles d’un continuum.
Auteur d’études pionnières et fondatrices qui font aujourd’hui référence, il a initié et formé des générations d’étudiants à la dialectologie et à la linguistique de l’arabe, mais aussi à l’étude du moyen arabe et des variétés mélangées, qu’il a largement contribué à constituer en discipline.
Le présent volume rassemble les travaux que des collègues, élèves et amis ont préparés en son honneur. Il regroupe trente-cinq contributions qui reflètent l’intérêt sans frontières du dédicataire pour l’arabe et sa littérature, ainsi que pour les langues du domaine chamito-sémitique et pour l’italien. Elles nous conduisent de la première moitié du IIe millénaire avant notre ère à l’époque contemporaine, et nous font voyager de la Mauritanie au Yémen, en passant par le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte, la Palestine, le Liban, la Syrie, le golfe Arabo-Persique et même Chypre, l’Italie et l’Espagne.
Auteur :
Ces mélanges sont offerts à Françoise Briquel Chatonnet,
directrice de recherche au CNRS, par ses collègues et amis.
Ils rassemblent des contributions portant sur le monde syriaque.
Dirigé par
Simon Brelaud, Jimmy Daccache, Muriel Debié, Margherita Farina, Flavia Ruani et Émilie Villey
Auteur : Tuchscherer Michel, BOUTROS Nabil
Malgré la guerre et les fléaux qui ne cessent de s’abattre sur le Yémen ces dernières
années, les hammams de Sanaa, anciens et nouveaux, ne désemplissent
pas. Les pratiques balnéaires gardent une vitalité qu’on ne retrouve plus guère
ailleurs. Elles continuent d’être portées par une conception humorale du corps
héritée de la médecine arabe.
On va au hammam pour apaiser l’âme autant que pour revivifier le corps. Une
visite au bain reste indispensable dans tous les rituels sociaux de passage qui
jalonnent les étapes de la vie. Aussi, les pratiques balnéaires y sont-elles revendiquées
comme un véritable « art de vivre » qui contribue à l’identité citadine.
Le hammam, c’est en outre des savoir-faire et des métiers, transmis de génération
en génération, parmi les ammami. Dans la société yéménite, ils restent
relégués au bas de l’échelle sociale car la pratique de leur métier les expose à la
souillure, jugée avilissante.
Cet ouvrage propose une approche à la fois visuelle à travers de multiples photos,
analytique par le fruit de longues enquêtes de terrain, et divertissante par les
dictons, contes et textes littéraires retranscrits dans des encadrés.
Auteur : DAGHER Carole H., PRINCE Myra
À l’heure du centenaire de l’État libanais, voici un ouvrage collectif qui revisite les liens entre le Liban et la France sur le « temps long » de la politique et de la diplomatie, qui questionne les échanges et les transferts culturels et puise au plus profond des sources de l’Histoire contemporaine. Par touches successives et en différents domaines, des morceaux d’histoires se croisent, des amitiés se tissent, des complexités s’élaborent.
Proclamé dans ses frontières actuelles par le général Henri Gouraud le 1er septembre 1920, l’État libanais aurait dû célébrer un autre centenaire : celui de ses acquis, de ses réussites. Cette date aurait dû constituer une célébration nationale. Le constat est celui d’un d’échec, qui relègue le Liban au rang d’État failli, d’État « déquillé ». La liste de ses manquements est longue !
Mais une relation d’amitié, jamais discontinuée, persiste entre le Liban et la France. Il faut lui « reconnaître un caractère exceptionnel et énigmatique. Pourquoi deux peuples s’obstinent- ils à se penser liés par la raison et par le cœur ? Comment l’effort des générations successives a-t-il constamment servi ce lien qui dépasse l’ordinaire diplomatique ou économique, et semble relever de la nécessité ? ».
Des liens et des lieux raconte une aventure collective d’auteurs mobilisés de part et d’autre de la Méditerranée, ouvrage lui-même ferment et témoignage de cette construction fraternelle.
Auteur : GONTY Grégory
études ibadites
Cette collection réunit des études thématiques sur l’ibadisme, courant de l’islam présent à travers des communautés vivant à Oman, Zanzibar, Djebel Nafoussa (Libye), l’île de Djerba et le Mzab (Algérie). Elle s’attache à mettre en lumière la diversité des approches scientifiques, académiques et patrimoniales traitant de ces communautés à travers des perspectives historiques, théologiques et culturelles. La collection comprendra à la fois des inédits et des rééditions scientifiques de textes.
Courant de pensée de l’islam, l’ibadisme est souvent méconnu, ou fait encore l’objet d’ignorance et de jugements a priori. Assimilé à tort au kharijisme, il est le plus souvent mis en marge de l’orthodoxie musulmane. Pour cause, le devenir de la communauté musulmane après la mort du Prophète s’est traduit par les questions tournant autour de sa succession spirituelle et politique. Les dissensions politiques entre musulmans ont trouvé leur apogée lors de la bataille de Ṣiffīn, en l’an 37 de l’Hégire. Elle a opposé ‘Alī, quatrième calife de l’islam et gendre du Prophète à Mu‘āwiya, fondateur de l’ère dynastique omeyyade. Le destin de la umma islamique a irrémédiablement été orienté à partir de l’arbitrage (taḥkīm) entre ces deux protagonistes. Une partie des rangs de ‘Alī, appelée muḥakkima refusant cet arbitrage quitte les rangs. Les ibadites revendiquent l’héritage spirituel et politique de ce groupe.
Mais qu’en est-il au juste ? le kharijisme, courant du groupe (firqa) ayant également quitté les rangs du gendre du Prophète, aurait-il un lien de parenté avec l’ibadisme ? L’ibadisme est-il un courant de l’islam possédant ses propres spécificités, singularités ? Les ibadites ont-ils un patrimoine spirituel, intellectuel et scientifique propre ? Quelle est leur participation et apport à l’histoire de la civilisation islamique ? Quels sont les points communs et divergences avec les autres courants de la pensée islamique, sunnite, imamite, ou autres ? Cet ouvrage se veut être une introduction à l’étude de l’ibadisme, et un éclaircissement quant aux questions et aux incompréhensions dont fait l’objet ce courant de l’islam.
Grégory Gonty est étudiant en sciences islamiques, et membre effectif de l’AIB (Académie Islamique de Bruxelles). Ses recherches sont principalement axées sur la philosophie, l’histoire et les sciences islamiques.
Auteur : HAÏDAR Mazen
Fruit d’une longue enquête de terrain, cet ouvrage reconstitue l’histoire de Beyrouth au siècle dernier, entre 1900 et 1970, à travers l’évolution de la place de la ferronnerie d’art dans son architecture. Plus de mille dessins de garde-corps, de portes d’entrée, de grilles de fenêtres ou de rampes d’escaliers, donnent à la ville son identité visuelle : ces éléments la caractérisent durablement et dévoilent nombre de ses secrets. Quelles sont les sources d’inspiration de ces ouvrages et comment celles-ci ont été localement adaptées ? Par cet inventaire sans précédent, réalisé dans 52 secteurs, c’est à une réflexion sur la valeur d’un patrimoine libanais du xxe siècle, en péril, que ce livre entend contribuer.
Né à Beyrouth, Mazen Haïdar est architecte du patrimoine et chercheur, diplômé des Universités de Rome Sapienza et Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Enseignant dans plusieurs écoles d’architecture au Liban et en France, ses recherches portent notamment sur le patrimoine du xxe siècle et les pratiques d’appropriation des habitants.
Auteur : BLIN Louis
L’iconographie française ancienne de Djeddah rassemblée et commentée dans ce livre par Louis Blin, complète son anthologie des textes français publiés sur cette cité saoudienne, ville d’Ève et port de La Mecque. Djeddah a inspiré les artistes comme elle a captivé les écrivains. On découvrira ici près de mille cartes géographiques, estampes, dessins, photographies et aquarelles. D’une richesse aussi inattendue que celle des écrits, ces documents iconographiques combinent valeurs documentaire et artistique. Méconnus et demeurés dans l’ombre du corpus orientaliste français, ils étonnent et séduisent autant par leur quantité que par leur qualité et la diversité des thèmes et des genres abordés. Ceci leur confère une grande importance pour la connaissance de l’Arabie et du regard français sur cette région. C’est à la découverte d’un pan oublié de la mémoire artistique française et à un somptueux voyage en Orient qu’invite cette anthologie.
Louis Blin, docteur en histoire et arabisant, a été consul général de France à Djeddah de 2012 à 2015. Il a publié de nombreux livres et articles sur le monde arabe contemporain, dont La Découverte de l’Arabie par les Français. Anthologie de textes sur Djeddah, 1697-1939, Geuthner, 2019, 798 p.
Auteur : MOHAFEZ Arash
Divers documents attestent que la formation et l’évolution historique des écoles musicales classiques persane, arabe et turque sont inséparables des influences directes ou indirectes des traditions voisines. Le présent ouvrage tente, pour la première fois et de façon exhaustive, d’étudier quelques aspects fondamentaux des liens entre la musique classique persane et la musique classique turco-ottomane.
Des liens historiques des musiciens persans avec le milieu culturel ottoman, et leur influence sur la musique classique de cet empire, sont esquissés ; Le répertoire des 'Ajamlar constitue un pont entre la musique safavide et la musique ottomane, mais il présente également des affinités structurelles avec le répertoire de l’ère qâjâr. Le point d’orgue se focalise sur l'aspect en commun le plus fondamental des deux écoles persane et turque : le concept de mode. Des théories ici présentées analysent les affinités et divergences d’un maqâm turc actuel, Ushshak, dont la substance est comparable dans la tradition persane actuelle au Shur. Une approche plus anthropologique et contemporaine présente une tentative concrète de revivification du répertoire des ‘Ajamlar dans les milieux des musiciens iraniens et vise à étudier les réactions de ces derniers face à ce répertoire tiré des sources ottomanes et encore inconnu en Iran.
L’objectif de cet ouvrage est, tout d'abord, de restituer une meilleure connaissance des concepts et phénomènes historiques mais aussi actuels de la musique persane, éclairés par la musique turco-ottomane. Cette recherche se veut également une contribution anthropologique d’une intercompréhension des cultures musicales turque et persane.
Arash Mohafez est un musicien et ethnomusicologue iranien. Il joue du santur dès l’âge de neuf ans puis perfectionne son style auprès de plusieurs maîtres à Téhéran. Docteur en ethnomusicologie à l’université Paris X Nanterre depuis 2016, ses recherches académiques traitent des liens historiques et techniques des écoles musicales classiques persane et turco-ottomane. Il publie à ce sujet un livre en persan ainsi qu’une vingtaine d’articles. Il est membre du comité éditorial de Mahoor Music Quarterly depuis 2011.
Son album musical intitulé ‘Ajamlar – reconstitution de compositions attribuées aux compositeurs persans des xvie et xviie siècle dans les sources ottomanes – l’a fait connaître dans les milieux artistiques iraniens. Concertiste, il est également le directeur artistique de l'Ensemble néoclassique de Téhéran, ensemble fondé pour revivifier des compositions oubliées mais aussi pour créer des œuvres néoclassiques inspirées de l’héritage revisité de la tradition musicale persane.
Auteur : HAMMAD Manar
Le présent recueil groupe onze articles publiés ces dernières années, complétant les collections antérieures parues dans Lire l’espace, comprendre l’architecture (2006) et dans Sémiotiser l’espace, décrypter architecture et archéologie (2015), pour assembler et mettre à la disposition des lecteurs quelques analyses qui, malgré leur dispersion dans divers supports académiques, poursuivent de manière raisonnée et cohérente un même but, celui de la mise au point des concepts et méthodes susceptibles de rendre compte des manifestations du sens dans le monde naturel, où l’architecture joue un rôle éminent. Le souci de porter la sémiotique en des domaines où elle n’avait pas été mise en œuvre éprouve la validité des prémisses. En étendant le domaine abordé, on élargit les espaces considérés et on multiplie le nombre des sujets du déplacement. On est amené en conséquence à considérer un espace physique plus complexe en relation avec un espace social plus touffu.
La question de l’élargissement du domaine d’étude peut être approchée avec la notion comparative d’échelle. Dans ce recueil, la notion d’échelle détermine l’ordre qui range les articles où dominent les questions de l’espace physique, alors que les questions de l’espace social dominent l’analyse de la Succession (article X) et la deuxième moitié de l’analyse de l’espace scandinave (article IX). C’est la grande échelle (celle d’une ville, d’une société, d’une ethnie…) qui impose l’introduction de quatre isotopies descriptives (religieux, militaire, économique, politique) nécessaires à l’analyse, alors qu’ils ne sont nullement utiles à l’échelle d’un édifice. Dépend aussi de l’échelle l’utilité de la notion d’acteur collectif, introduite par Greimas et Landowski en 1970 à propos de textes juridiques. Cette notion s’impose pour l’analyse des acteurs à l’échelle d’un territoire urbain (article VIII) ou d’un territoire régional (article IX).
Dans les articles réunis ici, nous avons opté pour une présentation qui privilégie l’objet d’analyse, en laissant au second plan les questions de méthode et le métalangage sémiotique, qui ont fait l’objet de critiques hors du milieu des sémioticiens. Cela répond au souci d’être lu hors du milieu « professionnel » : si nous voulons être compris par des architectes et des archéologues, il convient d’adopter un langage relativement ordinaire. Ce qui n’impose pas l’abandon des concepts qui régulent l’analyse : au contraire, nous avons tenu à en maintenir toute la cohérence et la rigueur, sans afficher le métalangage pour autant. Nous espérons avoir réalisé un tel équilibre. Il fallut formuler quelques propositions et en tester l’efficacité. Leur utilité se mesure à l’aune de l’intérêt des questions résolues et des résultats obtenus.
Sommaire
i Morphologie et interprétation en archéologie
ii Perspective archéosémiotique sur Palmyre
iii Sémiotique de l’irrigation à Tadmor-Palmyre
iv Sémiotique de la destruction à Tadmor-Palmyre
v Semantics of patrimonial destruction
vi Reconstruire les villes, notes de synthèse
vii Sémiotique et Urbanisme
viii Régimes anciens de la terre au Proche-Orient
ix Dirhams en Scandinavie, argent & rente foncière
x La Succession
xi L’espace du virus
Né à Beyrouth en 1944, Manar HAMMAD suivit des études de mathématiques, d’architecture et de sémiotique avant de s’engager dans la recherche et l’enseignement puis dans l’archéologie. Il a travaillé quatorze ans sur Palmyre, où il a dirigé une mission archéologique (2009-2010). Architecte DPLG et Docteur en sémiotique, il aborde l’architecture et la ville pour y chercher un sens qui s’articule sur la forme géométrique et sur les valeurs sous-tendant l’action des hommes. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages de sémiotique de l’espace, où les questions de méthode sont explicitées en relation avec des cas concrets choisis en raison des caractères structurels qui les articulent.
Auteur : CHÉDID Youssef
Le chant de langue syriaque est une partie essentielle de la tradition de l’Église maronite qui la lie à ses racines syriaques et qui maintient son ancrage dans le milieu sémitique du début du christianisme. Ce chant se tient au cœur de ses prières, centre de sa vie liturgique et expression de son identité. Le répertoire étudié est l’ensemble des hymnes liturgiques de langue syriaque chantées à l’office monastique selon la tradition de l’Ordre Antonin Maronite. La version interprétée par le principal détenteur de cette tradition au xxe siècle, le père Maroun Mrad (1913-2008), devenue une référence, a été pérennisée par le père Ivar Schmutz-Schwaller dans son enregistrement de 1972. Ce livre commence par la contextualisation historique, littéraire et liturgique de ce répertoire. Il se poursuit par la transcription et l’analyse musicales, selon la méthodologie du diagramme d’analyse mélodique, des 170 hymnes enregistrés. Cette recherche débouche sur une approche typologique mélodique multifactorielle de ces mélodies selon des critères immanents. La polarité modale est au centre de cette typologie : c’est le rapport entre les deux degrés cruciaux que sont la finale et la teneur modales pour chaque hymne, aux côtés du genre (ou type de structuration intervallique) des échelles modales.
Le père Youssef Chédid, moine antonin maronite, a reçu une double formation théologico-liturgique et musicologique. Après des études de philosophie et de théologie à l’Université Saint Thomas d’Aquin (Rome), il a poursuivi une spécialisation en Sciences Ecclésiales Orientales à l’Institut Pontifical Oriental de Rome – section Liturgie. Cela lui a permis d’étudier l’influence réciproque des chants hébraïques et des chants hellénophones sur l’hymnodie syriaque au cours de l’Antiquité et du haut Moyen Âge. Pour ce qui est de son parcours musicologique, et faisant suite à ses études de musicologie à l’Université Antonine au Liban, il a entrepris des études doctorales à l’Université Paris-Sorbonne, couronnées par la soutenance, en 2015, d’une thèse sur les hymnes syriaques de l’Église maronite.
Préambule du Père Général Abbé Maroun Abou Jaoudé
Avant-propos du Père Recteur Michel Jalakh
Préface de François Picard
Postface de Nidaa Abou Mrad
Auteur : BORD Lucien-Jean, GROSS Antoine-Frédéric
La grande abbaye ligérienne de Marmoutier, fondée par saint Martin sans doute dès 372, connut son apogée au Moyen Âge puis un déclin à la fin de cette période et lors de la Renaissance, avant un renouveau dû à sa reprise par la Congrégation de Saint-Maur.
Le coutumier médiéval de cette abbaye était connu par un unique manuscrit daté du xiiie siècle, malheureusement détruit par un incendie lors des combats de 1940. Cependant une copie, bien qu’incomplète, en avait été réalisée aux tournant des xviie-xviiie siècles par le grand érudit Mauriste Dom Martène. Ce document, conservé à la Bibliothèque nationale de France (Latin 12879, f° 86r° – 118v°), n’avait jamais fait l’objet d’une publication, malgré son très grand intérêt tant pour l’histoire de Marmoutier que pour la liturgie bénédictine médiévale.
Le présent volume propose une édition critique avec traduction du manuscrit de Dom Martène, accompagné d’une large étude introductive et de plusieurs index thématiques.
Lucien-Jean Bord et Antoine-Frédéric Gross, tous deux moines bénédictins de l’Abbaye de Ligugé et déjà auteurs de la publication du coutumier de l’abbaye vendéenne de Maillezais, ont effectué cette recherche dans le cadre du programme franco-allemand Cœnotur (ANR/DFG, Coenobia Turonenses : les communautés martiniennes de Tours, leurs pratiques et leurs réseaux de l’Antiquité tardive au xiiie siècle) placé sous la responsabilité des Universités de Tours et de Hambourg.
Auteur : DÉDÉYAN Gérard, DEMIRDJIAN Ago, SALEH Nabil
Parmi les Justes et gens de bien qui prirent des risques majeurs pour sauver les Arméniens pendant le génocide de 1915, il y eut aussi bien des Occidentaux chrétiens ou juifs, que des Orientaux musulmans de diverses confessions.
Malgré l’absence d’ordre de son ministère de tutelle le vice-amiral Louis Dartige du Fournet osa prendre les mesures nécessaires pour recueillir les Arméniens qui, retranchés dans la « Montagne de Moïse », avaient résisté pendant plus de quarante jours à une armée turque.
Sauvetage des combattants arméniens du Musa Dagh. Témoignage du Pasteur Andreassian (2 sept. 1915) :
C’était le Guichen, vaisseau français. Pendant qu’on abaissait une chaloupe, plusieurs de nos jeunes s’étaient élancés vers la mer, et bientôt ils nageaient dans la direction du beau navire qui semblait nous venir de Dieu. Avec des cœurs qui battaient fort, nous descendîmes sur la plage et le capitaine nous invita à lui envoyer une délégation pour rendre compte de notre situation. Il lança un télégramme sans fil à l’amiral et, peu après, le vaisseau Jeanne d’Arc apparaissait à l’horizon, suivi par d’autres navires de guerre français. L’amiral nous dit des paroles d’encouragement et ordonna que chaque membre de notre communauté fût accueilli à bord des vaisseaux.
Raymond H. Kévorkian, Yves Ternon, Mémorial du génocide des Arméniens, p. 447-448.
La région montagneuse du Dersim, à l’est de l’Anatolie, était peuplée de Kurdes, en grande partie de confession alévie – marquée par le mysticisme et le respect de la personne humaine – qui ne participèrent pas au génocide des Arméniens, mais au contraire protégèrent ceux-ci, mettant en péril leur propre sécurité, voire leur vie. La politique de turquification mise en œuvre par Mustafa Kemal entraîna une révolte massive des Kurdes du Dersim (1936-1938), qui se termina par une répression qui fit des milliers de morts.
Sauvetage d’Arméniens par des Kurdes du Dersim (un chef de village rassure une déportée sur le sort de sa sœur) :
-Vallahi, billahi [Jurer Dieu], elle est en sécurité et son honneur autant. J’ai emmené en même temps que les Simonian une centaine de familles dans le seul but de les sauver. Lorsque j’ai vu ta sœur, ta belle-sœur, Mme Azniv, des dames si bien élevées, si raffinées, je les ai prises en pitié. Je savais qu’elles étaient condamnées à périr dans des conditions horribles. Dès lors, j’ai formé le projet de les sauver, mais je n’arrivais pas à les convaincre de la pureté de mes intentions. Elles refusaient obstinément de me suivre. Elles ne cessaient de crier : « Nous mourrons s’il le faut ; mais nous n’irons pas avec vous ». Alors, je leur ai envoyé mes Kurdes armés et une charrette pour les emmener de force. Maintenant elles ne savent comment me témoigner leur reconnaissance. Elles voient en moi leur sauveur.
Raymond H. Kévorkian, Yves Ternon, Mémorial du génocide des Arméniens, p. 450.
Auteur : Collectif, LÉGERET Katia
Cet ouvrage propose des modes sensibles d’être-ensemble au musée, entre les visiteurs, les œuvres et les objets exposés, pour transmettre par des gestes, les archives en lien avec des patrimoines immatériels. L’attention au corps devient essentielle, elle vise à la fois le bien-être des visiteurs et leur créativité. Le répertoire exceptionnel de danses sur l’Inde de Nyota Inyoka, chorégraphe franco-indienne (1896-1971) exposée à la BnF en 2019, est mise à l’honneur dans cette recherche, par des femmes artistes et chercheuses contemporaines, démontrant qu’elle a été une pionnière de danses classiques et modernes de l’Inde, oubliée de l’Histoire. En lien systémique avec des performances artistiques, les chercheurs internationaux des disciplines invitées (arts du spectacle vivant, arts numériques, anthropologie, ethnologie, géographie, histoire de l’art, philosophie, sciences du langage – LSF, philosophie, sociologie), proposent de réfléchir ensemble aux enjeux actuels de ces pratiques créatives de médiation transculturelle au musée.
Auteur :
La Revue des Traditions Musicales (alias Revue des Traditions Musicales des Mondes Arabe et Méditerranéen, RTM) est un périodique scientifique annuel consacré aux traditions monodiques modales vivantes et/ou anciennes d’Asie occidentale et centrale, d’Afrique du Nord et d’Europe, et ce, dans une perspective musicologique générale et transdisciplinaire qui met l’accent sur l’analyse musicale. La RTM est le fruit de la collaboration musicologique entre l’Université Antonine (Liban) et Sorbonne Université et plus particulièrement entre le Centre de Recherche sur les Traditions Musicales (CRTM, www.ua.edu.lb/french/faculte-de-musique-et-musicologie/centre-de-recherche-sur-les-traditions-musicales-crtm), rattaché à la Faculté de Musique et Musicologie de l’Université Antonine, et l’Institut de Recherche en Musicologie (IReMus UMR 8223, France www.iremus.cnrs.fr/). Elle est coéditée par les Éditions de l’Université Antonine (EUA) et les Éditions Geuthner. Elle figure dans les bases de données scientifiques EBSCO, RILM et Manhal.
Le numéro 13 est réalisé
• dans le cadre du Réseau international des musicologies francophones Épistémuse
• avec le soutien de l’AUF Moyen-Orient
• avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) – IReMus (Institut de Recherche en Musicologie UMR 8223)
Auteur : LECUYER Laurence
Le ghunghat est une pratique du voile particulière à l’Inde du Nord. Il a pour singularité d’être non-confessionnel et peut être pratiqué par des femmes de toutes confessions religieuses – hindoues, musulmanes ou sikhes – mais pas par toutes les femmes. Il consiste, à baisser sur son visage, le voile qu’elle porte sur la tête devant certains individus parmi ses affins, mais jamais devant ses consanguins. Il est observé de façon inégale en fonction des castes, des classes, du niveau d’éducation, des lieux de résidence dans une grande partie de l’Inde du Nord, hormis au Pendjab, d’où il a disparu il y a une quinzaine d’années. Il renseigne donc sur la relation qu’une femme entretient avec son entourage.
Sa manipulation donne à voir l’organisation sociale et familiale spécifique à l’Inde du nord : mariage arrangé, résidence patrilocale en famille élargie, antagonisme et asymétrie de statuts entre les affins et les consanguins d’une femme, rapports hiérarchiques. Extension de son corps, sa gestuelle exprime les représentations autour du corps, l’esthétique et les rapports de genre. Le voile apparaît comme un « fait social total », révélant les rapports familiaux et sociaux en même temps que les représentations du corps de la femme ; il s’insère dans une pratique de couverture et d’enveloppement des corps et des objets qui renvoie au sacré. Une approche ethnologique et anthropologique du ghunghat permet de créer de nouvelles grilles de lecture des problématiques autour du voile dans d’autres espaces, en particulier en France, et ce dans une perspective comparative.
Laurence Lécuyer est anthropologue. Elle réalise, depuis plus de vingt ans, des séjours en Inde. Elle enseigne l’anthropologie et les sciences sociales à l’Inalco (Institut National des Langues et Civilisations Orientales), au département Inde-Asie du Sud-Himalaya.
Chercheuse à l’ANR LIMINAL, traitant des problématiques de l’exil, de ses langues et de ses intraduisibles, tant linguistiques que culturels, sa thèse d’anthropologie sociale et culturelle traitait du ghunghat, un voile social et non confessionnel de l’Inde du Nord. Elle a participé aux travaux de Michel Agier sur l’hospitalité. Elle commence de nouvelles recherches sur le statut social et spirituel des joueurs de dhôl, une percussion spécifique à la région du Pendjab, au Pakistan et en Inde, ainsi que sur les relations étroites entre les Sikhs et les Soufis pendant la constitution du Sikhisme comme forme religieuse.
Auteur : MERAD Ali
Issu de notables berbères influents depuis le 9e siècle, ‘Abdelhamîd Ibn Bâdîs, 1891-1940, incarne la figure de proue du réformisme indépendantiste islamiste algérien au 20e siècle. Il mit toutes ses forces et son génie au service de la cause populaire, ainsi qu’il la comprenait, c’est-à-dire basée sur la patrie, l’arabité et l’islamité ; les trois piliers de la personnalité algérienne, selon lui. En 1931, il est élu à la tête de l'Association des Oulémas Musulmans Algériens. Son activité journalistique dans la revue Chihâb, fondée par lui en 1925, lui servait à propager ses idées politico-religieuses, mais le fonds de son « salafisme » prend toute sa dimension dans les commentaires coraniques réunis ici. « Certes essentiels, le ritualisme et le légalisme doivent aller de paire avec une recherche de solutions concrètes aux malaises. Et seule la Révélation islamique porte en elle les réponses aux difficultés auxquelles les Algériens font, et feront, face… Pour édifier une cité algérienne adaptée à son époque, il faut d’abord édifier les Algériens sur les bases du Coran ».
Ali Merad, spécialiste de l’islam contemporain, est mort à Lyon le 23 mai 2017 à l’âge de 87 ans. Né à Laghouat en Algérie, il participait, encore étudiant à l’université d’Alger, au dialogue islamo-chrétien avec les Pères Blancs. En 1956, il est reçu premier à l’agrégation d’arabe. Professeur en 1962 à l’université de Lyon, puis directeur de l’Institut des études arabes et islamiques, il soutient, en 1967 à la Sorbonne, sa thèse sur le Réformisme musulman en Algérie de 1925 à 1940. Soucieux de la représentation des musulmans français, il recommandait une politique éducative préventive contre l’intégrisme.
Auteur : AINI
Né à Gilân, sur les bords iraniens de la mer Caspienne, mort et enterré à Bagdad en 1166 à 89 ans, Abd al-Kâdir al-Gîlânî fut un juriste respecté et scrupuleux doublé d’un talentueux orateur. Il occupe encore de nos jours une place axiale dans l’histoire de l’Islam, et du soufisme en particulier. Ce guide spirituel réputé, s'est illustré par son intransigeance et ses réfutations acerbes de toutes les déviations, et en particulier celles des soufis. La voie qui le caractérise est triple : respect de la personne humaine et de soi en premier, respect du Coran, respect de la tradition prophétique dûment authentifiée. Premier maître de confrérie soufie connu dans l’histoire, il montrait à ses disciples le chemin vers la réalisation individuelle et les connaissances métaphysiques. Cette voie part de la foi en Dieu, en Son prophète, en la communauté de tous les fidèles enracinés dans la loi telle que le Prophète l’enseignait. Mais cela ne devait pas empêcher l’adepte d’être conscient et concerné par les réalités et les contraintes quotidiennes et pratiques. C’est ainsi qu’il fit sortir le Soufi du repli sur soi vers une ouverture à ses semblables pour les servir.
Mehemmed-Ali Aïnî, 1868-1943, est un académicien emblématique de l’époque qui vit la fin de l’Empire ottoman et la naissance de la République turque. Il promut sa vie durant ce courant spiritualiste qui tend à déconfessionnaliser les esprits, sans les faire renoncer aux préceptes propres à telle ou telle religion. Ancré fermement dans son terreau culturel, le Fidèle doit aller dans sa pratique cultuelle vers la transcendance à la rencontre de ses frères en Dieu. Plus encore, Islam, Judaïsme et Christianisme rejoignent des cultes non-monothéistes dans ce qu’ils ont en partage sur un plan supérieur. Dans sa monumentale Histoire du Soufisme (Tasavvuf Tarihi), M.-A. Aïnî fait remonter le soufisme, terme qui vient de Sophia « Sagesse », à Adam d’Éden, Brahma d’Inde, Hermès d’Égypte, aux Grecs antiques ; la Tradition est un continuum temporel et spatial. Les éditions Geuthner publièrent naguère deux ouvrages de cet auteur traduits du turc : La quintessence de la philosophie d’Ibn ‘Arabî en 1926 puis Ismaîl Hakkî, philosophe mystique en 1933, Elles ressortent à nouveau le présent ouvrage écrit par l’auteur en français, en 1938.
Auteur : SHAHRASTÂNÎ
Né à Shahristân dans le Tadjikistan, où il meurt en 1158 à l’âge de 90 ans, Shahrastânî illustre l’esprit libre dans ce qu’il a de plus fort, de plus pur. Philosophe, rompu aux textes classiques grecs, persans et arabes, doublé d’un historien des religions précurseur, il étudia le phénomène religieux de manière scientifique. Ce qui lui permit d’en dévoiler le pendant dogmatiste et, partant, hérésiologiste qui conduisent inévitablement au fanatisme, à l’intolérance, à la violence. Auteur de plusieurs ouvrages réfutant les systèmes préétablis, il critiqua d’abord la théologie islamique, dans un langage franchement philosophique mais fondé dans la Révélation qui, pour lui, est une source de savoir supra-humain qui renseigne la Raison. Son commentaire du Coran suffit à démontrer qu’il ne se soumettait à aucune école de pensée mais prenait ce qu’il lui paraissait bon et bien là où il le trouvait. Partant de considérations sur la compilation, -rédaction ?- du Coran, il en donne un copieux commentaire des deux premières sourates. Cependant, le présent ouvrage : Kitāb al-Milal wa al-Nihal, textuellement le Livre des Croyances et des Sectes, présenté et traduit ici par J.-C. Vadet suffit à montrer que, du moins pour Shahrastânî, aucune dogmatique ne saurait contenir une religion, et encore moins l’Islam.
Né au Caire en 1931, Jean-Claude Vadet a traduit de nombreuses œuvres arabes, dont Le traité d'amour mystique de Daylami, La défense philosophique de la Sunna de Amîri, il est aussi l’auteur d’ouvrage de référence comme l’excellent Les idées morales dans l'Islam, ou bien encore L'Esprit courtois en Orient. Jean-Claude Vadet décède en 2019 à Rambouillet.
Auteur : LAOUST Henri
Le hanbalisme diffère des autres écoles juridiques sunnites par le fait qu’il est aussi un courant théologique très influent. Son fondateur, Ahmed ibn-Hanbal (780-855), considérait le Coran et la tradition du Prophète comme les seules sources de toute spéculation théologique, juridique, morale ou politique. Décrit à tort comme conservateur, le hanbalisme peut se montrer libéral et même pragmatique afin de s’adapter aux conditions réelles de la vie en société. Son intransigeance est propre au culte et à la foi.
Henri Laoust, 1905-1983, est l'auteur de travaux fondamentaux sur l’histoire des courants de pensée en Islam, il nous a laissé nombre d’études et de traductions, d’ibn Taymiyya, de Rachîd Rida, entre autres. Très documentées, ses recherches offrent des synthèses raisonnées d’une rare qualité. Une bibliographie détaillée de l'auteur figure en fin de volume.
Auteur : LAOUST Henri
Abû Hâmid al-Ghazâlî, 1058-1111, est une figure connue dès le Moyen-âge en Occident sous le nom d’Algazel : elle est emblématique de l’Islam classique. Il influença, entre autres, Averroès, Maïmonide, Thomas d'Aquin, Dante, Descartes. Après une carrière brillante au sommet de l’intelligentsia abbasside, il fut confronté aux marasmes précurseurs de la chute de Bagdad. Il la quitte à l’âge de trente-huit ans pour ne jamais y revenir. Déçu dans sa recherche d’une vérité philosophique finale, il recourt au « doute créateur » qui lui ouvre la voie soufie, où la raison passe la main à l’intuition et à la foi, en une intelligence globale qui gère, à la perfection, les cas particuliers, sans exception, dans une harmonie universelle. Ayant réussi à concilier Révélation et Expérience factuelle, il vécut ce qu’il lui restait d’une vie simple et pleine puis il mourut, à l’âge de cinquante trois ans, en paix et en toute conscience.
Henri Laoust, 1905-1983, est l'auteur de travaux fondamentaux sur l’histoire des courants de pensée en Islam, il nous a laissé nombre d’études et de traductions, d’ibn Taymiyya, de Rachîd Rida, entre autres. Très documentées, ses recherches offrent des synthèses raisonnées d’une rare qualité. « La Politique de Ghazâlî » en est un parfait exemple. Bien que cette figure ait fait l’objet de nombreux travaux, la présente œuvre restera un modèle de précision et de clarté, concernant al-Ghazâlî. Elle offre aussi un tableau d’une remarquable netteté du califat abbasside et de l’orient musulman, à une époque charnière de l’histoire universelle.
Auteur : BEN MANSOUR Mohamed
Réduite souvent à un préceptorat fondé sur des considérations matérielles et vénales, la relation entre le poète et le Prince n’a pas bénéficié d’une étude transversale qui en révèle les diverses facettes et met en lumière sa richesse et sa complexité. C’est à travers un prisme privilégié – la poésie de l’éloge et du blâme – et l’analyse de l’une des périodes les plus fécondes en termes de créativité et de production poétiques que ce travail essaie d’explorer les pouvoirs de la parole encômiastique et ses multiples interactions avec l’univers politique.
Pédagogue, laudateur, conseiller et critique du pouvoir, toutes ces manifestations de la parole poétique sont examinées à partir d’un arrière-plan philosophique et confrontées à d’autres traditions majeures comme celle des Miroirs des princes et des théologiens. Mais ce continuum thématique n’exclut pas l’existence d’une rationalité poétique dont les potentialités persuasives ont été rarement soulignées. C’est ce qu’entend élucider ce travail à travers l’analyse des virtualités pédagogiques, éthiques et politiques d’un discours dont les couleurs et les résonances sont infiniment changeantes et indéfiniment diaprées.
Agrégé d’arabe, maître de conférences à l’ÉNS de Lyon et membre du laboratoire Triangle (UMR 5206), Mohamed Ben Mansour mène des recherches sur la philosophie et la littérature arabes à travers l’étude de la relation entre savoir et pouvoir à l’âge classique de l’Islam (viie-xve).
Auteur : MONTSERRAT Claude
« Les soirs sont plus difficiles à saisir. Ils sont variables, changeants, enclins. Leurs pentes souvent se creusent. Ou s’infiltrent. Les matins sont aigus, purs, verticaux. D’une claire géométrie. Pressés de luire et de rayonner. Les soirs plongent. Allant jusqu’au profond. Assombris de beauté.Souvent nous demeurons en eux jusqu’à n’en plus finir. Et nous fermons les yeux. ».
Agrégée de Philosophie et Docteur ès Lettres, Claude Montserrat fait sa carrière principalement à l’étranger avant de rentrer à Nice enseigner en classes préparatoires. Ces voyages lui ont donné le goût de chercher par-delà la Grèce antique, les fondements persans d’une autre pensée et de la mettre en dialogue avec les fondements occidentaux. (« Sois ! », Geuthner 2016, L’à peine ou la façon de l’ange, Geuthner 2019). Ils lui ont aussi donné le sens d’une contemplation métaphysique des espaces (Cette lumière, Encre Marine 2000) et des heures comme dans Des soirs et des matins.
Auteur : BOHAS Georges
Bien que le Coran manifeste de l’hostilité envers les poètes (Les Poètes, 26, 224-226 : Ne vois-tu pas qu’en chaque vallée ils divaguent et disent ce qu’ils ne font point), cette hostilité concerne le « fond » et non la « forme » et une échappatoire est offerte aux poètes qui se rallient à la foi : (Les Poètes, 26, 227) Exception faite de ceux qui ont cru, ont accompli des œuvres pies, ont beaucoup invoqué Allāh et qui bénéficient de notre aide après avoir été traités injustement. En réalité, le Coran et la poésie arabe recourent à la même combinatoire métrique, la poésie en faisant un usage contraint et le Coran un usage libre, les deux recourant à des stratégies différentes.
Dans le Coran, la première de ces stratégies, intitulée « Le panachage métrique » est une technique commune à la poésie libre moderne et au Coran, laquelle consiste à mélanger librement des pieds pairs et impairs alors que dans la poésie ancienne ce mélange est strictement contrôlé.
La deuxième est intitulée « Le patchwork métrique ». Il s’agit de procéder à un assemblage de figures métriques disparates, incluant pêle-mêle des mètres à watid initial, médian ou final. Ces figures peuvent correspondre à un hémistiche de vers classique ou inclure un pied ou deux de plus dans les limites d’un verset.
La troisième intitulée « L’enchevêtrement métrique » est un phénomène analogue, mais dans sa version libre, les tronçons métriques pouvant apparaître au début, à la fin ou dans le cours des versets, la disposition en versets masquant une métrique largement régulière. Quelques artifices comme les syllabes orphelines initiales, médianes et finales, contribuent à occulter ces structures métriques et à les lisser pour les faire passer pour de la prose, mais elles ne sauraient échapper au regard du lecteur perspicace familiarisé avec la métrique de la poésie arabe. Ainsi, l’étude métrique purement formelle, met en évidence la relation entre poésie préislamique, Coran et poésie moderne, dévoilant un des secrets de la composition de ce livre.
Georges Bohas, membre correspondant de l’académie de langue arabe de Damas, a soutenu en 1975 une thèse en linguistique sur la métrique de la poésie arabe classique et moderne. Ses travaux ont radicalement simplifié et rénové l’étude et l’enseignement de cette science. En 2007 il a publié un article sur la métrique de la sourate al-Raḥmān et depuis il n’a cessé d’approfondir la relation entre la métrique arabe et le Coran. Une contribution importante est déjà parue dans l’ouvrage qu’il a publié en collaboration avec G. Roquet : Une lecture laïque du Coran (2018).
Auteur : FERRAND ANTOINETTE
Cet ouvrage a pour objet d’identifier la nature de la diaspora syriaque-orthodoxe de Jérusalem entre 1831 et 1948, par l’étude d’une compilation de registres baptismaux de la communauté, conservés dans la bibliothèque du monastère Saint-Marc de Jérusalem. Sans jamais avoir été un foyer d’implantation majeur de cette Église, le vicariat patriarcal jacobite de Jérusalem connaît toutefois une évolution significative entre l’ère des Tanzīmāt et la fin du mandat britannique : le monastère Saint-Marc, cœur de la présence communautaire, passe ainsi d’un maigre foyer de fidèles accueillant de temps à autre quelques pèlerins, à un refuge pour les rescapés du Sayfo, génocide perpétré au Tur ʿAbdin dans les années 1915. Les syriaques-orthodoxes de Jérusalem sont replacés ici dans le contexte de la Palestine ottomane puis mandataire, et ce afin de mieux cerner les mécanismes sociaux et religieux de leur intégration à cette ville.
Ancienne élève de l’École normale supérieure de Lyon, agrégée d’Histoire et arabisante, Antoinette Ferrand consacre ses recherches à l'histoire des sociétés arabes. Sa thèse porte sur la classe moyenne en Égypte à l'époque nassérienne.
Auteur : HASSAN Iyas
Lire le Coran à la manière d’une œuvre littéraire et esthétique ! Voici le projet audacieux et à maints égards novateur du livre d’Iyas Hassan. À partir d’un récit compact et allusif, Mūsā avec le serviteur de Dieu (Cor. 18,60-82), l’auteur propose une analyse méticuleuse et passionnante des techniques de narration à l’œuvre dans le Coran puis dans la tradition exégétique arabe telles qu’elles se manifestent dans le commentaire de Muqātil Ibn Sulaymān (m. 676). Cette double lecture permet de décrire une transition esthétique qui mène à la naissance, vers le milieu du viii e siècle, d’un nouveau récit littéraire. Elle met en exergue le rôle des narrations religieuses dans la genèse de la prose littéraire arabe et s’oppose totalement aux affirmations de spécialistes invitant à penser que ce processus a été inauguré à partir des écrits d’illustres prosateurs et secrétaires de chancellerie abbassides.
Dans son célèbre ouvrage The Art of Biblical Narrative (1981), Robert Alter soulignait les progrès de l’enquête philologique sur la Bible tout en rappelant la nécessaire contribution de l’investigation littéraire dans la quête fascinante du sens. La recherche sur le Coran connaît aujourd’hui une situation similaire et Iyas Hassan participe au renouvellement de ces approches. Bien qu’elle soit ancrée dans les études littéraires, sa contribution dépasse le lecteur uniquement soucieux de littérature pour intéresser à la fois l’historien et le théologien. Cela laisse présager que Le religieux, le narratif et le littéraire sera aux études coraniques ce que fut l’ouvrage de Robert Alter pour les études bibliques.
Iyas Hassan est agrégé d’arabe et Maître de Conférences à l’Université Lumière – Lyon 2. Spécialiste de littérature arabe classique, il a coordonné à l’Institut français du Proche-Orient (Beyrouth, 2014-2017) le programme GenèR « Genèse et évolution du récit littéraire arabe. Nouvelles perspectives » et a publié notamment La littérature aux marges du ʾadab. Regards croisés sur la prose arabe classique ainsi que Moïse l’Africain. Migration de récits et brassage de mythologies en Afrique Subsaharienne. Depuis 2013, il coédite la recension damascène du Roman de Baybars dont 17 volumes sont déjà parus. Il est responsable du programme ANR LiPoL « Littératures Populaires du Levant. Archiver, analyser et conter le Roman de Baybars au xxi e siècle » (2020-2024).
Auteur : MÉZIN Anne, VIGNE Catherine
Si des Français sont attestés à Constantinople bien avant sa conquête par les Ottomans en 1453, leur communauté ne s’y structura qu’à partir du règne de François Ier. Des marchands et artisans français s’y établirent dans les quartiers européens, y firent parfois souche et créèrent des comptoirs commerciaux. À leurs côtés, des religieux capucins, jésuites et autres lazaristes installèrent des missions et prirent en charge des paroisses catholiques. Une liaison maritime directe s’organisa à partir de Marseille, doublée par une navigation de cabotage entre les différentes échelles du Levant. Toutes sortes de Français, y compris de nombreuses femmes, se rendirent dès lors à Constantinople, pour le service du roi de France, le négoce, la navigation, la religion, les arts et sciences. Ils y demeurèrent plus ou moins longtemps, dans le cadre juridique de la « résidence au Levant ».
L’exploitation des fonds des Archives nationales, du ministère des Affaires étrangères, de la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille, de même que celle des registres paroissiaux, des mémoires, correspondances et récits de voyage, a permis d’identifier plus de huit mille individus et familles. Par nature limité et incomplet, cet ouvrage a pour seule ambition de contribuer à une meilleure connaissance de la présence des Français à Constantinople et de leur action politique, économique, intellectuelle et religieuse.
Anne Mézin est responsable aux Archives nationales des fonds des consulats d’Ancien Régime. Elle est l’auteur de travaux sur le personnel consulaire et d’inventaires analytiques de correspondances consulaires, dont celle des ambassadeurs de France à Constantinople. Elle a publié en particulier Les consuls de France au siècle des Lumières, 1715-1792 (1997) et, avec Vladislav Rjéoutski, Les Français en Russie au siècle des Lumières (2011).
Catherine Vigne, spécialiste de la peinture européenne dans l’ancien Empire ottoman, a notamment réédité en 1989 l’ouvrage de son grand-père, Auguste Boppe, Les Peintres du Bosphore au xviiie siècle. Elle poursuit ses recherches dans ce domaine et a publié des textes de voyage et des études sur l’Empire ottoman.
Auteur : LAFFITTE Roland
La langue française a emprunté, tout au cours de son histoire, des mots à la langue arabe, et cela en plusieurs vagues et dans plusieurs registres. Au-delà des emprunts proprement dits, le lexique scientifique porte de manière conséquente la marque de la langue arabe, arrivée notamment sous la plume des clercs médiévaux. On imagine aussi aisément l’ampleur du lexique politique, qui s’est considérablement étendu ces dernières décennies.
Mais il est un domaine particulièrement riche en arabismes, celui du français décoincé. Il regroupe la somme des mots qui circulent hors de la langue soutenue et disséquée sous la Coupole, pour ne garder que la variété de la langue qui court dans les rues ; celle des cités populaires et des cours d’école, comme celle des alcôves et des salles de garde, celle des émissions de télévision populaires et des différents corps de métiers, etc.
Le lexique des arabismes appartenant à ce registre est essentiellement abondé par trois sources : 1) le français colonial, introduit aux xixe-xxe siècles jusqu’en 1962, dans ses deux branches, le jargon des troupes coloniales, avec un terme connu comme toubib, et celui des Français d’Afrique du Nord qui a popularisé le mot souk ; 2) le français sorti, depuis les années 1960, des quartiers et des cités de relégation des populations issues des vagues d’immigration du Maghreb, et qui, essentiellement par les canaux de l’école et le rap, s’est déversé dans ce que l’on a appelé la langues des jeunes, et dont certains termes emblématiques sont même entrés, comme beur et kif, dans le français courant ; 3) des vieux mots entrés dans la langue aux différentes époques et recyclés par la langue décoincée, comme artichaut ou coton.
En annexe de ce vaste lexique, est présenté le vocabulaire de l’islamophobie contemporaine qui reprend, notamment dans la presse et sur la toile, les mots de l’Islam pour les retourner contre cette religion et nos compatriotes musulmans.
Roland Laffitte est chercheur indépendant et essayiste. Il est président de la SELEFA (Société d’études lexicographiques et étymologiques françaises et arabes), créée en 2002. C’est dans son cadre qu’a été menée cette étude, ainsi que celle qui a donné lieu au livre Le ciel des Arabes, paru chez Geuthner en 2012.
Auteur : KHATER Antoine, DJEBBAR Ahmed
Les résultats de nombreuses recherches menées au cours des deux derniers siècles, concernant les sciences développées au Proche-Orient entre le -xxxiiie siècle (av. J.-C.) et le +xve siècle (ap. J.-C.), sont exposés dans cet ouvrage.
La première partie concerne la contribution fondamentale des cultures du Proche-Orient ancien à la naissance et au développement des sciences, entre le -xxxiiie siècle et le +viie siècle. La question de la transmission de ces sciences à d’autres civilisations de la Méditerranée, avant le +viiie siècle, se pose. Sur ce thème précis, les éléments fournis par les sources, sont complétés par l’étude d’hypothèses crédibles sur quelques aspects de cette transmission et semblent apporter un éclairage inédit.
La deuxième partie de l’ouvrage dresse, dans un premier temps, un bilan des connaissances portant sur les héritages anciens, à l’origine de la naissance d’une nouvelle phase scientifique et technologique au Proche-Orient, et ce à partir du +viiie siècle. Un autre, provisoire, éclaire le contenu de la tradition entre le +ixe et le +xve siècles ; période de grand développement scientifique au sein de l’empire arabo-musulman et sa civilisation, avec des prolongements significatifs hors de ses frontières, à l’Est et à l’Ouest.
Ahmed Djebbar est professeur émérite de Mathématiques et Histoire des Mathématiques à l’université de Lille. Ses recherches portent sur l’histoire des activités mathématiques de l’Occident arabo-musulman, en relation étroite avec celle de l’Orient.
Antoine Khater est professeur de Physique théorique, il a travaillé au CEA Saclay et aux universités de Paris VI Jussieu et du Mans. Ses recherches portent sur la Matière condensée et la nanophysique. Il s’intéresse également à l’Histoire des sciences en Mésopotamie.
Auteur : LECOQ Pierre
Depuis l’Antiquité on connaissait l’existence d’inscriptions réalisées par les plus prestigieux souverains achéménides : Cyrus, Darius, Xerxès, Artaxerxès, etc. Pendant tout le Moyen Âge, les voyageurs européens n’ont cessé de confirmer leur présence sur les ruines grandioses des monuments perses, mais il a fallu attendre le génie du britannique Rawlinson, au début du xxe siècle, pour percer le mystère de l’écriture cunéiforme et, par la même occasion, pour identifier la langue des souverains achéménides : le vieux perse. On s’est vite rendu compte que cette langue était proche de la langue de l’Avesta, une autre langue iranienne que l’on commençait à comprendre, et que ce vieux perse était l’ancêtre du persan, par l’intermédiaire du moyen perse, la langue des inscriptions sassanides et des textes mazdéens, que l’on commençait à lire.
L’ouvrage s’ouvre par une introduction à la culture des anciens Iraniens : histoire, religion, société, calendrier et surtout un développement sur les institutions politiques, puisque le contenu des inscriptions reflète un changement important dans ce domaine. On peut comparer les événements qui y sont exposés, à la fin de la république romaine et à la fondation d’un empire par Auguste.
Ce volume comprend ensuite une initiation à la grammaire du vieux perse, un exposé sur l’écriture cunéiforme, un système graphique pratiquement alphabétique, qui n’a rien à voir avec le cunéiforme mésopotamien et dont l’origine reste une énigme. On trouvera les reproductions des inscriptions, une translittération et un glossaire presque comlet.
On peut considérer que ce manuel est une suite des Inscriptions de la Perse achéménide (1997) du même auteur, où l’on trouvera une traduction qui tient compte des versions élamites, babyloniennes et araméennes.
Pierre Lecoq est directeur honoraire de l’École Pratique des Hautes Études (IV e section), où il a occupé la chaire de Philologie et Linguistique iraniennes. Il a également enseigné à Paris III (Sorbonne-Nouvelle), à l’Inalco (Langues Orientales) et l’épigraphie iranienne à l’École du Louvre. Son intérêt pour l’Iran ancien l’a amené à publier Les inscriptions de la Perse achéménide (1997), Les Livres de l’Avesta (2016) et une traduction de Ferdowsi, Le Livre des Rois (2019). Il s’est également intéressé aux dialectes modernes : Recherches sur les dialectes kermaniens (2002).
Auteur : LECOQ Pierre
La dynastie arsacide (vers 247 av. J.-C. – 224 ap. J.-C.), de langue parthe, et la dynastie sassanide (224-651), de langue perse (moyen perse) sont sans doute moins connues que la dynastie achéménide. Cela tient au fait que presque tous les documents écrits ont été détruits lors des invasions. Cette époque était pourtant d’un niveau culturel particulièrement brillant. Divers centres d’études furent créés, de véritables universités, qui sont à l’origine des écoles d’époque musulmane. On sait que l’Iran fut un lieu de transmission des cultures voisines, comme l’Inde (Mille et Une Nuit, fables, etc.). De nombreux textes grecs relatifs à la philosophie et aux sciences (astronomie, géométrie, physique, etc.) furent traduits en moyen perse, avant de l’être à nouveau en arabe.
Il reste toutefois un certain nombre de manuscrits, rescapés du naufrage et rédigés tardivement (vers le ixe siècle). On peut également citer un roman d’époque musulmane, le Vîs et Râmine de Gorgâni. Rédigé en persan, il reprend un thème d’époque arsacide, où la littérature était de type chevaleresque. C’est aussi une œuvre qui met en valeur le rôle indépendant de la femme, qui contraste avec l’époque où elle a été rédigée.
On possède encore un certain nombre de bas-reliefs splendides, notamment à Naqš-e Rostam, non loin de Persépolis. C’est dans ce même site que l’on a découvert les inscriptions de Châpour II et du grand mage Kirdir (ou Kartēr ?), d’une importance exceptionnelle par les détails politiques et religieux qu’elles nous donnent. D’autres inscriptions, moins longues donnent des renseignements précieux, qui comblent en partie les lacunes de nos informations.
Cet ouvrage s’ouvre avec une présentation générale des langues iraniennes et se poursuit par une introduction à l’histoire et à la culture des Parthes et des Perses. Après un exposé sur l’écriture, issue du système graphique araméen, puis sur la grammaire des deux langues, on trouvera les reproductions de plusieurs inscriptions, avec translittération et traduction. Le volume se termine par un glossaire.
Pierre Lecoq est directeur honoraire de l’École Pratique des Hautes Études (IV e section), où il a occupé la chaire de Philologie et Linguistique iraniennes. Il a également enseigné à Paris III (Sorbonne-Nouvelle), à l’Inalco (Langues Orientales) et l’épigraphie iranienne à l’École du Louvre. Son intérêt pour l’Iran ancien l’a amené à publier Les inscriptions de la Perse achéménide (1997), Les Livres de l’Avesta (2016) et une traduction de Ferdowsi, Le Livre des Rois (2019). Il s’est également intéressé aux dialectes modernes : Recherches sur les dialectes kermaniens (2002).
Auteur : LECOQ Pierre
L’importance et la richesse des langues iraniennes sont peu connues du grand public occidental. Elles forment pourtant une vaste famille qui couvre un immense espace : une partie importante du Caucase, l’est de la Turquie, le nord de la Syrie et de l’Iraq, l’Iran, l’Afghanistan, le Tadjikistan et la partie occidentale du Pakistan.
Le persan est certes bien connu. Cette langue sert de moyen d’expression à une vaste littérature, aussi riche et originale que ses voisins arabes et indiens. Ferdowsi, Omar Khayam, Sa’adi, Nezâmi, Hâfez sont des poètes qui ont gagné une reconnaissance universelle. Le persan fut aussi langue administrative et culturelle, en Inde, à l’époque moghole, avant d’être remplacée par l’ourdou, puis l’anglais. D’autres langues, comme le kurde, le pashto, le baloutchi élaborent une littérature prometteuse. L’ossète du Caucase est la langue des anciens Scythes sédentarisés et il a conservé des récits qui remontent à la plus haute antiquité.
Cet ouvrage a été professé pendant de nombreuses années. On lui a laissé son caractère de manuel. On y trouvera donc une brève introduction à la phonétique et un exposé sur les principes qui gouvernent l’évolution des langues. Il est sans doute superflu de préciser que ces chapitres sont élémentaires, mais on espère que le lecteur profane y trouvera quelque profit, d’autant plus que l’exposé sur les langues iraniennes est résolument orienté vers la diachronie.
Les langues iraniennes font partie d’une grande famille : celles des langues indo-européennes. Le chapitre sur les langues indo-européennes a été conçu, comme c’est l’usage, dans une perspective proprement historique, mais il fait également place aux données de la philologie. On y trouvera, en outre, un exposé sur la culture des Indo-Européens, dont la connaissance, même superficielle, permet d’apprécier maints faits culturels de la civilisation iranienne avant l’Islam. Ce chapitre est lui aussi fort succinct, mais on espère qu’il servira d’introduction à des ouvrages plus élaborés, difficiles d’accès pour les débutants.
Pierre Lecoq est directeur honoraire de l’École Pratique des Hautes Études (IV e section), où il a occupé la chaire de Philologie et Linguistique iraniennes. Il a également enseigné à Paris III (Sorbonne-Nouvelle), à l’Inalco (Langues Orientales) et l’épigraphie iranienne à l’École du Louvre. Son intérêt pour l’Iran ancien l’a amené à publier Les inscriptions de la Perse achéménide (1997), Les Livres de l’Avesta (2016) et une traduction de Ferdowsi, Le Livre des Rois (2019). Il s’est également intéressé aux dialectes modernes : Recherches sur les dialectes kermaniens (2002).
Auteur : Collectif
études syriaques
Cette série est destinée à regrouper des études thématiques faisant le point sur différents aspects de l’histoire ou de la culture syriaques,
celles des communautés chrétiennes dont la langue de culture est le syriaque (maronites, syriaques catholiques et orthodoxes, assyro-
chaldéens, communautés du Proche-Orient et de l’Inde...).
À la lumière de la montée des nationalismes et des tragédies qui ont dévasté les communautés chrétiennes d’Orient au début du xxe siècle, les quatre siècles de domination ottomane qui ont précédé sont encore souvent considérés comme un âge sombre, de décadence et de répression. Ce volume, consacré aux évolutions culturelles, insiste au contraire sur le dynamisme et l’inventivité des chrétiens de tradition syriaque durant cette période.
La juxtaposition d’articles dédiés aux maronites, aux syriaques orthodoxes et aux chrétiens de l’Église de l’Est montre la grande hétérogénéité des situations entre Églises et à l’intérieur de chacune d’elles, mais fait aussi apparaître des évolutions communes. L’époque est avant tout marquée par l’influence toujours plus forte du christianisme moderne, catholique d’abord, puis également protestant. Celle-ci aboutit à des ruptures institutionnelles, avec la formation de dénominations catholiques et protestantes en compétition avec les hiérarchies traditionnelles. Mais surtout, elle amène des changements culturels profonds, avec entre autres l’introduction de l’imprimerie et la croissance de la production de manuscrits.
Dans un contexte de compétition et d’émulation, le retour à la tradition, la recherche des sources, l’appel à l’histoire, ont offert à chaque communauté confessionnelle les instruments pour justifier ses positions institutionnelles et dogmatiques respectives et ainsi renforcer la conscience de soi-même. Ces instruments étaient fournis par la nouvelle érudition européenne, à laquelle des Orientaux apportèrent leur contribution. Une culture standardisée, prenant d’avantage appui sur l’écrit, traçant plus nettement les contours de chaque dénomination, s’est ainsi progressivement mise en place.
La langue syriaque a joué un rôle dans l’éveil de cette conscience. Les nombreux ouvrages linguistiques produits durant la période révèlent à la fois l’attachement à cette langue, et son ignorance, nécessitant un apprentissage. Partout, le syriaque partage le territoire de sa pratique avec l’arabe ou avec des langues vernaculaires. Parmi celles-ci, des dialectes araméens deviennent des langues écrites et littéraires. Au xixe siècle, les enquêtes de linguistes européens, ainsi que les ouvrages et périodiques imprimés par des missionnaires protestants et catholiques, contribuent à l’émergence de formes standardisées de l’araméen moderne, instruments d’une prise de conscience ethno-politique des chrétiens de tradition syriaque.
C’est dans le même contexte et avec l’appui de l’érudition européenne que des narrations historiques, qui constituent encore de nos jours la trame des récits historiques communautaires, furent élaborées à partir du xviie siècle. Elles furent complétées au cours du xixe siècle par les apports de l’archéologie, alors en pleine expansion. Elles contribuèrent à la naissance d’aspirations nationalistes qui toutefois se virent contrariées dans les nouveaux États issus du démantèlement de l’Empire ottoman après la première guerre mondiale.
Auteur : HAYOUN Maurice-Ruben
La pratique religieuse juive
Le temple ayant été détruit en l’an 70, la piété du sanctuaire fut désertée pour une mutation imposée par l’histoire. Elle
laissa une trace profonde dans le judaïsme exilique naissant. La Tora écrite et la Tora orale sont deux éléments
étroitement liés l’un à l’autre : une partie historique et narrative de laquelle procède une lecture théologique de
l’histoire, et une autre juridico-légale, tissée de commandements, de préceptes, de prescriptions, d’interdits et de
statuts. La foi ne lui suffit pas ; il lui faut aussi la Loi.
La pratique religieuse quotidienne qui recommande de prier trois fois par jour représente un fondement rituel inséparable
du judaïsme rabbinique. Elle impose des interdits matrimoniaux mais aussi alimentaires, sans oublier une scrupuleuse
observance des lois réglant la journée du sabbat…
Mais Israël a dû procéder à des révisions dans sa pratique religieuse quotidienne : plus de services des Lévites, plus
de sacrifices quotidiens, plus de possibilités d’obtenir comme auparavant la rémission des péchés. La persistance
dans un état d’impureté était une situation intolérable aux yeux de l’ancienne théologie.
Alors, comme toute réalité historique, ce judaïsme, privé de son temple et de la centralité du culte, est tombé dans le
creuset de l’évolution et à dû se refaçonner, conformément aux nécessités du temps présent.
Maurice-Ruben HAYOUN est professeur des universités, spécialiste de la philosophie médiévale juive et arabe
(Maïmonide, ses précurseurs et ses épigones, Averroès, al-Farabi, ibn Baja et ibn Tufayl) et du renouveau de la
philosophie juive en Allemagne de Moïse Mendelssohn (1729-1786) à Emmanuel Levinas (ob. 1995) en passant par
Martin Buber, Gershom Scholem, Franz Rosenzweig et Léo Baeck.
Ses principales publications sont : Les Lumières de Cordoue à Berlin, 2 volumes 1996, Agora. Léo Baeck, conscience du
judaïsme moderne, Armand Colin, 2013. Martin Buber, Agora, 2014. Franz Rosenzweig, Agora, 2015. Emmanuel Levinas, philosophe-herméneute,Agora, 2017.
Auteur : SALEH KAYALI Zeina
Figures musicales du Liban est une collection dont le but est de faire connaître le patrimoine musical libanais des 20e et 21e siècles. Toute personne ayant contribué par son travail ou sa passion à apporter une pierre à l’édifice encore fragile des musiques savantes libanaises peut y trouver sa place. Aux couleurs de l’âme libanaise, tantôt d’Orient ou d’Occident, pont entre les cultures, le patrimoine musical libanais trouve ici un écrin qui lui donne, auprès des Libanais ainsi que des mélomanes en général, la visibilité qu’il mérite.
Zeina Saleh Kayali s’attache depuis de nombreuses années à faire connaître le patrimoine musical libanais. Elle est co-fondatrice du Centre du Patrimoine Musical Libanais (CPML - Espace Robert Matta), et du festival Musicales du Liban qui se tient à Paris tous les ans. Elle a fondé et dirige cette collection.
Georges Baz (1926-2012), que l’on appelait le « Debussy libanais », était non seulement un grand compositeur au catalogue raffiné et élégant, mais également un acteur fondamental de la vie musicale libanaise des années 1950-1980. Critique musical, témoin privilégié de son temps, Georges Baz a fidèlement rendu compte dans la presse francophone libanaise de l’actualité musicale, dans un Liban qui s’éveillait à la musique classique. Sa bienveillance naturelle le portait à valoriser ses collègues musiciens et à découvrir et aider les jeunes talents en devenir. Que justice soit rendue à Georges Baz et que sa discrétion légendaire ne devienne pas synonyme d'oubli.
Auteur : NEYESTANI Mohammadreza
Le waqf est l’une des institutions socioculturelles religieuses majeures du monde musulman, en vigueur dans les sociétés islamiques depuis les débuts de l’islam jusqu’à nos jours.
Résultat d’une recherche admirable à partir de sources de première main, l’auteur publie une analyse de la jurisprudence chiite imâmite duodécimaine relative à l’encadrement des fondations waqfs dans l’Iran safavide du xvie au xviiie siècle.
Il examine, tour à tour et de manière complémentaire, les waqfs royaux – créés par des hommes et des femmes – ainsi que ceux cités dans les hadiths de la tradition chiite duodécimaine (présentation, traduction et analyse) puis se concentre sur les positions des jurisconsultes les plus influents quant à la praxis et à la théorie du waqf puis termine sur les pratiques de waqf dans la société safavide. Cette approche tripartite s’appuie sur les fondements théoriques du waqf ainsi que ses pratiques en islam chiite duodécimain. Inédite et dans une double perspective historique et islamologique, cette étude constitue un premier jalon dans la compréhension de la spécificité du waqf chiite dans un cadre géo-historique précis mais qui façonne les bases d’une jurisprudence toujours d’actualité.
Mohammadreza Neyestani est chercheur en islamologie et docteur de l’université Aix-Marseille en histoire moderne du monde arabe et musulman avec pour spécialité l’Iran du xvie au xviiie siècle. Enseignant au département d’histoire de l’Université d’Ispahan. Il s'intéresse, dans une perspective interdisciplinaire, à l’histoire et à la jurisprudence chiites de la science islamique. Il est responsable de la base de données en Humanités Numériques du Groupe de Recherche International, au CNRS, « Fondation waqf en terre d'islam ». Il a participé à plusieurs séminaires et conférences internationales et a codirigé de 2014 à 2016 un séminaire sur ce sujet à l'EHESS (IISMM), Paris et a publié plusieurs articles.
Auteur : GIGNOUX Philippe
Ce lexique repose sur un manuscrit (BnF syriaque 423), qui, pour partie,
traduit des extraits de Galien et de Dioscoride, mais propose aussi un
texte inédit rédigé directement en syriaque et qui offre une quantité
de noms de plantes médicinales, mais aussi de produits animaux ou
minéraux entrant dans les compositions pharmacologiques. Les noms
de ces ingrédients sont souvent glosés dans des langues comme le grec
(les plus nombreux), l’arabe, l’arabo-persan.
Les entrées sont en français, de nombreux index permettant de
naviguer dans cet océan linguistique et savant.
Auteur : HAYOUN Maurice-Ruben
Moïse aurait reçu sur le Mont Sinaï, non pas une mais deux
Torah. C’est, du moins, la réponse faite à une haute personnalité
romaine qui pose à un disciple des Sages la question
suivante : Mais combien de Torah avez-vous donc ? Deux,
répondit le Sage sans la moindre hésitation. Par la suite,
cette réponse a été théorisée pour expliquer que ces deux
traditions, écrite et orale, sont comme des vases communiquant
et bénéficient de la même légitimité. L’existence et la
légitimité de cette même Torah orale ont été contestées au
sein du judaïsme lui-même. Déjà dans l’Antiquité, les Sadducéens
contestaient l’origine de certaines lois ou rites absents
de la Tora écrite… Plus tard, ce sera vers les VIII-IXe
siècles, le tour des karaïtes (d’où leur nom, tiré de Mikra :
le texte écrit et qu’on lit) de contester, voire de rejeter violemment
cette tradition orale. Enfin, dans l’Europe du Siècle
des Lumières, notamment en Allemagne, on assiste à
l’émergence du judaïsme libéral ou réformé qui tentera, à
son tour, de s’émanciper de certaines interprétations ou
exégèses, non conformes à la lettre de la Torah écrite. Mais
aujourd’hui, en Israël, une forme de consensus semble s’imposer
qui consacre un certain rapprochement, non dénué de
quelques arrière-pensées, entre les deux tendances du judaïsme
contemporain.
Maurice-Ruben HAYOUN est professeur des universités,
spécialiste de la philosophie médiévale juive et arabe
(Maïmonide, ses précurseurs et ses épigones, Averroès, al-
Farabi, ibn Baja et ibn Tufayl) et du renouveau de la
philosophie juive en Allemagne de Moïse Mendelssohn
(1729-1786) à Emmanuel Levinas (ob. 1995) en passant par
Martin Buber, Gershom Scholem, Franz Rosenzweig et
Léo Baeck.
Ses principales publications sont : Les Lumières de Cordoue
à Berlin, 2 volumes 1996, Agora. Léo Baeck, conscience du
judaïsme moderne, Armand Colin, 2013. Martin Buber,
Agora, 2014. Franz Rosenzweig, Agora, 2015. Emmanuel
Levinas, philosophe-herméneute,Agora, 2017.
Auteur : Collectif, FAÜ Jean-François
Sous la direction de Jean-François Faü
Préface de Thierry Verdel
Cet ouvrage fait suite au colloque PPPN, « De la pierre au papier, du papier au numérique : quels moyens de sauvegarde du patrimoine ? » qui s’est tenu à l’Université Senghor, à Alexandrie, en Égypte, en février 2019.
Les conséquences de la globalisation économique et les aléas d'un terrorisme de plus en plus nihiliste réactualisent les risques de destruction du patrimoine dans les pays du Sud, plus précisément en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient. En effet, le contexte international, marqué par le pillage de sites archéologiques au Mali, en Syrie ou en Libye, et lié à la montée des mouvements fondamentalistes, nous rappelle que cette question du rapport au passé constitue un enjeu de société. La protection du patrimoine culturel peut, dès lors, être analysé à l’aune de deux concepts, complémentaires mais parfois opposés : d’une part, la symbolique culturelle et cultuelle des objets mobiliers et ainsi que celle des monuments, et d’autre part, leur valeur, réelle ou supposée, sur le marché de l’art. Ainsi, notre conscience patrimoniale naît à la fois du sentiment de la perte potentielle et de l’urgence induite.
Face à cette réalité, les débats de ce colloque ont porté sur la question de savoir si le numérique pouvait constituer une solution de sauvegarde du patrimoine en péril ?
Pour y répondre, des scientifiques, universitaires, chercheurs et professionnels du patrimoine, provenant principalement du monde francophone et originaires de pays différents, ont partagé leur réflexion sur la sauvegarde du patrimoine, tant matériel qu’immatériel. À partir de cas présentés et de réflexions méthodologiques partagées, cet ouvrage apporte un nouvel éclairage sur les pratiques de conservation durable du patrimoine du Sud, arabe et africain.
Auteur : CUPERLY Pierre
Etudes ibadites
Cette collection réunit des études thématiques sur l’ibadisme, courant de l’islam présent à travers des communautés vivant à Oman, Zanzibar, Djebel Nafoussa (Libye), l’île de Djerba et le Mzab (Algérie). Elle s’attache à mettre en lumière la diversité des approches scientifiques, académiques et patrimoniales traitant de ces communautés à travers des perspectives historiques, théologiques et culturelles. La collection comprendra à la fois des inédits et des rééditions scientifiques de textes.
Les deux premiers volumes bilingues inaugurant la collection veulent être un hommage à Pierre Cuperly, figure pionnière des études sur la théologie ibadite dont les travaux restent inégalés. Leur composition obéit à un découpage à la fois thématique et chronologique. Cela renforce la cohérence de chaque volume en suivant le cheminement de sa réflexion scientifique et spirituelle dans un contexte de bouleversements politiques, sociaux et religieux au Maghreb depuis les indépendances.
Ce volume reprend ses études sur la théologie ibadite, ses échanges avec les oulémas mozabites ainsi que des traductions et éditions critiques de textes médiévaux, pour la plupart inédits.
« Toute langue dit Dieu », Kullu lisân yaqûl Allah, écrivait-il. Cette sentence qui à elle seule traduit une œuvre et un engagement dédiés à la fraternité spirituelle, en appelle à la réflexion salutaire sur les rapports entre pensée et action, particulier et universel.
Le Père Pierre Cuperly (1932-2007) a été membre de la Société des Missionnaires dʼAfrique (Pères blancs). Ordonné prêtre le 30 janvier 1960, il a étudié, durant trois ans, lʼarabe et lʼislamologie à lʼIPEA de la Manouba et servi trois autres années au collège dʼAïn Sefra. Envoyé dans la communauté des Pères blancs de Ghardaïa, il a pu étudier sur place le monde ibadite, sujet de la thèse de doctorat quʼil a soutenue à Paris IV en 1982, Introduction à lʼétude de lʼIbadisme et de sa théologie. Il fréquentait alors souvent le monastère de Tibhirine et partageait volontiers, avec Christian de Chergé, ses recherches spirituelles. Il travailla ensuite au Centre des Glycines à Alger, puis fut envoyé à Rome, au Pisai. En 1986, il est entré dans les Fraternités Monastiques de Jérusalem et vécut dans la Fraternité de Paris, puis dans celle de Blois. Il passa ses dernières années dans leur maison de Magdala, en Sologne, où étaient régulièrement organisées des rencontres interreligieuses.
Auteur : GIRARDIN Michaël
Culture archéologique du judaïsme ancien
Cette collection se conçoit comme un ensemble d’études thématiques circonscrites aux traces archéologiques du judaïsme ancien et leurs interprétations. Chaque volume cherche à ordonner le matériel archéologique exhumé sur un sujet donné afin de contribuer à caractériser la culture d’hommes et de femmes qui se perçoivent et/ou qu’on perçoit comme juifs ou juives dans l’Antiquité et au Moyen Âge.
La collection s’inscrit dans la perspective de la culture archéologique, c’est-à-dire l’étude d’un ensemble d’objets jugés significatifs et présentant une récurrence d’un site archéologique à l’autre, à une époque donnée plus ou moins longue et dans un ensemble géographique à définir, qui caractérise une société ou un groupe humain. Chaque volume constituant un pan matériel de la culture du judaïsme ancien.
« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » : cette phrase bien connue des Évangiles s’éclaire d’un jour nouveau à mesure que se poursuivent les enquêtes historiques portant sur la fiscalité en Judée du tournant de notre ère.
Cette première synthèse complète sur la fiscalité de Judée invite à se demander si cette matière froide et technique ne serait pas, au contraire, une matière brûlante, « éveilleur de révoltes », à la fois un reflet et un condensé des complexités économiques, politiques, sociales voire théologiques ?
Quels sont les impôts prélevés ? Quels sont les moyens de paiement ? Est-il vrai que le temple de Jérusalem n’acceptait que les shekels de Tyr ? Pourquoi l’impôt romain dérangeait-il les contemporains de Jésus ? Quelle est la place des relations financières dans l’histoire politique de la Judée ? Ces questions, parmi tant d’autres, reçoivent ici une réponse à la fois à jour des découvertes les plus récentes et accessible au public spécialiste autant que curieux.
Michaël GIRARDIN est agrégé d’histoire et docteur en histoire ancienne. Il est maître de conférences en histoire ancienne à l’Université du Littoral depuis 2019. Ses travaux portent sur la situation fiscale et sur les enjeux sociaux, politiques et théologiques de la fiscalité en Judée au tournant de notre ère.
Auteur : CUPERLY Pierre
Textes réunis et édités par
Yacine Daddi Addoun et Soufien Mestaoui
Etudes ibadites
Cette collection réunit des études thématiques sur l’ibadisme, courant de l’islam présent à travers des communautés vivant à Oman, Zanzibar, Djebel Nafoussa (Libye), l’île de Djerba et le Mzab (Algérie). Elle s’attache à mettre en lumière la diversité des approches scientifiques, académiques et patrimoniales traitant de ces communautés à travers des perspectives historiques, théologiques et culturelles. La collection comprendra à la fois des inédits et des rééditions scientifiques de textes.
Les deux premiers volumes bilingues inaugurant la collection veulent être un hommage à Pierre Cuperly, figure pionnière des études sur la théologie ibadite dont les travaux restent inégalés. Leur composition obéit à un découpage à la fois thématique et chronologique. Cela renforce la cohérence de chaque volume en suivant le cheminement de sa réflexion scientifique et spirituelle dans un contexte de bouleversements politiques, sociaux et religieux au Maghreb depuis les indépendances.
Ce volume s’articule en deux temps : il rassemble toutes les études d’histoire sociale et culturelle sur le Mzab et le monde arabe de Pierre Cuperly, alors Père Blanc au sein de la Société des Missionnaires d’Afrique, puis une sélection d’études de spiritualité islamo-chrétienne, au moment où il rejoint les Fraternités monastiques de Jérusalem.
« Toute langue dit Dieu », Kullu lisân yaqûl Allah, écrivait-il. Cette sentence qui à elle seule traduit une œuvre et un engagement dédiés à la fraternité spirituelle, en appelle à la réflexion salutaire sur les rapports entre pensée et action, particulier et universel.
Le Père Pierre Cuperly (1932-2007) a été membre de la Société des Missionnaires dʼAfrique (Pères blancs). Ordonné prêtre le 30 janvier 1960, il a étudié, durant trois ans, lʼarabe et lʼislamologie à lʼIPEA de la Manouba et servi trois autres années au collège dʼAïn Sefra. Envoyé dans la communauté des Pères blancs de Ghardaïa, il a pu étudier sur place le monde ibadite, sujet de la thèse de doctorat quʼil a soutenue à Paris IV en 1982, Introduction à lʼétude de lʼIbadisme et de sa théologie. Il fréquentait alors souvent le monastère de Tibhirine et partageait volontiers, avec Christian de Chergé, ses recherches spirituelles. Il travailla ensuite au Centre des Glycines à Alger, puis fut envoyé à Rome, au Pisai. En 1986, il est entré dans les Fraternités Monastiques de Jérusalem et vécut dans la Fraternité de Paris, puis dans celle de Blois. Il passa ses dernières années dans leur maison de Magdala, en Sologne, où étaient régulièrement organisées des rencontres interreligieuses.
Auteur : DOUAIHY Antoine
Placée depuis un siècle et demi au centre de la vie politique mouvementée du Mont-Liban puis du Liban, Zghorta demeure pourtant parmi les endroits les plus enveloppés de mystère au Levant. Située depuis de longs siècles sur la ligne frontalière entre le « pays maronite » et l’environnement islamo-ottoman, cette forteresse avancée n’est en réalité que la ville d’hiver de son « double », Ehden, terre des origines, plantée à quelques mille cinq cent mètres d’altitude au dessus d’elle, dans la haute montagne libanaise du Nord, face au rivage méditerranéen.
Le mythe de Zghorta et le stéréotype du Zghortiote sont tellement ancrés dans la « conscience collective » libanaise, voire moyen-orientale, qu’ils nourrissent à l’égard de cette société des attitudes passionnelles et des réactions contradictoires qui ne manquent pas d’en affecter profondément la vision. La société de Zghorta présente à ce niveau le modèle le plus achevé des traditions guerrières, du type d’organisation socio-politique « clanique », des coutumes de justice privée, de l’esprit d’indépendance montagnarde et du sentiment de différence, voire de supériorité, fondé sur l’appartenance à une collectivité particulière.
Dans un ouvrage de référence, d’une grande rigueur, l’auteur analyse cette société perçue au milieu des mutations majeures de la Montagne libanaise, puis du Liban, entre les massacres de 1860 et la guerre de 1975. Une destinée liée à l’ambition libanaise ancestrale d’indépendance et de liberté, aux secousses de l’irruption dans la modernité, à travers la montée de l’Europe en Méditerranée, la Première Guerre mondiale, la chute de l’Empire ottoman, le Mandat français, la décolonisation et le devenir actuel de la région.
Un ouvrage capital et inédit, sur Zghorta et le Mont-Liban.
Antoine Douaihy est professeur d’université, docteur en anthro-pologie sociale et culturelle de l’Université René-Descartes Paris V, auteur de plusieurs ouvrages et articles notamment en langue française, sur l’histoire culturelle du Liban. Poète et romancier, attaché aux valeurs de liberté et de sauvegarde du patrimoine libanais, il dispose également d’une œuvre littéraire conséquente en langue arabe.