Auteur : EL-LAHHAM Wissam
Au Liban, la pactologie est l’arme par laquelle le pouvoir politique décide de suspendre la constitution au nom de la concorde confessionnelle. Sous prétexte d’équilibre national, l’émergence d’une « pactocratie » fait le jeu des seigneurs de la guerre qui se sont partagés, notamment après 2005, les dépouilles d’un État et pris en otage une société civile toujours menacée par la crainte d’une éventuelle «guerre civile ».
Cet ouvrage pluriellement référencé et par une approche interdisciplinaire associe la théorie du droit, l’histoire politique et le droit constitutionnel dont il questionne les pratiques. Il confronte le Pacte national à tous les concepts politico-juridiques capables d’élucider sa nature mais devenus inopérants dans le contexte libanais : démocratie consociative, coutume, conventions de la constitution, fédéralisme, contrat social, légitimité. Seule, du point de vue de l’auteur, la théorie décisionniste de Carl Schmitt semble apte à fournir une interprétation de l’équilibre entre politique et constitution du Liban actuel.
Wissam el-Lahham est Maître de conférences à l’Institut des Sciences politiques de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Il enseigne la théorie politique, les régimes politiques du Liban et du Monde Arabe ainsi que le droit constitutionnel libanais. Chercheur affilié au Legal Agenda, il y dirige le département des études constitutionnelles.
Auteur : MOUSSALI Bernard
Le Congrès de musique arabe, en 1932, qui avait rassemblé au Caire de nombreux musicologues d’Orient et d’Occident, ainsi que des musiciens du monde arabe, vit se confronter plusieurs visions de la future musique arabe moderne : d’une part, des conservateurs qui pensaient en termes de fidélité à la tradition de l’improvisation et du ṭarab (l’émotion musicale indissociable de la performance vivante), et d’autre part, des réformistes qui souhaitaient utiliser les outils de la musique occidentale, notamment pour s’adapter à la radio, au cinéma et à l’écoute de masse. À cette occasion, de nombreux enregistrements furent effectués sur disques 78 tours : musiques d’Égypte, classique, populaire et religieuse ; musiques arabes, principalement : Irak, Algérie, Tunisie et Maroc. Après leur publication par la Bibliothèque nationale de France en 2015, basée sur la documentation de l’historien franco-libanais Bernard Moussali, 1953-1996, ces enregistrements importants n’ont pourtant pas livré tous leurs secrets.
Bernard Moussali, qui préparait dans sa thèse de doctorat une analyse des débats du Congrès, avait mis cet événement crucial en perspective avec la période ottomane tardive, la Renaissance arabe, Nahda, et les débats entre musiciens et musicologues du Proche-Orient, ainsi qu’avec le mécénat des khédives d’Égypte depuis le XIXe siècle. Il remettait aussi ces débats dans le contexte de l’émergence des premiers enregistrements commerciaux des musiques arabes de l’Orient et du Maghreb, ainsi que des évolutions en cours depuis le début du XXe siècle. Les débats entre tradition et modernité, qui soulèvent la grande question de l’identité culturelle arabe, sont toujours pleinement d’actualité. Après la disparition de B. Moussali, Jean Lambert a édité ce texte inachevé, en lui fournissant les nécessaires compléments apportés par la recherche depuis les vingt-cinq dernières années. Il en résulte une proposition d’interprétation des significations historiques et anthropologiques de ce Congrès : comment concilier le sentiment de parenté et d’unité de civilisation, spontanément perçu par les Arabes, avec la grande diversité de leurs traditions musicales ? Comment concevoir une future musique arabe de manière universelle, à la fois inventive et inclusive de ses riches sources et ressources culturelles ? Des questions que beaucoup se posent encore...
Auteur : DÉDÉYAN Gérard, LE GOFF Jacques
Aigues-Mortes est une cité magique, envoûtante, prenante à tel point qu’on est toujours à se demander quelles raisons mystérieuses ont pu déterminer les conseillers et les ingénieurs du roi Louis ix à choisir ce lieu aride et désert, entouré de marais malsains et dépourvu d’eau potable, pour y bâtir une ville qui, dans l’esprit de ses créateurs, devait devenir le centre commercial et maritime du royaume de la Méditerranée.
René JEANNOT
Durant son année de captivité en Égypte, en 1250, Saint Louis a eu plusieurs entretiens avec les émirs qui le retenaient prisonnier. Dans ces conversations, il a eu des surprises. Lui qui était venu dans l’idée dominante en Chrétienté que les musulmans n’avaient pas de religion, mais étaient des païens ensorcelés par le sorcier Mahomet, il s’aperçut que les émirs étaient, quoique dans l’erreur, des hommes profondément religieux, parfois plus que les meilleurs chrétiens.
Jacques LE GOFF
Ce moment historique de la fin du xiiie siècle, qui coïncide avec l’accession au trône de Jacques II en 1291, se traduit par une rénovation de la manière de percevoir le monde méditerranéen depuis Barcelone. L’argent arrive sans aucun obstacle à la ville, qui se montre à chaque fois plus réceptive aux valeurs mercantiles. D’autre part les partisans de la conquête militaire n’avaient bénéficié qu’épisodiquement d’un meilleur support auparavant. Le point commun à ces faits est la consolidation de l’État monarchique. Sous Jacques II, Barcelone s’oriente vers le modèle économique qui s’était formé en Sicile, sous le règne de Frédéric II, et qui était en fait bien antérieur.
Jose Enrique RUIZ-DOMÈNEC
Jihad et croisade ont pour particularité d’être deux violences sacrées, inspirées et justifiées par la foi, et ont façonné profondément les mentalités respectives de l’Islam et de l’Occident. Chrétienté et Islamité s’étaient affrontées dès le départ dans un duel sans merci. À la fin du XVIe siècle, la balance commença à pencher sérieusement en faveur de la Chrétienté.
Mohamed TALBI
Nous avons la chance d’avoir à ce propos le témoignage du roi lui-même, dans sa lettre d’août 1250, que corroborent les souvenirs du sire de Joinville sur les propos tenus au cours du conseil qui suivit l’arrivée des nouvelles d’Égypte (§437). « Nous étions venus au secours de la Terre sainte », écrivait le roi pour justifier sa décision de différer son retour en France jusqu’à ce qu’il eût remédié à l’état de la Syrie franque. Et Joinville lui fait dire : « Si je m’en vais, cette terre est perdue. J’ai donc considéré qu’à aucun prix je ne laisserai le royaume de Jérusalem se perdre, lui que je suis venu protéger et conquérir.
Jean RICHARD
Le moment est venu de conclure, en disant que la Méditerranée à l’époque de Saint Louis, ce n’est peut-être plus le nombril du monde. Ce qu’il me paraît intéressant de voir, c’est que, jusque-là, les différentes nations – enfin nations est un terme impropre, disons les différents ensembles civilisés – vivaient autour de la Méditerranée comme des grenouilles autour d’une mare, mais, à partir de l’époque de Saint Louis, le monde se dilate, il va depuis le Maroc jusqu’à Pékin, depuis Londres jusqu’à la mer Rouge et la Perse : il y a donc une sorte de déplacement de ce centre du monde qu’il me paraît important de souligner.
Michel BALARD
Auteur :
Cette série est destinée à regrouper des études thématiques faisant le
point sur différents aspects de l’histoire ou de la culture syriaques,
celles des communautés chrétiennes dont la langue de culture est le
syriaque (maronites, syriaques catholiques et orthodoxes, assyro-
chaldéens, communautés du Proche-Orient et de l’Inde...).
Les sources syriaques qui nous sont parvenues émanent dans leur grande majorité des élites ecclésiastiques et savantes. Il était donc naturel que les études syriaques se focalisent d’abord sur les doctrines et les pratiques normatives promues par ces auteurs. Au sein de ce champ d’étude, une autre veine historiographique s’est concentrée sur la magie et les sciences occultes. L’adjectif « populaire », entendu dans ces deux acceptions de « répandu » et de « relatif au peuple », est appliqué ici à la notion de religion afin de proposer un autre angle de vision : à travers des textes mais aussi des fresques, des graffitis et des objets magiques, les auteurs mettent en lumière la religion d’un monde mal connu, celui des chrétiens ordinaires de tradition syriaque. Des acteurs tels que les femmes et les paysans, souvent illettrés et donc exclus de la culture ecclésiastique savante et, de ce fait, en grande partie négligés par les chercheurs contemporains, parviennent pourtant à prendre corps au fil des chapitres de ce volume. Les différents contributeurs démontrent qu’« illettré » ne signifiait pas « ignorant » et que « populaire » ne rimait pas nécessairement avec « subversif ». Un autre rapport à l’écrit, à la piété et aux pouvoirs surnaturels émerge plutôt de l’examen des sources, souvent inédites ou sous-exploitées. Enfin, des rituels parfois en marge de la liturgie des Églises institutionnelles sont étudiés ici comme certains rites funéraires, des pratiques magiques et différents aspects du culte des saints.
La multiplicité des approches et des sources convoquées offrira aux syriacisants mais aussi aux historiens et aux folkloristes spécialistes d’autres domaines une première exploration de la religion chrétienne telle qu’elle était vécue au Proche-Orient, de l’Antiquité tardive à la période ottomane. La bibliographie chrono-thématique qui clôt le volume leur permettra de s’orienter dans ces champs encore nouveaux pour les études syriaques.
Auteur : REGOURD Anne, MIRZA SANA
Catalogue of the Manuscripts in the Sherif Harar Municipal Museum
The Qurʾans
Préface de
Bruno Delmas
Foreword
ʿAbdullahi ʿAli Sherif
sources africaines
Une nouvelle histoire du continent africain est en train de s’écrire, à partir de l’étude des manuscrits rédigés sur place en arabe et dans les langues locales. Ces sources africaines de nos connaissances appellent la multiplication d’éditions critiques scientifiquement établies par des spécialistes : ainsi le lecteur peut-il disposer d’un matériau autochtone, souvent antérieur aux colonisations et à leur prisme parfois réducteur.
Forte de son expertise sur l’Afrique, l’Académie des sciences d’outre-mer, membre de l’Union académique internationale, a rejoint le programme de recherches « Fontes Historiae Africanae » créé par cette dernière. Elle lance, en 2019, avec l’aide des éditions spécialisées Geuthner, la collection sources africaines où la présente étude vient prendre place.
Premier catalogue du Sherif Harar Municipal Museum, cette publication richement illustrée est d’une grande importance pour les études islamiques en général, d’histoire, d’histoire de l’art et de codicologie africaines en particulier. Ce musée est le plus grand conservatoire de manuscrits et d’objets à valeur culturelle provenant de l’un des plus anciens centres religieux islamiques d’Éthiopie.
Interdisciplinaire, la publication documente les manuscrits coraniques de la collection et propose des traductions de leurs marginalia, mises en waqf et autres textes à portée historique, à partir du xviie siècle. Les quelque 250 corans ici décrits témoignent de styles, de matériaux et de pratiques historiques non figées. Par un examen minutieux de ce matériel documentaire exceptionnel, l’analyse met en évidence des dimensions sociales au sein de la société hararie, des femmes commanditaires aux pratiques de mises en waqf et d’apprentissage. Anne Regourd & Sana Mirza examinent en outre les caractéristiques des corans en termes d’histoire de l’art et de codicologie, les plaçant dans le contexte plus vaste des traditions manuscrites islamiques. De ce fait, la publication délivre l’importance négligée de ce centre peu connu de production de manuscrits islamiques.
The first catalogue of the Sherif Harar Municipal Museum, this richly decorated publication has great importance for the fields of Islamic studies, African and Islamic history and art history, and codicology. The museum is the largest repository of manuscripts and cultural artifacts from one of the oldest Islamic religious centers in Ethiopia.
The interdisciplinary publication documents the Qur ʿanic manuscripts and provides translations of their inscriptions, endowments and other historical texts dating from the seventeenth century onwards. The roughly 250 Qurʿans present changing styles, materials, and historical practices. In examining the rare documentary material, the analysis highlights social dimensions within Harari society, from female patronage to endowment and learning practices. Additionally, Anne Regourd & Sana Mirza elucidate the art historical and codicological features of the Qurʿans and place them within the larger contexts of Islamic manuscripts traditions. Subsequently, the publication shares the overlooked importance of this little-known center of Islamic manuscript production.
Auteur : SIBONY Jonas, OBADIA Yves
Dormant au fond d’un tiroir pendant des décennies, un carnet de plusieurs centaines de proverbes minutieusement relevés à la main en judéo-fassi par Rachel Obadia (1917-1988) aboutit finalement entre les mains de son neveu, Yves Obadia. Passionné par ce dialecte, celui-ci s’empresse alors de partager sa précieuse découverte avec Jonas Sibony, spécialiste en la matière.
Ce jour-là marque le début d’une belle amitié et d’une intense collaboration visant d’abord à mettre en lumière ce véritable trésor culturel et en y joignant, par la suite, le fascinant récit du parcours de son auteure dans Le Carnet de Rachel, Volume 1.
« La sagesse, l’humour, la tendresse et la profondeur de ces proverbes que Rachel aimait tant sont les qualités mêmes qui lui étaient propres ».
Yves Obadia
Avant de me plonger dans ce carnet, je n’avais pas anticipé le fait que « … j’allais avoir l’impression de rencontrer Rachel, de lui parler, de partager quelque chose avec elle. Je l’imaginais parfois se remémorant une phrase drôle, une malédiction, une bénédiction, un cri de détresse ou encore une scène dans laquelle elle aurait entendu tel ou tel proverbe… »
Jonas Sibony
Jonas Sibony est enseignant-chercheur, Maître de Conférences en langue hébraïque à La Sorbonne. Ses travaux concernent la linguistique sémitique et la dialectologie arabe. Il est spécialiste des parlers arabes des Juifs du Maroc.
Jusqu’à la fin de son adolescence à Casablanca, Yves Obadia se délecte d’écouter ses parents et leur entourage converser en judéo-fassi. Diplômé du Berklee College of Music, il est guitariste, arrangeur et enseigne la musique dans le New Jersey.
Auteur : BECHRAOUI Mohamed-fadhel
La situation de la langue turque en Tunisie a été dans son ensemble fonction de l’interaction entre trois grands acteurs politiques : la Sublime Porte, la France et les autorités locales. La Sublime Porte, loin de souscrire à une politique de turquisation, s’est contentée en tant que puissance suzeraine d’imposer l’usage de la langue turque dans la rédaction des traités que la régence devait conclure avec les puissances européennes. Après la conquête d’Alger, la France parvient à modifier le protocole diplomatique et interdit au Bey de rédiger désormais sa propre copie en turc. Implantée en Tunisie un demi-siècle plus tard, elle parvient également à bannir les cours de turc de l’enseignement sadikien. Quant aux autorités locales, elles n’avaient, jusqu’à la deuxième décennie du dix-huitième siècle, porté d’intérêt à cette langue que dans la mesure où c’était celle des expatriés turcs venus pour la plupart servir dans la milice des janissaires. Les usages postérieurs s’inscrivent uniquement dans le souci de consolider les rapports avec la Sublime Porte engagée alors autant que Tunis dans des réformes institutionnelles de grande envergure.
Mohamed-Fadhel Bechraoui est spécialiste d’histoire et d’épistémologie des sciences du langage. Ses travaux portent sur l’analyse métathéorique des modèles syntaxiques, sur les grammaires françaises écrites à l’usage des Arabes, des Turcs et des Persans, ainsi que sur le contact des langues en Tunisie. II envisage de publier sous peu une traduction annotée de la grammaire de Port-Royal.
Auteur : BOHAS Georges
Le premier objectif de l’auteur est de montrer que depuis Nöldeke et Duval les linguistes et grammairiens se sont fourvoyés dans le traitement de la spirantisation des bgdkpt en syriaque. Les uns ont tenté de résoudre le problème en injectant dans les représentations sous-jacentes des voyelles empruntées aux langues voisines (/ketâbâ/>ktâbâ), d’autres ont implanté en syriaque le shewa de l’hébreu (ex. bəgherô). Dans les deux cas, il est facile de mettre en échec ces traitements et de montrer qu’ils doivent être remplacés par une grille de spirantisation de construction très simple qui opère « en surface », sans recourir à ces artifices.
Le deuxième serait d’attirer l’attention sur l’intérêt de la tradition grammaticale syriaque pour l’histoire des théories linguistiques.
Le troisième consiste à mettre en cause le traitement de la phonologie syriaque dans la perspective abstraite inspirée par les œuvres des grammairiens arabes afin de le remplacer par une organisation fondée sur les radicaux, seules formes réelles de la langue, dans la perspective des grammairiens syriaques.
Il s’agit bien là de propositions pour une refondation !
Georges Bohas, arabisant, a commencé l’étude du syriaque en suivant les cours du Pr Guillaumont à Paris, puis il a approfondi ses connaissances auprès de divers ecclésiastiques qui maitrisaient toujours cette langue, comme Mgr Gigawi à Damas et Mgr Bahnan Hindo pour la version occidentale à Hassaké, Mgr Petros Youssif pour la version orientale chaldéenne et Giwargis Athniel pour la version orientale assyrienne. Il s’est également perfectionné auprès du père Graffin à Paris et de Mgr Feghali au Liban. Il enseigne chaque année le syriaque à l’Université d’été en langues de l’Orient organisée par l’université de Lausanne à Venise (San Servolo).
Auteur : LECHANI Mohand Saïd
Formé aux études berbères par des spécialistes de la dialectologie de renom tels Saïd Boulifa, Émile Laoust et André Basset, compagnon de recherches de l’orientaliste André Picard puis aîné inspirant de Mouloud Mammeri, Mohand Saïd Lechani (1893-1985) est une figure de la première élite kabyle militante. Il a contribué dès le début du xxe siècle à l’éveil culturel et identitaire berbères. Il fut, à ce titre, un des maillons garants de la continuation de la fragile chaîne de la berbérologie algérienne en contexte colonial. C’est assez dire l’importance de ces textes, ici rassemblés, qui constituent une nouvelle voie d’entrée dans son œuvre plurielle, située à la confluence du monde éducatif, culturel et politique.
Outre les perspectives offertes par les matériaux réunis dans ce volume, ces écrits en fragments – dont certains passages ont valeur de testament culturel – brossent le portrait intellectuel d’un défenseur du patrimoine immatériel de Kabylie, longtemps confiné aux marges, dont les inquiétudes sur son avenir restent prégnantes en dépit de sa récente consécration constitutionnelle.
Méziane Lechani est médecin spécialiste et éditeur à Paris.
Kamal Naït-Zerrad est professeur de linguistique des universités et directeur de l’unité Lacnad (Langues et cultures du Nord de l’Afrique et diasporas). Il est l’auteur de nombreuses publications scientifiques sur la langue berbère.
Auteur : BOULAÂBI Ridha
Si cet ouvrage tire son titre principal du célèbre The Empire Writes Back, publié par Bill Ashcroft, Gareth Griffiths et Helen Tiffin en 1989, Ridha Boulaâbi enrichit ici considérablement cette perspective des postcolonial studies par la révélation de la mise en fiction des orientalismes savants ou littéraires anciens par les autrices et les auteurs du xxie siècle.
L’orientalisme de retour au sein de la création littéraire maghrébine, bien après sa déconstruction saïdienne, signifie ici qu’il y a un enjeu pour ces écrivains à en venir à un « orientalisme au pluriel », à des « expériences et des parcours inédits, des figures peu connues », autant de traces d’une mémoire collective à partager et à discuter – d’où le titre principal – en les insérant dans les fictions afin de requalifier des hybridités culturelles, des minorités « invisibilisées » au sein de rapports croisés de domination (race, classe, genre).
Grand connaisseur de l’histoire de l’orientalisme et des principales figures intellectuelles des xixe et xxe siècles l’ayant incarné en Orient comme en Occident, Ridha Boulâabi explique parfaitement pourquoi et comment, dans ses composantes savantes, politiques, littéraires, l’orientalisme revisité est au cœur de la stratégie d’écriture et de discours des écrivains maghrébins les plus contemporains. Les intertextes orientalistes des xixe et xxe siècles, notamment arabisants, servent à dénoncer des hiérarchies encore imposées et à tenter, pour certaines et certains, de puiser dans les traditions écrites et orales pour une réconciliation postcoloniale des langues et des cultures. C’est incontestablement un apport majeur de ce livre.
Daniel Lançon
Enseignant-chercheur en littératures française et francophone à l’Université Grenoble Alpes, Ridha Boulaâbi est notamment l’auteur de L’Orient des langues au xxe siècle : Aragon, Ollier, Barthes, Macé (Éditions Geuthner, 2011) et de Nedjma de Kateb Yacine (Champion, coll. « Entre les lignes/littératures Sud », 2015). Il a par ailleurs dirigé aux Éditions Geuthner les collectifs : Les Orientaux face aux orientalismes (2013) et Voix d’Orient – Mélanges offerts à Daniel Lançon (2019).
Auteur : SALEH KAYALI Zeina
Figures musicales du Liban est une collection dont le but est de faire connaître le patrimoine musical libanais des 20e et 21e siècles. Toute personne ayant contribué par son travail ou sa passion à apporter une pierre à l’édifice encore fragile des musiques savantes libanaises peut y trouver sa place. Aux couleurs de l’âme libanaise, tantôt d’Orient ou d’Occident, pont entre les cultures, le patrimoine musical libanais trouve ici un écrin qui lui donne, auprès des Libanais ainsi que des mélomanes en général, la visibilité qu’il mérite.
Enfin un ouvrage consacré aux femmes dans la musique au Liban ! Qu’elles soient compositrices, interprètes ou militantes musicales, comme Myrna Boustani à qui le dernier chapitre est consacré, les femmes jouent un rôle essentiel dans la vie musicale libanaise et portent haut les couleurs de leur pays aux quatre coins du monde, bien qu’elles soient encore sous-représentées dans les programmations. Il était tout de même temps de leur consacrer un opus au sein de la collection Figures musicales du Liban. Un volume pour toutes les femmes ? Oui, mais ce n’est qu’un début. Bientôt d’autres ouvrages suivront et raconteront les parcours de ces battantes, qui ont souvent dû lutter contre une société archaïque et patriarcale afin de pouvoir s’affirmer.
Zeina Saleh Kayali s’attache depuis près de vingt ans à valoriser la musique savante libanaise, les compositeurs ainsi que les interprètes du pays du cèdre. Elle est la fondatrice et la directrice de la collection Figures musicales du Liban, la cofondatrice du Centre du Patrimoine musical libanais, ainsi que du festival Les Musicales du Liban et de la résidence musicale Beit Tabaris consacrée à la jeunesse musicienne libanaise. Elle est également conférencière et chroniqueuse musicale pour l’Orient-le Jour et l’Agenda culturel.
Auteur : BOHAS Georges
Dans Itinéraire d’un arabisant Georges Bohas avait retracé de manière distanciée l’essentiel de son parcours scientifique, isolément du monde dans lequel il s’inscrivait. Puis, à l’instar de Renan, il a commencé à rédiger ses « souvenirs d’enfance et de jeunesse ». Origines familiales, naissance dans une famille de petits paysans de la Bresse, études secondaires à Trévoux puis à Issoudun, ensuite à l’université de Strasbourg, découverte du monde arabe à l’occasion de son service militaire (comme coopérant au Liban), toutes ces étapes étaient là mais hors du contexte social et intellectuel du monde universitaire des arabisants. Il s’agit, dans le présent ouvrage, de restituer cet environnement en inscrivant la subjectivité constructive de l’auteur et d’esquisser les contours ainsi que l’évolution du monde des arabisants français de 1973, date de son agrégation d’arabe, jusqu’à l’arrêté du 3 août 2007, date de sa nomination à l’Institut universitaire de France.
« Bond en avant » « ascenseur social » ou corde à nœuds ? Le lecteur en décidera.
Georges Bohas, a été directeur de l’Institut français d’études arabes de Damas, (IFÉAD), il est membre senior honoraire de l’Institut universitaire de France (IUF), membre correspondant de l’Académie de langue arabe de Damas et actuellement professeur émérite à l’ENS de Lyon et chercheur dans l’UMR 5191 ICAR du CNRS.
Auteur : ARBACH Mounir
Berceau d’une civilisation florissante, le Yémen s’est doté dès le début du ier millénaire av. J.-C. d’un système politique, religieux et social spécifique. Durant cette période de formation et de constitution des cités-États et royaumes sudarabiques, l’Arabie du Sud était marquée par la présence de multiples entités politiques composées de villes/tribus, dont les plus documentées sont de la région de Jawf – Nashshān, Kamna, Haram, Inbbaʾ, Qarnā. Elles partageaient, outre une langue commune, le minaic, une iconographie religieuse d’inspiration mésopotamienne unique en Arabie. Chacune d’elle avait son institution monarchique, son propre panthéon et son organisation sociale.
Les conquêtes militaires menées par le royaume de Sabaʾ au début du viie siècle av. J.-C. ont provoqué la disparition progressive des cités-États en Arabie du Sud par leur intégration dans des royaumes plus importants. Celles de la région Jawf ont été annexées par les royaumes de Sabaʾ et Maʿīn ; celles méridionales des hauts plateaux sont désormais dans l’orbite de Qatabān et du Ḥaḍramawt, au vie siècle av. J.-C.
De cette période de formation des cités-États et royaumes d’Arabie du Sud est née l’idée de cet ouvrage, véritable état des lieux des recherches sur l’histoire du Yémen antique entre le viiie et le vie siècles av. J.-C. Il propose une reconstitution historique basée sur une chronologie relative des événements et des règnes, à la lumière des dernières découvertes et sur de solides données principalement épigraphiques et archéologiques.
Mounir Arbach, directeur de recherche au CNRS, est épigraphiste et historien de l’Arabie du Sud avant l’Islam. Actuellement en poste au Centre français de recherche de la péninsule Arabique au Koweït, en mission à Mascate, Sultanat d’Oman, où il dirige depuis 2021 la Mission franco-omanaise de prospection épigraphique. Depuis une trentaine d’années, il a effectué de longs séjours et de très nombreuses missions de terrain au Yémen, en Arabie saoudite et actuellement en Oman. Auteur/coauteur et coéditeur d’une quinzaine d’ouvrages scientifiques, il a également publié plus d’une centaine d’articles parus dans des revues scientifiques internationales et de vulgarisation.
Auteur : MONTSERRAT Claude
« Notre éternité est de passage. Et à sa suite nos désirs. Elle se tient entre et ne dure qu’un temps. Entre vie et naissance, entre naissance et mort. Glissée. Prise. Aux bords d’une apparition et de sa défaite. Assourdie par la trace du rien. Assourdie simplement. Elle est passante. Elle est aussi plurielle. Elle s’interrompt un temps. Et se reprend un autre. Par surprise et par mystère. En une neuve intensité qui se connaît clarté. Éphémères et lucides, nos éternités. Je les éprouve ainsi. Sans l’ombre d’une preuve. Ni d’aucune raison. Je n’en ai pas la science. Rien qu’un sentiment.
Mais je voudrais les affirmer et chercher une assise sur quoi les soutenir… En formulant le vœu que dans le séjour hésitant qui est le nôtre, hésitant et perplexe jusqu’en sa mortalité, quelque chose, je ne sais quoi, se déclare intact. De tout temps préservé. »
Claude Montserrat poursuit dans ce livre son questionnement sur le temps. Après la contemplation métaphysique des heures opérée dans Des soirs et des matins – Geuthner 2021 – elle cherche ce qui, entre naissance et mort, peut demeurer intact, indemne, illèse. Elle renouvelle la question de l’éternité en la soumettant à deux paradoxes – l’affirmation de sa pluralité et celle de son expérience au sein du temporel.
Auteur : VILLEY Émilie
L’étude du syriaque classique (langue sémitique dérivée de l’araméen d’Édesse) a connu ces dernières années un regain d’intérêt. Il manquait un outil pédagogique adapté au public universitaire francophone. Le présent manuel est le fruit d’un enseignement universitaire dispensé entre 2015 et 2024 et d’une concertation avec des chercheurs et enseignant-chercheurs français spécialistes du syriaque classique (notamment G. Bohas et M. Farina) pour valoriser une approche grammaticale et phonétique renouvelée de cette langue. Adressée aux débutants et faux débutants, la méthode vise à initier à la lecture et à la graphie des trois grandes écritures syriaques classiques. De nombreux exercices, douze leçons de grammaire accompagnées d’enregistrements audio et, en fin de manuel, deux longs extraits de textes (l’un en serṭo relevant de la tradition syriaque occidentale, l’autre en syriaque oriental) permettent d’acquérir un bagage grammatical et lexical suffisant pour commencer à lire de manière autonome un texte syriaque.
Émilie Villey, chargée de recherche au CNRS (UMR 8167 Orient & Méditerranée), a enseigné le syriaque à Paris (ENS, ICP et Sorbonne Université-ÉLASU) et en Normandie (La Nouvelle Qenneshré).
Simon Brelaud, chercheur à l’IFPO-Erbil en Irak, a enseigné le syriaque à l’Université de Californie à Berkeley. Il est en charge du cours de syriaque pour débutants à Sorbonne Université (ÉLASU).
Jean Pflieger collabore aux séminaires syriaques de Sources Chrétiennes (UMR 5189 HiSoMA). Il accompagne des étudiants et des chercheurs dans le perfectionnement de la langue syriaque.
Auteur : FENOY Laurent
Dès l’époque byzantine Chypre accueille d’importants flux migratoires chrétiens notamment lors de la progression seldjoukide. L’enracinement de la dimension chrétienne du refuge chypriote se renforce considérablement durant les croisades et au-delà alors que l’Orient musulman est en proie à des désordres exogènes et endogènes. Sous la domination des Lusignan (1192-1473) et jusqu’à la fin de la période vénitienne, 1571, le contraste est avéré entre le peu d’attraction de l’île auprès des populations juives et musulmanes et son rayonnement auprès des communautés chrétiennes principalement franque, arménienne, maronite, jacobite, melkite et nestorienne, mais également grecque, géorgienne copte et éthiopienne. Ces migrations ont un fort impact sur la société insulaire. Dans un premier temps s’étendant de 1192 aux années 1310, les Francs « réfugiés conquérants », imposent un nouvel « ordre chiprois », privilégiant une haute noblesse franque installée aussi bien à Chypre qu’en Terre sainte. Cependant, à partir du xive siècle les intérêts des nouveaux venus issus d’Occident s’agrègent à ceux des élites grecques et chrétiennes orientales pour ancrer une nouvelle identité kypriote vainement contestée, tant par les descendants des réfugiés francs que par le « petit peuple » grec. Dans leur capacité à défendre comme à instrumentaliser les identités spécifiques de chaque communauté insulaire tout en les coiffant par une identité nationale, les nouveaux kypriotes n’entendent pas seulement jouer des dynamiques identitaires à des fins sociales : ils s’assignent un dessein historique visant à ériger la petite île de Chypre comme sanctuaire des nations chrétiennes aux portes de l’Islam.
Laurent FENOY a étudié à l’Université Paul-Valéry Montpellier III et obtenu l’agrégation d’histoire, avant de soutenir sa thèse, Chypre île refuge, 1192-1473, dans le cadre du Centre d’Études Médiévales de Montpellier (CEMM), sous la direction des professeurs Gérard Dédéyan et Gilles Grivaud. Professeur de Classe Préparatoire aux Grandes Écoles, chargé de cours aux universités de Montpellier et Nîmes, il est membre du jury écrit et oral des concours du CAPES et de l’agrégation d’histoire et géographie. Familiarisé avec l’île de Chypre grâce à des visites de terrain préparées avec le chercheur chypriote Nicholas Coureas, il se consacre tout particulièrement à l’histoire de Chypre durant la période de domination latine, bénéficiant des conseils éclairés du professeur Brunehilde Imhaus.
Auteur : BERTI Vittorio, DEBIÉ M.
Cette série est destinée à regrouper des études thématiques faisant le point sur différents aspects de l’histoire ou de la culture syriaques,
celles des communautés chrétiennes dont la langue de culture est le syriaque (maronites, syriaques catholiques et orthodoxes, assyro-
chaldéens, communautés du Proche-Orient et de l’Inde...).
Le thème du droit dans les contextes de présence syriaque, tant sur le plan ethnique que du point de vue de la diffusion des Églises, est essentiel pour comprendre comment les communautés étaient organisées à un certain moment de l’histoire, quels modèles comportementaux et sociétaux étaient ou non admissibles et quelle a été l’évolution dans l’espace et dans le temps des textes et des pratiques.
Héritières des cultures juridiques du Proche-Orient ancien et liées à celles des empires dans lesquels elles se développèrent, la réflexion et la pratique juridiques syriaques, porteuses de leur propre mode autochtone de régulation des relations mercantiles et patrimoniales, ont été fortement enrichies par l’influence des traditions juridiques d’Israël, par la présence en Syrie occidentale de la culture et des institutions juridiques romano-byzantines, par la confrontation en monde iranien avec celle des Perses sassanides, et enfin par le nouveau monde éthique et juridique apparu avec l’avènement de l’Islam à partir du viie siècle dans tout le Proche et Moyen-Orient.
L’expansion des communautés et des Églises de tradition syriaque s’est accompagnée d’une caravane de lois et de traditions jurisprudentielles recueillies, préservées, transmises et constamment intégrées par les lettrés syriaques dans un paysage ethnique et culturel asiatique encore plus vaste. Celui-ci a contribué à façonner un certain « relativisme » vis à vis des systèmes juridiques et des coutumes avec lesquelles les chrétiens syriaques ont appris à composer. De là sont nées une créativité et une liberté dans l’élaboration de solutions pour les différents cas de vie, sous le regard des évêques et des dirigeants communautaires.
Droit des Églises, le droit en syriaque est envisagé dans ce volume dans le contexte des droits impériaux dans lesquels il s’est développé et par rapport auxquels il s’est défini. Droit civil et droit ecclésiastique doivent être ainsi appréhendés en interaction et en situation multilingue, le droit des Églises syriaques entrant en dialogue avec celui des autres communautés religieuses et des États.
Ce volume rassemble une série de contributions visant à présenter les sources du droit en monde syriaque afin de les rendre accessibles aux non-spécialistes. Il a pour but également de faire un point sur les études historiques concernant les contextes dans lesquels textes et corpus sont apparus et l’impact qu’ils ont eu. Il s’intéresse aussi aux pratiques du droit et aux conditions d’exercice de la justice, ouvrant ainsi des fenêtres vers des études d’histoire sociale, d’histoire culturelle et d’études de genre en permettant un accès à des catégories sociales peu représentées dans d’autres types de textes, comme les femmes, les enfants, les esclaves.
Les anciens systèmes notariaux présents dans les contextes araméophones, la manière dont les sources canoniques se rapportent aux juifs et au judaïsme, l’impact de la production canonique alexandrine et des textes synodaux antiochiens dans le contexte syriaque, la réflexion théologique sur le droit séculier, la tradition canonique syro-occidentale, de Sévère d’Antioche aux synodes du ixe siècle, jusqu’à la relation entre le droit canonique et le droit islamique sont autant de sujets étudiés.
Auteur :
Édité par
Iwona Gajda et Françoise Briquel Chatonnet
avec la collaboration de Denise Aigle
Ce volume dédié à Christian Robin réunit divers articles
concernant l’Arabie ancienne, son histoire, ses langues et
écritures et ses religions. Les contributions rédigées par
des historiens, philologues, épigraphistes et archéologues
présentent l’Arabie préislamique à travers les témoignages et
vestiges laissés par ses habitants mais aussi sous des regards
extérieurs.
Table des matières
Introduction
Abréviations
Carte de la péninsule Arabique
Galerie de photos
Bibliographie de Christian Julien Robin
Les Arabes sous le regard des autres
Nouvelles inscriptions de la péninsule Arabique et d’alentour
Du tesson à l’architecture
Des religions traditionnelles à l’islam
Auteur : ROBIN Christian Julien
La langue arabe apparaît en pleine lumière après la fondation de l’Empire
musulman dont elle est la langue officielle. Si on remonte dans le temps,
elle est illustrée, au vie siècle de l’ère chrétienne, par une poignée de textes
courts en langue et en écriture arabes, qui ont été trouvés dans trois zones, le
Bilād al-Shām, l’extrême nord-ouest de la péninsule Arabique et la région de
Najrān. Pour les périodes plus anciennes, la thèse dominante est que la langue
arabe ne serait attestée que dans deux zones, le nord-ouest de la péninsule
Arabique et le Bilād al-Shām, dans des textes écrits soit en alphabet arabique
(ṣafāʾitique et ḥismāʾique) soit en alphabet araméen.
Cette dernière affirmation paraît incongrue, d’autant plus que, durant les
siècles précédant l’Islam, la carte tribale paraît relativement stable. Il semble
plus logique de supposer que de nombreuses populations en Arabie parlaient
un arabe qu’on ne sait pas reconnaître. Les inscriptions de Najrān en écriture
sudarabique et en langue sabaʾique en offrent une première illustration.
Dans le corpus du sabaʾique, quelques dizaines de textes s’écartent plus
ou moins de la norme. Ils présentent des déviances dans la phonétique, la
morphologie et le lexique, qui peuvent être interprétées comme des emprunts
à la langue arabe. Le nombre de ces déviances est relativement faible dans
tous les textes sauf un où il excède celui des caractères propres au sabaʾique.
Tous ces textes, qui proviennent d’une même zone, celle de l’oasis de Najrān,
au nord de Sabaʾ, datent d’une période relativement haute, entre 350 avant
l’ère chrétienne et 150 après l’ère chrétienne.
Dans l’analyse des inscriptions antiques, la démarche traditionnelle
consiste à isoler des ensembles de textes présentant une parenté linguistique
manifeste ; chacun de ces ensembles définit une langue. Pour Najrān, cette
démarche aboutit à l’identification de deux « langues » : un dialecte du
sabaʾique en contact avec l’arabe et une langue apparentée à l’arabe.
Cette démarche paraît inappropriée parce que la plupart des commanditaires
des textes rédigés dans ces deux « langues » appartiennent au même
groupe tribal. La variabilité linguistique des inscriptions de Najrān s’explique
plutôt par l’introduction dans la langue écrite de caractères empruntés à la
langue parlée en proportion variable. Ces caractères sont peu nombreux
dans les textes les plus formels comme les règlements ou les offrandes ; en
revanche, ils abondent dans les inscriptions funéraires dont les stipulations
et les interdictions doivent être impérativement comprises.
La langue des inscriptions de Najrān serait donc du sabaʾique écrit par une
population parlant une variété ancienne de la langue arabe que l’on peut
appeler « vieil-arabe de Najrān ».
Auteur : FODA Hachem
Entre rhétorique, philosophie et littérature, cet ouvrage traite de phénomènes essentiels de la poésie arabe médiévale. Alors que cette dernière est souvent abordée à travers des études historiques ou thématiques, on la trouve examinée ici sous son angle le plus inattendu et le plus redoutable : l’apparente obscurité de ses énoncés, où s’accumulent superlatifs, ellipses, verbes de quasi-acte et conditions paradoxales. Partant du problème de l’omniprésence dans cette poésie de ces deux figures que sont l’hyperbole et la concession, l’auteur met en évidence les différentes manifestations d’une véritable « logique concessive » qui la travaille de l’intérieur, anime ses thèmes et ses codes, et la voue à la « force affirmative » : dans la louange ou l’invective, pour accabler ou consoler, le poète est celui-là qui veut dire ce qui ne peut l’être. Au fil des pages, l’auteur (re)traduit et (ré)interprète des vers de poésie et des versets coraniques qui sont de véritables défis aux lecteurs et aux chercheurs. Alors même qu’il souligne leur illisibilité, l’auteur réalise l’exploit de nous rendre familiers ces textes si lointains et difficiles, faisant de son ouvrage une porte d’entrée unique en son genre sur la littérature arabe médiévale.
Après l’obtention d’une maîtrise de littérature française à l’Université du Caire en 1976, Hachem Foda poursuit ses études à Nanterre, où il soutient une thèse en sémiologie sur le « Statut de l’événement dans le texte littéraire » en 1980. Invité à Ann Arbor University (Michigan, USA) puis au Collège international de philosophie (1982-1984), il se dirige finalement vers la littérature arabe classique, qu’il enseigne à Paris VIII puis à l’Institut national des langues et civilisations orientales jusqu’à son départ prématuré en 2022. Après des travaux portant sur des sujets aussi divers que les proverbes arabes, la poésie amoureuse, le genre de la louange, le statut de la fiction, etc. le présent ouvrage représente l’aboutissement d’une carrière qui a profondément marqué les études arabes en France et renouvelé la compréhension de la poésie et de la prose arabes classiques.
Auteur : KHLAT Yasmine
« Cela se passa chez lui. Il était au salon. Moi, à la cuisine. J’avalai la pilule puis criai presque :
‘Ça y est, je l’ai prise !’
Il me répondit par un autre cri. Un cri de souffrance. Sans mot. Sans parole. Juste un cri. S’est-elle mis à saigner le soir-même ? Ou était-ce le lendemain ? Elle se revoit assise sur une chaise devant la télévision, toujours chez lui. C’est à partir de là qu’elle a eu des années durant une sorte de toc. Comme une légère plainte s’échappant de ses lèvres. Peut-être un soupir éternel de l’enfant en-allé. »
Sur fond de guerre et d’exil, ce livre parle de violence mais aussi de lumière, d’éblouissement. Il raconte sans juger. Il emmène sur le sentier de l’espérance et de la rédemption. Sur celui de la guérison et de la renaissance.
Née en Égypte en 1959, Yasmine Khlat a entamé au Liban une carrière dans le cinéma réalisant notamment un documentaire de création, avant de se consacrer à l’écriture. En 86, elle s’installe à Paris et publie trois romans aux Éditions du Seuil dont Le Désespoir est un péché, prix des Cinq continents de la francophonie en 2001. Suivent ensuite trois autres romans aux Éditions Elyzad.
Auteur : Collectif, LESSAN PEZECHKI Homa, GARDETTE Philippe
Contributeurs : Paschalis Androudis, Alireza Askari-Chaverdi, Cyril Aslanov, Camille Aubert, Benoît Fliche, Sami Benkherfallah, Stéphane Cermakian, Kamel Chachoua, Jean-Claude Cheynet, Marie-Hélène Congourdeau, Mattéo Coq, Gérard Dédéyan, Morteza Djamali, Nicolas Faucherre, Denis Gril, Frédéric Hitzel, Élisabeth Malamut, Yoan Parrot, Homa Lessan Pezechki, Vladislava Spasova Ilieva, Alexandre Toumarkine, Nicolas Vatin, Philippe Gardette.
Pendant plus de quarante ans, Michel Balivet (1944-2020) a réalisé une œuvre abondante. Son étude de la zone persano-byzantino-ottomane au Moyen-Âge, passage traditionnel entre continent oriental et continent occidental, s’appuyait sur un nécessaire comparatisme. Cela évitait le piège de la fameuse « guerre des civilisations » en insistant sur les interinfluences politiques, économiques, culturelles, religieuses et mystiques qui aboutissaient à une véritable culture anatolienne hybride marquée par le syncrétisme.
Fort d’une érudition précoce et d’une connaissance du grec et du turc, Michel Balivet était à la fois un homme de terrain, un chercheur et un professeur hors pair s’appuyant sur des sources premières incitant à leur traduction. Son œuvre et son approche, profondément humanistes, ne faisaient que souligner les ponts interculturels et intercivilisationnels trop peu mis en exergue par la recherche.
Cet ouvrage réunit les contributions de chercheurs de disciplines différentes qui voudraient, à son instar, penser l’Histoire autrement qu’un choc des civilisations ; celle de la conscience de l’Autre, bien plus proche que différente.
Auteur : Collectif
La Revue des Traditions Musicales (alias Revue des Traditions Musicales des Mondes Arabe et Méditerranéen, RTM) est un périodique scientifique annuel consacré aux traditions monodiques modales vivantes et/ou anciennes d’Asie occidentale et centrale, d’Afrique du Nord et d’Europe, et ce, dans une perspective musicologique générale et transdisciplinaire qui met l’accent sur l’analyse musicale. La RTM est le fruit de la collaboration musicologique entre l’Université Antonine (Liban) et Sorbonne Université et plus particulièrement entre le Centre de Recherche sur les Traditions Musicales (CRTM, www.ua.edu.lb/french/faculte-de-musique-et-musicologie/centre-de-recherche-sur-les-traditions-musicales-crtm), rattaché à la Faculté de Musique et Musicologie de l’Université Antonine, et l’Institut de Recherche en Musicologie (IReMus UMR 8223, France www.iremus.cnrs.fr/). Elle est coéditée par les Éditions de l’Université Antonine (EUA) et les Éditions Geuthner. Elle figure dans les bases de données scientifiques EBSCO, RILM et Manhal.
Le numéro 16 est réalisé
• avec le soutien de l’Agence Universitaire de la Francophonie Moyen-Orient
• avec le concours de Sorbonne Université et du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) – IReMus (Institut de Recherche en Musicologie UMR 8223)
• en collaboration avec l’International Musicological Society
Auteur : Collectif
La Revue des Traditions Musicales (alias Revue des Traditions Musicales des Mondes Arabe et Méditerranéen, RTM) est un périodique scientifique annuel consacré aux traditions monodiques modales vivantes et/ou anciennes d’Asie occidentale et centrale, d’Afrique du Nord et d’Europe, et ce, dans une perspective musicologique générale et transdisciplinaire qui met l’accent sur l’analyse musicale. La RTM est le fruit de la collaboration musicologique entre l’Université Antonine (Liban) et Sorbonne Université et plus particulièrement entre le Centre de Recherche sur les Traditions Musicales (CRTM, www.ua.edu.lb/french/faculte-de-musique-et-musicologie/centre-de-recherche-sur-les-traditions-musicales-crtm), rattaché à la Faculté de Musique et Musicologie de l’Université Antonine, et l’Institut de Recherche en Musicologie (IReMus UMR 8223, France www.iremus.cnrs.fr/). Elle est coéditée par les Éditions de l’Université Antonine (EUA) et les Éditions Geuthner. Elle figure dans les bases de données scientifiques EBSCO, RILM et Manhal.
Le numéro 15 est réalisé
• avec le soutien de l’Agence Universitaire de la Francophonie Moyen-Orient
• avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) – IReMus (Institut de Recherche en Musicologie UMR 8223)
• en collaboration avec l’International Musicological Society
Auteur : Collectif
Texte arabe transcrit, traduit et commenté par
Silvia Neposteri
Préface
Philippe Beaujard
Une nouvelle histoire du continent africain est en train de s’écrire, à partir de l’étude des manuscrits rédigés sur place en arabe et dans les langues locales. Ces sources africaines de nos connaissances appellent la multiplication d’éditions critiques scientifiquement établies par des spécialistes : ainsi le lecteur peut-il disposer d’un matériau autochtone, souvent antérieur aux colonisations et à leur prisme parfois réducteur.
Forte de son expertise sur l’Afrique, l’Académie des sciences d’outre-mer, membre de l’Union académique internationale, a rejoint le programme de recherches « Fontes Historiae Africanae » créé par cette dernière. Elle lance, en 2019, avec l’aide des éditions spécialisées Geuthner, la collection sources africaines où la présente étude vient prendre place.
Le royaume antemoro naît vers la fin du xve siècle, à la suite de l’installation de musulmans d’origines variées dans la région Sud-Est de l’île, à l’embouchure du fleuve Matatàña. Ils se constituent en aristocratie et leurs descendants perpétuent leurs savoirs et leur pouvoir à l’aide de la tradition sorabe (litt. « grande écriture »). Écrite en caractères arabes et de langue malgache, cette tradition autochtone constitue une source unique, de valeur incommensurable, pour l’histoire et l’anthropologie de Madagascar. Encore vivante et impactante dans la société actuelle, elle garde et transmet l’histoire, les généalogies et les savoirs exotériques des élites antemoro. Cet ouvrage présente le manuscrit inédit HB6, appartenant au Fonds Berthier et conservé à l’Académie des Sciences d’Outre-Mer de Paris. Le texte, ici transcrit, translittéré et traduit, est analysé et comparé avec d’autres manuscrits arabico-malgaches. Le ms. HB6 relate en particulier l’histoire du clan antemoro anakara, qui détient des prérogatives religieuses spéciales.
Silvia Neposteri, anthropologue et historienne, est Docteur de recherche en Histoire de l’Afrique et de l’Asie à l’Università di Pavia et Docteur de recherche en Histoire, société et civilisations à l’INALCO de Paris. Depuis 2016, elle travaille dans l’OBNL Italia Solidale – Mondo Solidale Vo.S.Vi.M. où elle est directrice de la section Missions en Afrique, Asie et Amérique du Sud.
Auteur : Collectif
Mustafa Alloush, Thierno Woûri Diallo Lâriya, Alfa Mamadou Lélouma, Bernard Salvaing
Une nouvelle histoire du continent africain est en train de s’écrire, à partir de l’étude des manuscrits rédigés sur place en arabe et dans les langues locales. Ces sources africaines de nos connaissances appellent la multiplication d’éditions critiques scientifiquement établies par des spécialistes : ainsi le lecteur peut-il disposer d’un matériau autochtone, souvent antérieur aux colonisations et à leur prisme parfois réducteur.
Forte de son expertise sur l’Afrique, l’Académie des sciences d’outre-mer, membre de l’Union académique internationale, a rejoint le programme de recherches « Fontes Historiae Africanae » créé par cette dernière. Elle lance, en 2019, avec l’aide des éditions spécialisées Geuthner, la collection sources africaines où la présente étude vient prendre place.
On y trouvera huit poèmes arabes écrits par des auteurs du Fouta-Djalon (Guinée actuelle) qui relatent des combats menés au nom de l’islam auxquels ils ont pour la plupart participé.
Les textes les plus anciens (d’un auteur anonyme et d’Aḥmad b. Muḥammad b. ʿUṯmān Kali) ont trait à l’invasion de Condé Bourama, à la fin du xviiie siècle. Les autres récits datent de la deuxième moitié du xixe siècle : ils relatent des expéditions menées dans l’actuelle Guinée Bissau, contre Bérékolon (textes de Tierno Samba Mombéyâ et Tierno Sadou Dalen) et contre Korobâli (texte d’Alfā Bakar b. Muḥammad Numā).
Viennent enfin trois poèmes rédigés par Tierno ʿAbdullah b. Šayḫ Ḥāmid Dalâlé : sur l’expédition contre Badon dans l’actuel Sénégal et sur des combats contre la dissidence intérieure des Houbbous.
Ces documents permettent de reconstituer une histoire rédigée jusqu’alors essentiellement à partir de documents écrits en peul ou de sources orales. Leur caractère officiel, le fait qu’ils n’émanent que d’une élite restreinte, n’empêchent pas une liberté de ton parfois inattendue et permettent au chercheur d’effectuer une foule de découvertes, sur l’histoire politique, religieuse et sociale du Fouta-Djalon. En particulier, on y perçoit l’évolution rapide de la société entre le début et le milieu du xixe siècle. On y constate l’importance de la guerre dans la vie de la Confédération, mais aussi la place importante du soufisme chez les combattants.
Auteur : LÉGERET-MANOCHHAYA Katia
À la fois yoga, art martial, théâtre, danse, poésie et musique, le bharata-natyam puise sa sagesse en Inde dans l’observation de la nature et de ses mouvements, en particulier ceux des arbres. L’Abhinaya-darpaṇa, un texte antérieur au VIe siècle, a élaboré une gestuelle des arbres exceptionnelle, mais très rarement traduite et pratiquée. Katia Légeret-Manochhaya vous invite à la découvrir. Elle y fait fructifier la transmission du maître de bharata-natyam K. Muralidhar Rao qu’elle a reçue à Mysore de 1985 à 2014.
Dans son enseignement oral qui accompagne ce livre, il s’agit de se ressourcer avec les arbres qui nous entourent, à l’intérieur et à l’extérieur de soi, par la méditation, la respiration et le mouvement. La gestuelle des arbres est une énergétique puissante qui harmonise en nous-mêmes rythmes, souffle et sérénité.
Nos enseignements artistiques sont proposés sur le site www.creons-au-musee.com
Combining yoga, martial art, theatre, dance, poetry and music, bharata-natyam draws its wisdom from the observation of nature and its movements, in particular those of trees. The Abhinaya-darpaṇa, a text that dates from before the 6th century, codified an exceptional gestural language of trees, but it is very rarely translated and practiced. Katia Légeret-Manochhaya invites you to discover it. In this way she passes on the teachings of bharata-natyam master Muralidhar Rao which she received at Mysore from 1985 to 2014.
Her oral teachings, which accompany this book, are concerned with nourishing ourselves with the trees that surround us, inside and outside ourselves, through meditation, breathing and movement. The gestural language of trees is a powerful energy that harmonises our rhythms, breath and serenity.
Our artistic teachings are available on the site www.creons-au-musee.com
Katia Légeret est artiste de bharata-natyam (théâtre dansé de l’Inde) chercheuse et professeure des universités en philosophie de l’art. Elle a publié de nombreux ouvrages sur les arts de l’Inde, sur la médiation culturelle au musée et sur les liens entre art et écologie.
Katia Légeret is a bharata-natyam artist (dance theatre of India), university professor and researcher of philosophy of art. She has published numerous works on the arts of India, cultural mediation in museums and the links between art and ecology.
Auteur :
Traduction de l’arabe par Maurice Saliba
Peu de Français connaissent aujourd’hui ce nom qui, à l’époque, a pourtant été régulièrement cité dans la presse européenne. Originaire d’une riche famille musulmane de Minya, Hoda Charaoui est sans doute « la pionnière du mouvement de libération de la femme dans tout le monde musulman » (Nawal El Saadawi). Elle fonda le mouvement féministe égyptien. Cette Égyptienne polyglotte, née en 1879 et décédée en 1947, mariée à treize ans, joua un rôle très actif pour l'émancipation de la femme arabe musulmane. Elle créa, dès 1919, la Société de la femme nouvelle, puis quelques années plus tard, l’Union féministe égyptienne. Témoin oculaire d’évènements politiques cruciaux et engagée politiquement, notamment au sein du parti nationaliste, Al-Wafd « La Délégation » aux côtés de son mari, elle milita contre le colonialisme des grandes puissances, le patriarcat autochtone mais aussi contre la corruption. Elle lutta pour l’égalité homme-femme. Elle ouvrit des salons littéraires et des clubs culturels dédiés aux femmes. En 1925, elle créa le mensuel francophone L’Égyptienne, revue de sociologie et de culture pour la défense du féminisme, du panarabisme et de la Palestine. Son parcours exemplaire s’illustra par une action qui fit date : c’est la première qui, en public, arracha son niqab turc au cours d’une festivité publique. Aux dires de Alaa al-Aswany « la libération de la nation égyptienne était inséparable de la libération de la femme ».
Vingt-sept revues féministes ont vu le jour entre 1892 et 1957. Hoda Charaoui, comme Hind Naufal, May Ziadé, Dorriya Chafiq ou encore Out El Kouloub, esquissèrent, par leurs écrits et leurs actions, les contours d’une prise de conscience d’une identité féminine également illustrée par Mary Kahîl, Céza Nabarawi ou encore Badawiya Moussa.
Auteur : KANTARI Nadia
En islam, ni le Coran ni la Sunna n’obligent les femmes musulmanes à se couvrir les cheveux. Pourtant, la tendance normative et la pression sociale patriarcale vont dans le sens de l’obligation. La « protection » de la femme par le « voilement » devient alors incontournable. Exégètes et autres tenants des écoles juridiques divergent sur ses modalités. Une confusion apparaît quant à la notion coranique de ‘awra, partie intime du corps. Elle devient, par extension, le corps tout entier ou presque de la femme, et son « voilement » garant de l’honneur des hommes, ‘irḍ.
Cet ouvrage porte sur l’examen linguistique, textuel puis anthropologique des vêtures, niqâb, burqu‘ et autres, dans leurs propres contextes socio-historiques. Différentes manières de paraître des femmes arabo-musulmanes, voilées ou non, ont existé avant, pendant et après l’avènement de l’islam.
Libre à la femme de porter ou non le voile, en connaissance de cause, et non sous les pressions sociale, politique ou patriarcale !
Nadia Kantari, franco-libanaise, est née à Beyrouth, au Liban. Elle est titulaire d’un B. A. en économie et d’un M. A. en philosophie de l’Université Américaine de Beyrouth, puis d’un doctorat en anthropologie de l’Université Paris 8. Pendant dix-sept ans, elle travaille comme traductrice-interprète à l’Ambassade de France auprès des Émirats Arabes Unis. Elle est chercheuse, rattachée au Centre d’histoire des sociétés Médiévales et Modernes (MéMo) - Axe mondes islamiques, des Universités Paris 8 et Paris Nanterre.
Auteur : LÉGERET-MANOCHHAYA Katia
Nyota Inyoka created around 50 compositions combining Theatre, Dance and Music relating to India, between 1921 and her final performances in the 1950s. From the very beginning of her international career, she performed in the most prestigious theatres of the time, mainly in France, in Europe and in America. Nyota Inyoka was a pioneer in many respects. She was the first Franco-Indian woman artist in Indian modern dance, but was no doubt overshadowed by the first modern Indian dancer Uday Shankar. Nyota Inyoka was the first feminist Indian dancer to draw inspiration from Hinduism, as her innovation came through the medium of figures of goddesses. Historians have largely ignored this pioneer, certainly due to the fact that she is unclassifiable. Her work was shut into the category of oriental dance, with its presumptions related to the history and imaginary of colonialism, which press coverage of her performances was eager to highlight. Yet Nyota Inyoka was extremely close to the India of her time. But the exceptional nature of Nyota Inyoka’s work goes even further. She was the first in France to interpretate on a western stage the difficult portion of the most ancient Sanskrit dance treatise, encompassing the 108 karaṇa, an alphabet of poses and steps, for which so many Indian dance styles offer an interpretation. She did this particularly at the time of the reinvention of temple dances of southern India starting in the 1930s.
Starting in 2018 at the Bibliothèque nationale de France, a symposium with a research-creation next to Inyoka’s archives, include an interpretation of Nyota Inyoka’ Dances by contemporary women artists and researchers, to reconsider the complex history of modern dance and classical Indian dance together.
Katia Légeret is a researcher and Professor of Philosophy and Performing Arts at University Paris 8, where she leads the research team Scènes du monde [world stages]. Director and choreographer, she is a Bharata Natyam artist under the name Manochhaya, and a specialist in Indian classical and contemporary forms of dance theatre.
Auteur : FAÜ Jean-François
Chaque famille de lettrés au Sahel possède sa propre bibliothèque ; le livre y a longtemps été marque d’autorité et de rareté. Ce patrimoine universel est aujourd’hui menacé par les actions iconoclastes des groupes radicalisés et par les intempéries liées au changement climatique. Il est temps d’interroger cette patrimonialisation africaine et arabe, la nature de ses acteurs et les enjeux d’un processus articulant dimensions transrégionales et appropriation communautaire. Par ailleurs, outre l’aspect religieux initial, ces textes livrent un contenu littéraire ou savant qui aborde des thématiques parfois d’actualité, comme les questions environnementales, l’herboristerie, l’astronomie, la philologie ou encore l’historiographie. Si cet inventaire demeure non exhaustif, les manuscrits de l’Afrique subsaharienne et maghrébine, rédigés en arabe et ʿağamī, s’inscrivent avec force dans la longue tradition littéraire et scientifique de cet espace.
Les débats des journées scientifiques d’Alexandrie consacrées aux manuscrits islamiques en Afrique partent de ce constat ; celui de la variété des thématiques de recherche et des supports relevant du domaine culturel musulman et de ses composantes juives et chrétiennes.
Pour y répondre, des universitaires et chercheurs originaires de douze pays francophones et arabophones se sont réunis à l’Université Senghor à Alexandrie pour partager leurs réflexions et débattre de la patrimonialisation des manuscrits sahéliens, maghrébins, éthiopiens et égyptiens.
Préface de Thierry Verdel
Auteur : ANDRÉ-DESSORNES Carole
De Troie à Jérusalem en passant par Babylone, Tyr, Carthage ou Constantinople : blocus, embargos et autres sanctions s’égrènent et se succèdent dans la région du Moyen-Orient et du pourtour méditerranéen. Depuis 1948, ils concernent désormais les États : de l’Iran à la Syrie en passant par l’Irak et jusqu’en Libye.
Contre le vacarme des anciens assauts, c’est bien le silence de nos sociétés en quête de sensationnalisme qui domine – d’où le choix du titre « Guerres silencieuses ». Pas d’effusion de sang, d’explosions, de bombardements, mais les conséquences de ces blocus ou embargos n’en sont pas moins terribles.
Cet ouvrage n’est pas exhaustif. Il a le mérite d’offrir une vue d’ensemble doublée d’une analyse critique des politiques quasiment contreproductives quant aux objectifs premiers mais aux effets ô combien dévastateurs pour les populations.
Carole André-Dessornes est géopolitologue, spécialiste des rapports de forces & violences au Moyen-Orient et zones limitrophes.
Chercheure associée à la FRS, chargée de cours à l’Institut Catholique de Paris, elle est conférencière en géopolitique depuis 2001. Elle intervient sur la géopolitique du Moyen-Orient à l’EMSOME (État-major pour l’Outremer et l’Étranger) depuis 2009.
Elle forme également le personnel soignant et médecins des hôpitaux psychiatriques (EPS de Ville-Évrard, GHU de PARIS Psychiatrie & Neurosciences) sur la géopolitique, les violences et conséquences traumatiques sur les civils et militaires et a déjà publié plusieurs autres ouvrages sur la Géopolitique et le Moyen-Orient.
Auteur : VEAUVY Christiane
Chez Saint-Simon, la substitution d’une réorganisation sociale et d’un autre rapport à la nature à l’exploitation de l’homme par l’homme, de l’administration des choses au gouvernement des hommes, entre autres, ont pris corps théoriquement en partant de l’expérience plutôt que de « raisonnements a priori » (Le Producteur, oct. 1825 - oct. 1826). De la lecture de ses Œuvres éditées pour la première fois en 2012 en Œuvres complètes émergent des liens entre action et pensée, corps et esprit. Le saint-simonisme (1825-1835) apparaît, au lendemain de la Révolution de Juillet, comme un « espace-temps » élargi aux prolétaires et aux femmes attirés par cette « nouvelle et puissante doctrine », prêts à s’impliquer dans la pratique de ces liens et les discussions dramatiques entre les deux « Pères », Bazard et Enfantin (sur la « question de la femme », les rapports internes et externes – silence sur les émeutes des canuts lyonnais). Saint-Simon et le saint-simonisme ont été /sont des « passe-frontières » entre les sexes, les cultures, les états (réciprocité des échanges avec la Toscane pré-unitaire et l’Allemagne des intellectuels post-hégeliens).
À la promesse « d’être sincères en tout », véritable leitmotiv du saint-simonisme, les « prolétaires saint-simoniennes » ont répondu en créant un mouvement autonome où vivre leur désir de ne pas séparer cœur, corps et esprit, « dans la foi religieuse qui nous donne la force de vaincre » (La femme libre, 1832) ; par la création de cette forme sociale-politique et l’audace de leur pensée, elles ont précédé les hommes ; leurs écrits et ceux de leurs proches (Cl. Démar, S. Voilquin) nous bouleversent encore. Des formes de créativité étonnamment populaires sont nées en Provence sur les décombres de la société d’ordre, telles les chansons provençales de V. Gelu à Marseille (1837-1855) et ses « Notes biographiques » écrites en français (rééditées en partie à la fin XXe siècle), tel Le marquis des Saffras, roman du saint-simonien J. de la Madelène (1849) réédité plusieurs fois.
Femmes et hommes se réfèrant au « vrai », chez lesquels la totalité de l’être est engagée dans le sillage de Saint-Simon, n’inventent-ils pas le politique moderne à l’encontre des codes et des chartes fustigés par Cl. Démar (1833) ? Le saint-simonisme n’a-t-il pas été la matrice de la sociologie avec la découverte du rapport à l’autre, dégagée du moralisme étouffant du XIXe siècle (S. Zweig), peut-être articulée à la naissance du féminisme ? N’a-t-il pas généré une nouvelle manière de penser que la IIIe République aurait tenté d’annihiler (imposition du positivisme comme philosophie centrale) et les prémices de la découverte freudienne ?
Christiane Veauvy, chargée de recherche honoraire au CNRS, Docteur d’État es Lettres et Sciences humaines, Docteur en Sociologie, a consacré ses recherches à la Provence, au saint-simonisme et aux saint-simoniennes, aux féminismes (confrontation France, Italie, rives sud et est de la Méditerranée). Le rapport à l’autre est privilégié dans son approche pluridisciplinaire, ainsi que l’échange dans sa diversité, sa réciprocité ou son asymétrie.
Auteur : COSTANTINI Laurent
Les souks de Syrie, lieux d’art et de vie, suscitent l’émerveillement des voyageurs depuis des siècles. Labyrinthes hors du temps, celui qui s’y aventure, est assuré d’un voyage dans l’histoire de tout l’Orient, des Mamelouks aux Ottomans, chaque pierre y est empreinte de l’âme des civilisations passées dont les savoirs et le raffinement sont parvenus jusqu’à nous inchangés.
« C’est là où les choses adviennent, où les nouvelles arrivent, où la vérité est établie tous les jours par d’innombrables discussions ».
Puisse la douceur qui régnait sous leurs voûtes y reprendre bientôt son cours paisible.
Laurent Costantini, photographe et voyageur d’Orient a étudié les Lettres modernes et l’Histoire de l’art. Au cours de plusieurs séjours en Syrie, dont il a parcouru les souks, à Damas et Alep, il y a rencontré leurs marchands dans la splendeur et le faste chatoyant des galeries souterraines.
Ses photographies ont été exposées à Paris, à l’Institut du monde arabe et à Beyrouth. Il est l’auteur d’un portrait poétique de la capitale libanaise, Beyrouth Beyrouth.
Auteur : LÉGERET Katia
The 108 karaṇa make up the oldest Indian alphabet of movements to dance, theatre, sculpture and music codified in the Nāṭyaśāstra. Their oral transmission is extremely rare, and the author of the present publication nourished her theoretical research with the instruction in Bharata-nam that she received firstly in Paris from Amala Devi, in Chennai from Swarnamukhi, State Dancer of Tamil Nadu, and subsequently, over a period of thirty years, from Natyacharya K. Muralidhar Rao, in Mysore (Karnataka). Interpretations of karaṇa poses and steps from the Nāṭyaśāstra are countless and creative, and they inspire contemporary artists.
In 2022 the author made a film on the teaching of Natyacharya K. Muralidhar Rao, which is freely accessible to readers of this book: Bharatanatyam Dance Theatre: DANCING OF THE HEART, with support from Labex Arts-H2H/EUR ArTec (Paris 8 and UPL University).
Katia Légeret is a researcher and Professor of Philosophy and Performing Arts Aesthetics at University Paris 8, where she leads the research team Scènes du monde [world stages]. Director and choreographer, she is a bharata-nāṭyam artist under the name Manochhaya, and a specialist in traditional and contemporary Indian forms of dance theatre. She is the author, in particular, of Danse Contemporaine Indienne et Théâtre Indien: Un Nouvel Art? (PUV, 2010) and Dance Theatre of India, Crossing New Aesthetics and Cultures (Niyogi Books, 2018), and has edited collective works including Rodin and the Dance of Shiva (Niyogi Books, 2016), Créons au Musée (Geuthner, 2019) and French-Indian dancer Nyota-Inyoka (1896-1971) The Genius and the Dance (Geuthner, 2022). The latter relates to an international research project (Labex Arts-H2H and EUR ArTeC) involving partnerships in Paris with RMN-Grand Palais, the Musée National des Arts Asiatiques-Guimet and the Bibliothèque nationale de France.
Auteur : BERTRAND-CADI Jean-Yves
Fondées en Algérie pendant la présence française, ces sociétés savantes sont encore dans l’ombre. Au terme d’une guerre violente et fratricide, l’histoire se porta sur les aberrations de la politique coloniale de la France. Les progrès réalisés au cours du siècle précédant l’indépendance restent en grande partie ignorés. En parallèle du patrimoine matériel français, l’Algérie reçut un legs intellectuel considérable. Devenue département français au lendemain de la conquête, la Régence d’Alger et ses territoires du sud étaient peu connus. Civils et militaires entreprirent alors d’en étudier la géographie, l'histoire, d’en améliorer l’état sanitaire et d’en structurer l’agriculture. Des sociétés savantes furent ainsi fondées dès 1845. Identiques à celles de la métropole, leur action s’étendait cependant sur de plus grands espaces. Dans l’urgence de mettre fin à l’état de misère du pays, elles avaient pour tâches d’administrer, éduquer, soigner, fonder une économie moderne.
Cet ouvrage décrit l’histoire de ces sociétés, l’aventure de ces savants de tous bords, civils, militaires ou religieux, épris de leur science et de la beauté de l’Algérie. Leurs travaux conduisirent à des découvertes importantes dans tous les domaines, y compris celui des arts.
Jean-Yves Bertrand Cadi, docteur en droit, magistrat, a vécu une vingtaine d’années en Algérie. Chargé d’enseignement à l’École nationale de la magistrature, il a effectué plusieurs missions de formation dans le monde arabe. Il est l’auteur de deux ouvrages concernant des personnalités musulmanes.
Auteur : BORD Lucien-Jean
Du Xe au XIIIe siècle, la famille de Lusignan en ses diverses branches descendantes d’Hugues Ier le Veneur s’est progressivement élevée au rang de l’une des plus puissantes Maison seigneuriale du Poitou, n’hésitant pas à s’opposer aux Plantagenets, leurs suzerains en tant que ducs d’Aquitaine, puis aux Capétiens. Vaincus par Louis IX, ayant perdu bon nombre de leurs possessions territoriales, ils n’en connurent pas moins une nouvelle ascension sociale grâce à la branche cadette implantée dans le royaume latin de Jérusalem, avec un roi en la personne de Guy de Lusignan (le vaincu de Hattin) et surtout une longue lignée de rois de Chypre qui se prolongea jusqu’au XVe siècle et d’où furent également issus plusieurs rois d’Arménie aux XIIIe et XIVe siècles.
Ce volume ne prétend pas retracer l’histoire événementielle de la Maison de Lusignan mais se penche sur la généalogie et l’héraldique de ces grands feudataires, tant en Occident qu’au Proche-Orient. L’histoire généalogique présente un avantage certain permettant de la considérer comme complétant l’histoire événementielle : elle va s’intéresser à tous les représentants d’un lignage, même les plus obscurs. Quant à l’héraldique, son importance est maintenant pleinement reconnue pour les études des lignages médiévaux : le fait de blasonner et de représenter les armoiries des diverses branches d’une famille et de ses alliances permet, par exemple lors de l’établissement d’une ascendance par quartiers, de visualiser immédiatement les systèmes d’alliances.
Ainsi que l’écrit Martin Aurell dans sa préface : « Fondé sur une abondante bibliographie à jour, le livre de Lucien-Jean Bord sur les Lusignan représente un instrument de travail solide, qui rendra bien des services au chercheur et qui passionnera le généalogiste. »
Vice-président de la Société Mabillon et membre de la New York Academy of Sciences, Lucien-Jean Bord poursuit ses recherches sur la civilisation médiévale dans le cadre de l’ANR / DFG Cœnotur (Universités de Tours et de Hambourg).
Auteur : DIAB-DURANTON Salam, DURANTON Henri
Il n’est guère besoin de vanter l’apport d’Antoine Galland à la tradition des échanges entre Orient et Occident avant la Révolution. Sa traduction des Mille et une Nuits – roman qu’il était le premier à faire connaître au public européen – n’a cessé d’être rééditée du début du xviiie siècle à nos jours. Sur cette réputation universelle et ses nombreux travaux, il fut tacitement admis qu’il était un modèle d’orientaliste et à ce titre maîtrisait parfaitement arabe, turc et persan.
Nous avons voulu le vérifier à partir d’un curieux manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France, et à ce jour jamais exploité. Enregistré sous le titre Supplément turc 1200, il constitue la première étape d’une anthologie de proverbes arabes, turcs et quelques-uns en persan, qui n’a jamais vu le jour.
La double originalité de ce manuscrit, et qui en fait la valeur unique pour les spécialistes, c’est qu’il propose à chaque fois un proverbe arabe, turc ou persan, et la traduction de Galland au-dessous. De la sorte, il permet de tester les aptitudes linguistiques réelles du traducteur des fameuses Mille et une Nuits, ce que de nombreux travaux antérieurs n’avaient pas réussi à faire et également de suivre, sur le vif, un traducteur au travail.
Chemin faisant, l’enquête s’est élargie. La tentative de Galland a été replacée dans une tradition qui remonte à l’époque humaniste. Par ailleurs, elle permet de mieux comprendre le désir novateur de cet érudit d’instaurer un dialogue entre deux univers culturels se rejetant souvent l’un l’autre parce qu’ils ne se connaissaient pas ou très mal.
Salam Diab-Duranton est professeure des universités en Linguistique arabe à l’université Grenoble Alpes. Ses recherches portent principalement sur la lexicographie et la lexicologie de l’arabe standard et dialectal. Ses domaines d’investigation scientifique s’étendent également à la littérature populaire du Mashreq, notamment l’étude des proverbes. Elle a publié aux Éditions Geuthner Proverbes et locutions figées : description et catégorisation et Substitution et créativité lexicales en arabe : compilation, théorisation, restructuration.
Henri Duranton est maître de conférences retraité de l’université Jean-Monnet de Saint-Étienne. Sa participation à l’édition d’Antoine Galland est dans la suite logique de sa publication, en trois volumes, des voyages de Paul Lucas qui fut le contemporain de Galland, et qu’il a dû croiser sur les routes de l’Empire ottoman qu’ils ont tous deux sillonnées.
Nicolas Vatin est historien de l’Empire ottoman, directeur de recherche au CNRS, directeur d’études à l’EPHE, PSL.
Auteur : BOHAS Georges
Pourquoi une traduction du Mufaṣṣal d’al-Zamaḫšarī ? Parce que ce livre « connut une vogue considérable dans l’Orient musulman jusqu’à la fin du xiiie siècle » et il exerça une influence « très importante en Orient arabe et dans le monde iranophone, notamment à travers les commentaires d’Ibn Yaʿīš et d’Ibn al-Ḥājib ainsi que la Kāfiya de ce dernier. L’ouvrage peut être considéré comme la source principale des grands traités classiques. » En outre, al-Zamaḫšarī ne fut pas seulement un grammairien, mais il est également l’auteur d’un véritable thésaurus de la langue arabe intitulé ’Asās al-Balāġa, « La fondation de la rhétorique », et surtout, en tant que théologien, il a composé l’un des plus célèbres commentaires du Coran : al-Kaššāf ʿan ḥaqā’iq al-Tanzīl, « Le livre qui dévoile les vérités de la Révélation ». Enfin, dans le domaine de la littérature il a également brillé par ses Maqāmāt « Sessions ».
Pourquoi une traduction commentée ? Le livre vise à une présentation d’ensemble de la grammaire sous la forme d’un compendium ; du reste, il désigne lui-même son ouvrage comme une introduction. Même pour le public arabe averti une explicitation détaillée est nécessaire : celle d’Ibn Yaʿīš s’étend sur dix volumes dans l’édition du Caire. À plus forte raison le commentaire est indispensable pour le public francophone auquel on s’adresse ici. Le commentaire est intégré à la traduction − en italique et en plus petits caractères pour éviter toute confusion − un peu à la manière des commentateurs arabes médiévaux.
Georges Bohas, du laboratoire ICAR (UMR 5191 CNRS • ENS de Lyon), professeur émérite à l’ENS de Lyon, est membre de l’académie de langue arabe de Damas. Il a publié de nombreux livres et articles sur l’œuvre des grammairiens arabes. Il s’est aussi tourné plus récemment vers les aspects formels du texte coranique, à propos desquels il a publié, en 2021, Les stratégies métriques dans le Coran.
Mustafa Alloush, maître de langue à l’Université Lumière-Lyon 2 et docteur en études arabes, est membre du laboratoire ICAR (UMR 5191 CNRS • ENS de Lyon). Il a publié dans les domaines de la littérature, la civilisation et la linguistique arabe, particulièrement, en 2020, La place des interjections et des onomatopées dans le lexique de l’arabe. Il s’est aussi intéressé à la sociolinguistique dans son livre Al-Taṭawwur al-dilālī fī l-luġa al-ʿarabiyya, (Le changement sémantique dans la langue arabe) (2021) et à l’arabe moyen en éditant et traduisant des manuscrits subsahariens publiés dans Écrire la guerre au Fouta-Djalon (2022).
Auteur : CRÉPIN Denis
Si l’alchimie ne saurait être une science permettant, grâce à quelques recettes, de fabriquer de l’or, c’est véritablement un art sacré. L’adepte qui s’y livre vit une relation de type mystique avec la matière. Il y perçoit la trace du Créateur à travers la mise en évidence d’une présence immatérielle, germe de l’unité, caché dans le chaos. Pour l’alchimiste, l’Œuvre est à la fois travail intérieur, chemin spirituel tortueux vers l’unité et travail extérieur, symbolisé par l’activité en laboratoire qui peut prendre toute forme. La base du processus alchimique où lumière et ténèbres sont complémentaires, est l’union des contraires. La matière est considérée comme un substrat passif qui renferme une puissance agissante, l’âme, miroir du divin, qui sollicite la participation de l’alchimiste au dessein du Créateur.
Cet ouvrage se base sur les écrits des anciens alchimistes, de la Perse et de l’Égypte antique au Moyen-Âge musulman et chrétien. Le processus du Grand Œuvre y est décrit, ainsi que les principes mis en avant dans les écrits : les astres, les quatre éléments, les substances matérielles et les symboles. Une grande place est donnée à l’âme considérée comme une force vitale endormie dans la matière et grâce à ce subtil intermédiaire, l’union des opposés que sont l’esprit et la matière est rendue possible. La totalité, symbiose de l’esprit, de l’âme et du corps, donne alors accès à la Pierre philosophale.
Denis Crépin, docteur vétérinaire, homéopathe, licencié en théologie et médiéviste, est passionné par la recherche historique des cheminements spirituels qui permettent d’ouvrir une brèche pour une meilleure connaissance du mystère de l’être humain. Il a publié aux éditions Geuthner deux ouvrages sur le catharisme : le premier sur son origine Aux sources du catharisme, Genèse et développement d’un mouvement hétérodoxe, en 2014, l’autre sur la réaction de l’Église et sur l’Inquisition Les Frères Prêcheurs et le catharisme albigeois, en 2017.
Auteur : LA MARLE Hubert
Cet essai vise à réparer le départ prématuré d’un grand archéologue, Jean Deshayes, disparu en 1979. Il joignait de manière rare une compétence relative à la Crète minoenne, qu’il avait acquise sur le terrain à Mallia, et celle qu’il a approfondie ensuite sur les sites de l’Iran, particulièrement à Tureng Tepe.
Le cadre de l’ouvrage ne se limite pas à ce que nous enseigne l’archéologie. C’est aussi dans l’esprit des peuples qu’il faut puiser, dans ce corpus extraordinairement foisonnant des mythes persans et des légendes crétoises, dans certains rites venus du fond des âges, et même dans certaines musiques traditionnelles.
Bien sûr, comparaison n’est pas raison. D’autres influences, d’autres sources d’inspiration ont contribué au miracle minoen : la Grèce continentale, les Cyclades, Chypre, l’Anatolie, le Proche-Orient, l’Égypte ont également porté leur lot de contribution culturelle sous différentes facettes. Mais souvent, quand on étudie ces dernières influences, on est frappé par leur caractère somme toute assez récent et limité, si l’on excepte peut-être le rôle des Cyclades.
Le cadre géographique de l’Iran ancien ne se limite pas ici aux frontières actuelles. Il inclut aussi les régions et pays dont la langue relève ou a relevé du groupe iranien, notamment le Kurdistan. Certains regards sur le monde indien seront aussi utiles vu la parenté étroite entre l’Iran ancien et l’Inde védique.
Enfin, on ne saurait se limiter strictement à l’Âge du Bronze : certaines légendes, certains mythes se transmettent, se transforment durant une longue période et leur origine est bien difficile à situer précisément à défaut d’écrit.
Plus que des réponses, ce sont des pistes, des jalons qu’il nous faut redécouvrir entre le monde iranien et l’Europe.
Hubert La Marle, chercheur en épigraphie et linguistique, s’est attaché à l’inventaire et à la lecture des signes syllabiques du linéaire A de Crète minoenne. Ayant publié ses travaux en quatre volumes, complétés par un abrégé et par une édition en anglais, il pose la question d’un lien direct entre la langue minoenne et les langues indo-iraniennes anciennes. Il renouvelle cette approche par une étude des parentés techniques et culturelles entre l’île de Minos et l’Iran ancien.
Auteur :
La Revue des Traditions Musicales (alias Revue des Traditions Musicales des Mondes Arabe et Méditerranéen, RTM) est un périodique scientifique annuel consacré aux traditions monodiques modales vivantes et/ou anciennes d’Asie occidentale et centrale, d’Afrique du Nord et d’Europe, et ce, dans une perspective musicologique générale et transdisciplinaire qui met l’accent sur l’analyse musicale. La RTM est le fruit de la collaboration musicologique entre l’Université Antonine (Liban) et Sorbonne Université et plus particulièrement entre le Centre de Recherche sur les Traditions Musicales (CRTM, www.ua.edu.lb/french/faculte-de-musique-et-musicologie/centre-de-recherche-sur-les-traditions-musicales-crtm), rattaché à la Faculté de Musique et Musicologie de l’Université Antonine, et l’Institut de Recherche en Musicologie (IReMus UMR 8223, France www.iremus.cnrs.fr/). Elle est coéditée par les Éditions de l’Université Antonine (EUA) et les Éditions Geuthner. Elle figure dans les bases de données scientifiques EBSCO, RILM et Manhal.
Le numéro 14 est réalisé
• dans le cadre du Réseau international des musicologies francophones Épistémuse
• avec le soutien de la Direction régionale Moyen-Orient de l’Agence Universitaire de la Francophonie
• avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) – IReMus (Institut de Recherche en Musicologie UMR 8223)
Auteur : DONIKIAN Denis
L’impossibilité d’épuiser un sujet d’histoire aussi imposant que le génocide des Arméniens devait-elle pour autant interdire d’aborder les thématiques essentielles sur lesquelles se sont penchés historiens, penseurs, artistes, juristes et autres qui s’intéressent forcément au fait qu’un peuple puisse se donner pour objectif d’en supprimer un autre ? Le titre seul de Petite encyclopédie du génocide arménien suffit à exprimer l’humilité mais aussi l’ambition qui auront présidé à la synthèse d’une abomination qui dépasse l’entendement. La conception d’une telle entreprise est née du constat que l’acharnement à effacer, par la dénégation, la disparition des Arméniens par un génocide risquait de provoquer une accélération de l’oubli sur un contentieux majeur de l’histoire du xxe siècle : une impunité doublée d’amnésie et de mensonge aura par la suite encouragé d’autres crimes de masse.
L’onde de choc déclenchée par le génocide des Arméniens aura ouvert en cent ans un large spectre d’études et de réflexions dans tous les domaines du savoir. Le temps était venu d’en faire le bilan pour dégager l’ampleur d’une catastrophe qui aura affecté autant les esprits que les institutions et les relations internationales. Mais pour transmettre les données et les leçons d’un phénomène aussi monstrueux encore fallait-il en rendre la complexité abordable. Cette petite encyclopédie se décline sous forme de fiches thématiques, dont la fiabilité s’appuie sur un recours constant à des spécialistes de la question génocidaire et principalement de la question arménienne. Il reste que l’objectif d’un projet aussi sensible ne saurait avoir plus secrète ambition que de contribuer à combattre les obscurantismes qui conduisent immanquablement l’humanité aux dérèglements extrêmes.
Né à Vienne, en France, de parents rescapés des exactions antiarméniennes de 1915-1916 en Turquie ottomane, Denis Donikian a étudié la littérature française et la philosophie à Lyon avant d’effectuer une année universitaire en Arménie et d’enseigner en Ukraine et au Viêt Nam. Engagé dès les années 60 au sein du Centre d'études arméniennes en vue d’une remémoration du génocide subi par les Arméniens, il devait, par la suite, militer en faveur d’un dialogue arméno-turc. Parmi ses ouvrages les plus connus, on peut noter Un Nôtre Pays, Vidures, Marcher en Arménie. D’autres livres (poésie, théâtre, essai, aphorisme) ont été publiés en édition bilingue en Arménie. Derniers ouvrages parus : Les Chevaux Paradjanov, Des cons et de la connerie, L’esprit du corps féminin.
Auteur :
Études linguistiques et littéraires offertes à Jérôme Lentin par ses collègues, élèves et amis
Éditées par
Nadia Comolli, Julien Dufour, Marie-Aimée Germanos
Jérôme Lentin étudie la langue arabe telle qu’elle est pratiquée par les sociétés arabophones d’hier et d’aujourd’hui, au-delà des idées reçues sur la place des différentes variétés de cette langue. Il décrit dans ses travaux la complexité des situations sociolinguistiques en rétablissant une juste perspective, où arabe littéral et arabe dialectal sont deux pôles d’un continuum.
Auteur d’études pionnières et fondatrices qui font aujourd’hui référence, il a initié et formé des générations d’étudiants à la dialectologie et à la linguistique de l’arabe, mais aussi à l’étude du moyen arabe et des variétés mélangées, qu’il a largement contribué à constituer en discipline.
Le présent volume rassemble les travaux que des collègues, élèves et amis ont préparés en son honneur. Il regroupe trente-cinq contributions qui reflètent l’intérêt sans frontières du dédicataire pour l’arabe et sa littérature, ainsi que pour les langues du domaine chamito-sémitique et pour l’italien. Elles nous conduisent de la première moitié du IIe millénaire avant notre ère à l’époque contemporaine, et nous font voyager de la Mauritanie au Yémen, en passant par le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte, la Palestine, le Liban, la Syrie, le golfe Arabo-Persique et même Chypre, l’Italie et l’Espagne.
Auteur :
Ces mélanges sont offerts à Françoise Briquel Chatonnet,
directrice de recherche au CNRS, par ses collègues et amis.
Ils rassemblent des contributions portant sur le monde syriaque.
Dirigé par
Simon Brelaud, Jimmy Daccache, Muriel Debié, Margherita Farina, Flavia Ruani et Émilie Villey
Auteur : Tuchscherer Michel, BOUTROS Nabil
Malgré la guerre et les fléaux qui ne cessent de s’abattre sur le Yémen ces dernières
années, les hammams de Sanaa, anciens et nouveaux, ne désemplissent
pas. Les pratiques balnéaires gardent une vitalité qu’on ne retrouve plus guère
ailleurs. Elles continuent d’être portées par une conception humorale du corps
héritée de la médecine arabe.
On va au hammam pour apaiser l’âme autant que pour revivifier le corps. Une
visite au bain reste indispensable dans tous les rituels sociaux de passage qui
jalonnent les étapes de la vie. Aussi, les pratiques balnéaires y sont-elles revendiquées
comme un véritable « art de vivre » qui contribue à l’identité citadine.
Le hammam, c’est en outre des savoir-faire et des métiers, transmis de génération
en génération, parmi les ammami. Dans la société yéménite, ils restent
relégués au bas de l’échelle sociale car la pratique de leur métier les expose à la
souillure, jugée avilissante.
Cet ouvrage propose une approche à la fois visuelle à travers de multiples photos,
analytique par le fruit de longues enquêtes de terrain, et divertissante par les
dictons, contes et textes littéraires retranscrits dans des encadrés.
Auteur : DAGHER Carole H., PRINCE Myra
À l’heure du centenaire de l’État libanais, voici un ouvrage collectif qui revisite les liens entre le Liban et la France sur le « temps long » de la politique et de la diplomatie, qui questionne les échanges et les transferts culturels et puise au plus profond des sources de l’Histoire contemporaine. Par touches successives et en différents domaines, des morceaux d’histoires se croisent, des amitiés se tissent, des complexités s’élaborent.
Proclamé dans ses frontières actuelles par le général Henri Gouraud le 1er septembre 1920, l’État libanais aurait dû célébrer un autre centenaire : celui de ses acquis, de ses réussites. Cette date aurait dû constituer une célébration nationale. Le constat est celui d’un d’échec, qui relègue le Liban au rang d’État failli, d’État « déquillé ». La liste de ses manquements est longue !
Mais une relation d’amitié, jamais discontinuée, persiste entre le Liban et la France. Il faut lui « reconnaître un caractère exceptionnel et énigmatique. Pourquoi deux peuples s’obstinent- ils à se penser liés par la raison et par le cœur ? Comment l’effort des générations successives a-t-il constamment servi ce lien qui dépasse l’ordinaire diplomatique ou économique, et semble relever de la nécessité ? ».
Des liens et des lieux raconte une aventure collective d’auteurs mobilisés de part et d’autre de la Méditerranée, ouvrage lui-même ferment et témoignage de cette construction fraternelle.
Auteur : GONTY Grégory
études ibadites
Cette collection réunit des études thématiques sur l’ibadisme, courant de l’islam présent à travers des communautés vivant à Oman, Zanzibar, Djebel Nafoussa (Libye), l’île de Djerba et le Mzab (Algérie). Elle s’attache à mettre en lumière la diversité des approches scientifiques, académiques et patrimoniales traitant de ces communautés à travers des perspectives historiques, théologiques et culturelles. La collection comprendra à la fois des inédits et des rééditions scientifiques de textes.
Courant de pensée de l’islam, l’ibadisme est souvent méconnu, ou fait encore l’objet d’ignorance et de jugements a priori. Assimilé à tort au kharijisme, il est le plus souvent mis en marge de l’orthodoxie musulmane. Pour cause, le devenir de la communauté musulmane après la mort du Prophète s’est traduit par les questions tournant autour de sa succession spirituelle et politique. Les dissensions politiques entre musulmans ont trouvé leur apogée lors de la bataille de Ṣiffīn, en l’an 37 de l’Hégire. Elle a opposé ‘Alī, quatrième calife de l’islam et gendre du Prophète à Mu‘āwiya, fondateur de l’ère dynastique omeyyade. Le destin de la umma islamique a irrémédiablement été orienté à partir de l’arbitrage (taḥkīm) entre ces deux protagonistes. Une partie des rangs de ‘Alī, appelée muḥakkima refusant cet arbitrage quitte les rangs. Les ibadites revendiquent l’héritage spirituel et politique de ce groupe.
Mais qu’en est-il au juste ? le kharijisme, courant du groupe (firqa) ayant également quitté les rangs du gendre du Prophète, aurait-il un lien de parenté avec l’ibadisme ? L’ibadisme est-il un courant de l’islam possédant ses propres spécificités, singularités ? Les ibadites ont-ils un patrimoine spirituel, intellectuel et scientifique propre ? Quelle est leur participation et apport à l’histoire de la civilisation islamique ? Quels sont les points communs et divergences avec les autres courants de la pensée islamique, sunnite, imamite, ou autres ? Cet ouvrage se veut être une introduction à l’étude de l’ibadisme, et un éclaircissement quant aux questions et aux incompréhensions dont fait l’objet ce courant de l’islam.
Grégory Gonty est étudiant en sciences islamiques, et membre effectif de l’AIB (Académie Islamique de Bruxelles). Ses recherches sont principalement axées sur la philosophie, l’histoire et les sciences islamiques.
Auteur : HAÏDAR Mazen
Fruit d’une longue enquête de terrain, cet ouvrage reconstitue l’histoire de Beyrouth au siècle dernier, entre 1900 et 1970, à travers l’évolution de la place de la ferronnerie d’art dans son architecture. Plus de mille dessins de garde-corps, de portes d’entrée, de grilles de fenêtres ou de rampes d’escaliers, donnent à la ville son identité visuelle : ces éléments la caractérisent durablement et dévoilent nombre de ses secrets. Quelles sont les sources d’inspiration de ces ouvrages et comment celles-ci ont été localement adaptées ? Par cet inventaire sans précédent, réalisé dans 52 secteurs, c’est à une réflexion sur la valeur d’un patrimoine libanais du xxe siècle, en péril, que ce livre entend contribuer.
Né à Beyrouth, Mazen Haïdar est architecte du patrimoine et chercheur, diplômé des Universités de Rome Sapienza et Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Enseignant dans plusieurs écoles d’architecture au Liban et en France, ses recherches portent notamment sur le patrimoine du xxe siècle et les pratiques d’appropriation des habitants.
Auteur : BLIN Louis
L’iconographie française ancienne de Djeddah rassemblée et commentée dans ce livre par Louis Blin, complète son anthologie des textes français publiés sur cette cité saoudienne, ville d’Ève et port de La Mecque. Djeddah a inspiré les artistes comme elle a captivé les écrivains. On découvrira ici près de mille cartes géographiques, estampes, dessins, photographies et aquarelles. D’une richesse aussi inattendue que celle des écrits, ces documents iconographiques combinent valeurs documentaire et artistique. Méconnus et demeurés dans l’ombre du corpus orientaliste français, ils étonnent et séduisent autant par leur quantité que par leur qualité et la diversité des thèmes et des genres abordés. Ceci leur confère une grande importance pour la connaissance de l’Arabie et du regard français sur cette région. C’est à la découverte d’un pan oublié de la mémoire artistique française et à un somptueux voyage en Orient qu’invite cette anthologie.
Louis Blin, docteur en histoire et arabisant, a été consul général de France à Djeddah de 2012 à 2015. Il a publié de nombreux livres et articles sur le monde arabe contemporain, dont La Découverte de l’Arabie par les Français. Anthologie de textes sur Djeddah, 1697-1939, Geuthner, 2019, 798 p.